Niaga Diop est le second vice-président du bureau national des jeunes du PACP. Proche collaborateur de Yeah Samaké, l’actualité du Mali ne l’échappe aucunement depuis la Chine où il évolue. Boycott Orange, terrorisme, perspectives du PACP, Niaga Diop déballe tout dans cet entretien.
Le Point : Le boycott d’Orange-Mali du 1er décembre ne vous a pas laissé indifférent. Quelles sont vos observations?
Niaga Diop : Concernant ce boycott, j’ai eu à afficher mon soutien indéfectible au mouvement sur les réseaux sociaux. Je suis de ce fait en contact régulier avec l’un des leaders de la Plate-forme Méritocratie, Diawara Mao, dont le mouvement joue un rôle de choix dans ce boycott. Mes conseils et encouragements ne leur font pas défaut. Sans m’en enorgueillir, j’ai une audience sur les réseaux sociaux. Et parmi cette audience, des Maliens de la diaspora me font part de leur soutien à ce boycott. Et s’il le faut, ils sont prêts à reconsidérer d’autres offres de partenariat en dehors d’Orange. Ce boycott a commencé sur les réseaux sociaux et un nouveau sentiment dans la conscience politique et sociale de la jeunesse malienne est en train de naître. Nous sommes en train d’avoir petit à petit notre “balai citoyen” et notre “Y en a marre”. Le risque individuel de certains fossoyeurs, ceux qui vivent au crochet d’Orange-Mali, ne saura devenir en aucune manière un risque collectif. Ce boycott est une lutte qui profitera à tout le monde. Il faut qu’Orange baisse ses tarifs sur les appels, les SMS, les frais Orange-Money et surtout, la connexion internet mobile.
Le Gouvernement doit libéraliser, comme il se doit, ce secteur. La concurrence doit être mise en œuvre. Un troisième et un quatrième opérateurs téléphoniques doivent voir le jour. En France, Orange vient d’être condamnée pour abus de position dominante, alors, que nos dirigeants jouent leur rôle ! J’interpelle le ministre de l’Économie numérique de l’information et de la Communication, qui est mieux placé pour comprendre cette situation. Il a une occasion capitale pour montrer qu’il dirige pour servir. Encore une fois, je salue cet élan de mobilisation de notre jeunesse.
Il ya aussi la polémique sur les propos de Mahmoud Dicko. Comment cela est apprécié dans votre zone ?
Mahmoud Dicko a fait une déclaration en tenant compte de sa posture de chef religieux. La polémique qui s’en est suivie entre le cadre de la volonté des uns et des autres à éviter à notre pays un triste sort des plus alarmants. Cependant, il faut que nous ne nous laissions pas nous diviser entre nous-mêmes. Nous connaissons tous nos ennemis : ce sont les groupes terroristes qui continuent de sévir par de lâches attaques. L’ennemi ne cherche qu’une brèche pour s’y fondre. Ne leur donnons pas cette occasion. Les politiques, les religieux et d’autres corps doivent jouer leur rôle dans la sauvegarde des valeurs constitutionnelles qui nous régissent. Rien ne doit aller au-delà de nos textes fondamentaux. Chacun a son rôle dans cette sauvegarde.
Pouvez-vous nous éclairer le slogan du PACP et aussi celui de la campagne présidentielle ? «Tourner la page» est-il encore un slogan d’actualité avec la nomination de Yéah Samaké comme ambassadeur ?
Le slogan reconnu dans les textes, à savoir, les statuts et règlement intérieur du PACP, est le suivant : «Unis, nous gagnons ; divisés, nous perdons tous». J’espère que vous ne faites pas allusion à notre slogan pour la campagne présidentielle. Ce Slogan du parti guide nos actions dans la vie politique malienne actuellement. Nous sommes convaincus que seule l’union dans la différence fera gagner le Mali. Nous pouvons être en désaccord de façon idéologique, mais cela ne doit pas être une source de division, de fracture sociale. Nous ne sommes pas des ennemis, mais des adversaires. Voilà ce que sous-entend notre slogan. C’est ce qui explique la rencontre entre Majorité et Opposition qui s’est tenue au CICB. Notre slogan de campagne était le suivant : «Tourner la page de 20 ans de mauvaise gestion de la chose -État- . Cela voudrait dire qu’il faut nécessairement changer tout ce qui causait les souffrances du Mali (vieille classe politique, mauvaise gouvernance, corruption, injustice sociale, manque d’autorité de l’État, mauvaise éducation dans les espaