Nouhoum Keïta, secrétaire administratif du bureau politique du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi), membre du Comité central, dans l’interview qu’il a accordée à la Newsletter de la Fondation Rosa Luxemburg dans son édition N°9 du mois de juillet 2015, aborde les grandes questions politiques de notre pays : la crise politique et sécuritaire avec notamment les accords d’Alger, la question du changement.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis journaliste de profession. Titulaire d’une licence en sociologie de l’Université Mandé Bukari de Bamako, d’un Master d’ingénierie en action artistique et culturelle (Maac) du Conservatoire des arts et métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté de Bamako. Je me suis engagé très jeune dans l’action politique grâce à l’influence que mon oncle, le Professeur Many Camara, exercera sur moi et bon nombre de jeunes étudiants, cadres et syndicalistes maliens. Le Pr. Many Camara fait partie de cette crème intellectuelle et politique de notre pays qui a été constamment la cible de la répression du régime militaire. C’est elle qui a forgé notre conscience politique, qui nous a donné les armes politique et idéologique, qui nous a inculqué les valeurs morales pour affronter les réalités sociales. Au nombre de ces intellectuels progressistes, il y a feu Pr. Kary Dembélé, le père de la sociologie moderne au Mali, les Professeurs Issa N’Diaye, Yoro Diakité, Cheick Abdoul Pléah Coulibaly, le cinéaste Cheick Oumar Sissoko, leur cadet, Dr. Oumar Mariko.
J’ai aussi connu et côtoyé d’autres figures du mouvement démocratique qui partageaient le même idéal politique que mon oncle et avec lesquels il animait la revue culturelle Jamana, un journal d’éveil des consciences. Il s’agit de l’ancien président de la République, Alpha Oumar Konaré, par ailleurs co-fondateur de cette revue Jamana ; de feu Abdoulaye Barry, de feu Pr. Abdoul Traoré dit Diop et de nombreux syndicalistes enseignants qui fréquentaient mon oncle. Les luttes de résistance multiforme (clandestines et ouvertes) qu’ils ont menées et qui se sont développées dans tout le pays, ont abouti à la chute de la dictature du général Moussa Traoré en mars 1991. Mais, avant le triomphe de l’insurrection populaire au Mali, j’ai été fortement marqué par l’expérience de la révolution du 4 août 1983 au Burkina-Faso sous Thomas Sankara. Je me suis rendu dans ce pays pour connaître les cadres dirigeants de la révolution et mesurer la véritable portée des changements politiques et sociaux en cours. Les immenses espoirs que cette révolution a suscités au Burkina-Faso et dans le reste du continent africain furent anéantis par le coup d’Etat sanglant du 15 octobre 1987 du capitaine Blaise Compaoré. Suffisamment instruit par cette expérience traumatisante, je me suis engagé fermement aux côtés de certains acteurs du mouvement démocratique malien pour rendre irréversible le processus de changement amorcé dans le pays et donner un instrument d’expression et de combat au peuple afin d’élargir davantage les espaces de liberté qu’il a conquis de haute lutte. C’est ainsi que j’ai participé à la création en 1992 de la Radio Kayira dont j’ai été Rédacteur en chef pendant une dizaine d’années, éditorialiste jusqu’à nos jours. Une année après, j’ai intégré le groupe de presse «La Nation» de l’actuel directeur de Cabinet du président de la République du Mali Toumani Djimé Diallo. J’y ai assumé le poste de Rédacteur en Chef chargé des questions d’économie. En 1996, après que la «Nation» a cessé de paraître, j’ai été journaliste pour l’hebdomadaire le «Point», journal d’informations générales. Par la suite, j’ai écrit dans plusieurs autres journaux comme «L’Indépendant», «Nouvel-Horizon», «Sud Info», «La Roue» sur des sujets politiques et sociaux.
J’ai milité dans le mouvement social malien, secrétaire à la communication de la Cad-Mali (Coalition des alternatives africaines Dette et développement) qui fédère plus d’une centaine d’organisations de la société civile malienne qui réclament l’annulation totale et inconditionnelle de la dette du Mali et de tous les pays du tiers-monde. Avant d’adhérer à cette organisation, j’avais parcouru plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique latine pour constituer un front à l’échelle planétaire contre la domination et l’exploitation capitalistes. C’est au nom de cette lutte que j’ai participé en 1999 à Paris, plus précisément à Saint-Denis, à la rencontre de fondation du mouvement ATTAC. Co-fondateur du mouvement Sadi, qui s’est transformé ensuite en parti politique. Secrétaire à la communication pendant plusieurs années. Actuellement, je suis le secrétaire administratif du bureau politique, l’instance de direction du parti, membre du Comité central et du Secrétariat exécutif. Parallèlement à mon engagement politique, je suis membre de l’ARACF/ASFA 21, une association dont l’objectif est d’œuvrer à la défense des populations de la commune de Faléa qui font face à un projet d’implantation d’une mine d’uranium.
Quelle est la situation sécuritaire actuelle au Nord du Mali, par exemple à Kidal?
La situation sécuritaire reste très préoccupante partout dans le Nord. Aucune ville n’est épargnée par l’insécurité. Ni à Gao, ni à Tombouctou, ni à Kidal, ni même à Bamako, la capitale, où la base des casques bleus a été attaquée et où un général de l’armée malienne Ould Mehdou a échappé à un attentat. À la date du 30 mai, les Nations-Unies soulignent que 36 casques bleus de la Minusma ont été tués, 150 blessés. Elles dénombrent près de 80 attaques subies depuis son arrivée sur le sol malien en 2013. Ces attaques s’amplifient de façon inquiétante, notamment dans la région de Kidal, où on signale le retour des jihadistes d’Aqmi, du Mujao et même du Mourabitoun. Signe de cette situation inquiétante : un attentat a visé, le 27 mai dernier, le chef des casques bleus, le Danois Michael Lollesgaard et le chef de la composante Police, le Djiboutien Awalé Abdounasir, au passage de leur convoi dans le Nord du pays. Par ailleurs, entre les mois de janvier et mars de cette année, plusieurs camions de ravitaillement des troupes onusiennes ont été interceptés, brûlés, les chauffeurs exécutés. Des élus ont été assassinés. Les attaques à la roquette se sont multipliées et ont visé certaines grandes villes du Nord comme Gao et Kidal et qui ont fait beaucoup de victimes civiles et militaires. Ce qui a provoqué un exode massif des populations civiles. On estime que plus de 30.000 personnes ont quitté leurs domiciles de crainte d’être tuées. Il y a une situation d’urgence humanitaire à laquelle les organisations qui interviennent dans le Nord ne peuvent plus faire face, puisqu’elles sont elles-mêmes la cible des groupes armés qui prennent en otage leurs équipes ou enlèvent leurs véhicules.
Pourquoi cette montée de l’insécurité ? C’est parce que le Nord du Mali est une zone de transit de stupéfiants en destination de l’Europe. Malgré la présence des soldats français de l’opération Barkhane, des troupes de la Minusma, malgré aussi la surveillance permanente des drones et l’intensification des opérations ciblées menées par les forces spéciales françaises contre des repaires de jihadistes, la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée. Cette insécurité est liée en grande partie au trafic et à la vente des armes, mais surtout de la drogue. À ce sujet, les dernières estimations de l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime, datant de mars 2015, indiquent qu’au moins 18 tonnes de cocaïne transiteraient chaque année dans le Sahel, que la valeur estimée de la marchandise dépasse 1 milliard 100 millions d’euros. En plus, l’ONU estime qu’environ 1000 tonnes de résine de cannabis produits au Maroc traverseraient également le sud saharien pour être revendues 4500 € le kilo au-delà de la Mer rouge. Au mois de janvier, 16kg de methamphétamine ont été saisis à Bamako. La drogue est devenue un véritable enjeu de pouvoir. Cela explique la prolifération de milices armées plus ou moins liées à des cercles d’influence au niveau du pouvoir central, des féodalités locales, des tribus et des clans dans le Nord du pays et qui tentent d’asseoir leur domination et leur contrôle sur les autres composantes ethniques en se posant comme l’unique interlocuteur de l’Etat. Le narcotrafic est assuré par de puissants hommes d’affaires qui en tirent des revenus faramineux. Cela leur permet d’alimenter la guerre entre les groupes armés, d’acheter toutes les complicités jusqu’au haut sommet de l’Etat (gendarmerie, police, armée, justice, institutions), d’acheter les chefs des milices communautaires. Ce sont les chefs des milices qui escortent les cargaisons de drogue, recrutent des guides, des chauffeurs, réorganisent les systèmes de prélèvements du droit de passage qui constitue une source de revenus considérables estimée à plusieurs dizaines de milliers d’euros. Les sources de l’Office des Nations-Unies contre la drogue parlent de plus de 270.000 € en moyenne par mois, soit plus de 177 millions de Fcfa.
Mais, pourquoi l’armée française et les troupes de la Minusma restent-elles passives devant une telle situation inquiétante pour l’avenir même de notre pays ? Parce que la drogue reste un facteur potentiel de déstabilisation dans un contexte géopolitique et géostratégique comme celui du Mali. Il y a une stratégie de contrôle du marché mondial de la drogue qui existe depuis plusieurs décennies. L’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime organisé a révélé qu’en 2009, 1600 milliards de dollars Us, tirés du trafic de la drogue, ont été blanchis à travers les circuits bancaires, soit 2,7% du Pib mondial. Elle ajoute que seul 1% des flux financiers illicites générés par la drogue et le crime organisé est saisi et gelé par les services de répression. Tous les bénéfices de la criminalité en 2009, mis à part les évasions fiscales, s’élèveraient à environ 2100 milliards de dollars Us, soit 3,6% du Pib mondial.70% de cette somme ont été blanchis par le système financier à travers les banques occidentales qui en ont profité très largement ainsi que les services occidentaux de renseignements. Le journal français l’Express, en date du 21 mars 2013, a rapporté qu’en 2010, l’Office des Nations-Unies contre la drogue a affirmé que 18 tonnes de cocaïne avaient transité en Afrique de l’Ouest après un pic de 40 tonnes en 2010. D’autres sources sécuritaires occidentales estiment que la quantité de drogue qui transite en Afrique de l’Ouest avoisine une moyenne annuelle oscillant entre 40 et 80 tonnes. Et qu’en 10 ans, la valeur totale de la cocaïne ayant traversé le Sahara dépasserait les 15 milliards d’euros. Voilà les raisons de cette insécurité dans le Nord du Mali. Je suis très pessimiste. Parce que, face à un tel défi, l’Etat du Mali ne dispose pas de capacités militaires, ni sécuritaires, ni humaines, ni technologiques pour contrer ce phénomène qui constitue une menace à la sécurité même de l’Etat et une entrave au développement du Mali. Au plan sous-régional et régional, il n’y a aucun appui. Même l’accord de défense qu’il a signé avec la France ne lui apportera aucune solution à court, à moyen et long terme.
Parlez-nous des pourparlers de paix. Quelles sont les revendications du Mnla ? Où est-ce que cela coince ? Quelle est votre avis sur les négociations menées par Alger ?
Ces pourparlers de paix se sont déroulés sous le contrôle de la communauté internationale qui en a fixé les conditions de son déroulement ainsi que la date limite pour la signature de l’accord. La communauté internationale a exclu les Maliens dans la recherche d’une solution autonome à la grave crise que connaît le Mali depuis trois ans. L’Assemblée nationale qui est l’un des piliers de notre démocratie a été ignorée, son avis n’a pas été demandé avant la signature de l’accord à Alger. Certains groupes, considérés comme terroristes, ont été exclus. Aqmi, les Mourabitoun, la tendance d’Iyad Ag Ghaly. Ces négociations ont réuni plusieurs acteurs aux objectifs et aux intérêts politiques et stratégiques différents. D’un côté, il y avait le gouvernement du Mali, ses alliés objectifs que sont les groupes anti-indépendantistes ou «pro-Mali» réunis dans la Plate-forme qui regroupe le Ganda Izo, le Ganda Koy, la Cpa (Coalition des peuples de l’Azawad), le Mouvement arabe de l’Azawad (Maa branche dissidente) et la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (Cmfpr). De l’autre côté, les «pro-indépendantistes» réunis au sein de la Coordination des mouvements de l’Azawad qui compte le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (Hcua), le Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), le Mouvement arabe de l’Azawad (Maa). À côté de ces deux camps, il y a la médiation qui compte l’Algérie, le Burkina-Faso, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, la Cédéao, les Nations-Unies, l’Organisation de la coopération islamique (Oci), l’Union africaine, l’Union européenne. Sans oublier la France et les Etats-Unis. Pendant plusieurs mois, les discussions menées au forceps n’ont pas permis d’arriver à une issue heureuse pour toutes les parties. Le gouvernement du Mali a évoqué les pressions multiples qui ont été exercées sur lui et le refus de la médiation à prendre en compte les amendements qu’il a proposés au pré-accord. Du côté des groupes armés, on se plaint également que les amendements proposés ont été superbement ignorés. Il est difficile aujourd’hui de dire avec précision quelles sont les revendications du Mnla. Là, on ne peut pas parler spécifiquement du Mnla parce qu’il se trouve dans la Coordination des mouvements de l’Azawad (Cma). Son poids militaire est très insignifiant par rapport aux autres composantes comme le Hcua (Haut conseil pour l’unité de l’Azawad). Le Mnla a le leadership politique de la Coordination des mouvements de l’Azawad et c’est lui, à travers Bilal Ag Achérif, qui pose leurs revendications. Pour l’essentiel, ces revendications portent sur l’autonomie des régions du Nord ou la transformation du Mali en une fédération. C’est ce qui explique leur refus de parapher l’accord le 1er mars dernier, alors que le gouvernement du Mali et ses alliés l’ont fait. Seules, deux personnalités de la Coordination des mouvements de l’Azawad l’ont paraphé : Mohamed Ousmane Ag Mohamedoun de la Cpa (Coalition des peuples de l’Azawad) qui est une scission du Mnla et Younoussa Touré de la Cmfpr 2 (Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance). Il a fallu beaucoup de pression pour que la Cma accepte de parapher le pré-accord le 14 mai à Alger, tout en refusant de participer à la signature officielle de l’accord pour la paix le lendemain à Bamako. Pour la Cma, le paraphe du pré-accord et la signature de l’accord pour la paix sont deux actes distincts. Et comme on le verra par la suite, la signature de l’accord pour la paix le 15 mai à Bamako, en l’absence de la Coordination, n’a pas ramené la paix. Le jour de la signature, des combats meurtriers ont eu lieu entre le Gatia et la Cma à Ménaka, d’autres ont eu lieu par la suite à Goundam et Diré. La communauté internationale craint un embrasement général aux conséquences imprévisibles. C’est pourquoi l’Algérie a tenté de relancer de nouvelles discussions entre l’Etat du Mali et les groupes armés. Officiellement, on parlait de modalités concrètes de mise en œuvre de l’accord, de l’urgence de parvenir à la cessation des hostilités tout en écartant toute possibilité de renégocier les termes de l’accord du 15 mai.
Hormis les questions de sécurité, quels sont les principaux défis auxquels les citoyens maliens font face?
Le Mali est occupé militairement, mis sous tutelle politique, encadré sur le plan institutionnel et même dans sa gestion administrative. Une réforme institutionnelle et administrative lui a été imposée, conséquence logique des accords de paix du 15 mai. Ces accords posent les bases du démantèlement et de l’émiettement du pays en plusieurs régions autonomes. Dans ces conditions, c’est la porte ouverte à l’accaparement effréné de toutes les ressources naturelles, minières, énergétiques, au pillage accéléré et à la destruction complète des territoires et patrimoines. Le parti Sadi, qui a perçu tôt les menaces qui guettent le pays, a lancé une initiative politique en direction de la Cma, de l’Etat du Mali, des forces politiques et syndicales pour se retrouver très rapidement. L’enjeu fondamental est la question de la souveraineté du Mali. Pour le parti Sadi, il faut constituer un front patriotique de résistance pour sortir de ce piège mortel, organiser les concertations nationales, récupérer la marche historique de notre pays, construire un imaginaire collectif en rupture avec l’ordre néocolonial, aller vers la construction d’un projet collectif nouveau et de son pouvoir correspondant. Tout cela doit avoir comme socle la création d’un nouvel Etat. Il s’agit d’un défi colossal dont très peu de forces politiques au Mali perçoivent l’importance.
Pour moi, il est illusoire de croire que les accords de paix vont mettre fin aux angoisses des Maliens s’ils occultent la question de l’Etat. Quel type d’Etat nous devons bâtir désormais à la lumière de la catastrophe que nous sommes en train de vivre ? Nous ne voulons plus d’un Etat néocolonial, d’un Etat prébendier qui fait recours de façon systématique à l’aide étrangère et qui permet aux institutions financières internationales et certaines puissances néocoloniales de réorganiser en permanence dans notre pays, grâce à la fraude électorale et à la démocratie censitaire, la prise du pouvoir d’Etat. Cette prise du pouvoir se fait sur la base d’une alliance entre la bourgeoisie réactionnaire et corrompue et une caste de privilégiés. Elle exclut l’immense majorité de notre peuple, les forces progressistes, les ouvriers, les syndicats…À travers cette alliance, s’opère le vol organisé du peuple. Fatalement, un Etat qui est le produit de cette alliance, n’est pas capable de jouer son rôle historique. Il devient un Etat faible, un Etat impotent. Il paiera toujours la rançon de la dépendance vis-à-vis de l’étranger, gérera l’instabilité, perdra tous ses rôles et fonctions classiques d’orientation, de conception, de pilotage, de coordination et de mise en œuvre, d’impulsion de l’économie nationale. À mon avis, le défi actuel que les Maliens doivent relever, est de construire un Etat nouveau, de poser les bases d’un développement autonome, de mettre en place des procédures démocratiques nouvelles, des hommes nouveaux, un système démocratique qui donne tout le pouvoir au peuple. C’est la condition préalable pour créer un Etat souverain qui préserve l’unité, l’intégrité territoriale et la cohésion nationale et qui est capable de mettre en échec les ingérences extérieures.
Quelle est l’attitude des Maliens vis-à-vis d’IBK surtout après le récent scandale éventé par Mediapart?
Les Maliens ont eu droit à une grande publicité tapageuse autour de ce scandale. En fait, Mediapart n’a fait que réchauffer le plat que le journal Le Monde leur avait servi auparavant en 2014. Tout le monde en a raffolé à Bamako. Les médias locaux s’en sont fait les gorges chaudes. Les adversaires et alliés du président se sont affrontés et ont fait assaut d’exemplarité pour montrer comment on sauve la morale publique. Mais, cette fois-ci, c’est le moment choisi par Mediapart pour faire sa «révélation» qui paraît pour le moins suspect. Personnellement, j’ai beaucoup de respect pour ce journal. Mais franchement, lorsque l’on voit l’état actuel des relations entre IBK et la France et surtout lorsqu’on sait qu’il est maintenu dans un chantage franchement odieux et ignoble, on comprend que cette «révélation» n’a entraîné aucune réaction d’hostilité dans l’opinion publique nationale. Pour beaucoup de Maliens, il s’agit en fait d’une simple diversion destinée à les détourner de leurs préoccupations essentielles. Je ne cherche pas à disculper IBK. Je ne suis pas son avocat. Mais, je vous rapporte de manière objective le sentiment de l’immense majorité des Maliens.
Pour vous, quel est le bilan d’IBK jusque-là?
Il me paraît trop tôt de tirer un bilan. Mais il est indéniable que le changement tarde à venir. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a-t-il perdu l’initiative ? Son indécision, son enfermement et son éloignement du peuple et des forces du changement le fragilisent davantage et lui ôtent toute marge de manœuvre devant la communauté internationale qui lui en impose chaque jour. Il doit se ressaisir vite pour poser les bases d’une rupture avec le passé et honorer le contrat de confiance qu’il a signé avec son peuple. Il doit organiser les concertations nationales qui n’ont pas pour objectif de remettre en cause son pouvoir. Mais pour ouvrir l’avenir. Il ne doit plus attendre, car le temps joue contre lui.
Quelque chose d’autre à dire?
Vous remercier pour l’intérêt que vous manifestez pour mon pays. Il est temps que les Maliens sortent enfin de leurs illusions. En ces moments décisifs pour l’avenir et l’histoire de notre nation, nous devons être vigilants pour barrer la route aux dirigeants qui cherchent à envoûter notre peuple, à le dissoudre dans l’émotion et dans la confusion. Il faut politiser le peuple, rendre la nation globale présente à chaque citoyen malien, en faisant de l’expérience de la nation, l’expérience de chaque citoyen malien. Je sais que c’est une tâche extrêmement difficile dans le contexte du Mali. Mais il faut d’abord éclairer l’effort populaire, illuminer le travail du peuple à travers l’éducation des masses, l’élévation de leur pensée, leur formation politique et idéologique. Frantz Fanon disait qu’un peuple digne, qui est conscient de sa dignité, comprend qu’il y a une équivalence logique entre la dignité et la souveraineté. C’est une logique dialectique que nous comprenons parfaitement au parti Sadi. C’est pourquoi, nous continuons à nous battre. Aucun pays ne viendra nous libérer. Une liberté donnée et reçue sera toujours une liberté sous condition. Je vous remercie.
Propos recueillis par James WALLEN
De quels Maliens exclus parle ce Nouhoum ? Pense-t-il que c’est lui ? Il est temps que lui et son mentor MARIKO reviennent sur terre et retiennent une fois pour toutes que les autorités élues nous suffisent et que la gestion des affaires publiques du Mali ne saurait être collégiale . (Baba)
Toujours la faute des autres
Merci Keita de votre bonne analyse de la situation Malienne qui prive le sommeil au Maliens/Maliennes de la diaspora. Les Maliens/Maliennes qu’ils soient de la rebellion ou non, cette destruction du Mali ne sera profitable de personne sauf aux seuls imperialistes qui sont entrain de tout faire pour trouver une maniere facile de mettre la main sur toutes les ressouces naturelles du Mali. C’est en redonnant le pouvoir en des localites regionales comme ils proposent comme solution qui va leur permettre de monopoliser toutes les ressources. Le raisonnement est tres simple car en negociant avec chaque pouvoir local separement, les imperialistes ont plus d’opportunites de monopoliser les differentes ressources que de negocier avec un pouvoir central qui ne va pas negocier les differentses roussources avec un pays ou les memes pays. Alors que quand le pays est divise en petite regions autonomes, ces memes imperialistes peuvent faire pression sur ces differentes regions a travers la manipulation ou la menances pour controler les ressouces. De ce fait, aulieu que le pays ait differents partenaires pour differentes ressources, il va finir avec le meme ou les memes partenaires qui ont toujours exploites, manipules, implantes la corruption partout dans le pays. C’est des risques de la sorte que le parti SADI n’a jamais cesse d’attirer l’attention des Maliens/Maliennes. S’il y a un parti politique de ce nom aujourd’hui au Mali et qui se soucie du devenir des Maliens/Maliennes, il ne peut etre que le SADI. C’est le seul parti au Mali qui a predit ce catastrophe prepare par les imperialistes contre Mali et qui a pousse les Maliens/Maliennes a dejouer ce complot. Comme Keita l’a dit, les Maliens/Maliennes doivent se donner la main pour resoudre leur propre probleme, et si la division est une bonne solution pourquoi ces memes imperialistes font tout pour rester souder. Ils comprendre que c’est a travers cette solidarites entre les imperialistes qu’ils sont parvenus a etablir l’esclavage, la colonisation et l’exploitation des ressources Africaines et voire mondiales. Les imperialistes se sont soudes en bande pour piller, d’estabiliser et maintenir l’Afrique dans un etat de dependance eternelle. Encore, cette solution imposee aux Maliens/Maliennes comme solution a leur probleme, qui est d’ailleurs cree par eux memes, n’est qu’un trou sans fin pour les Maliens/Maliennes, une bombe a retardement et un outil d’auto destruction.
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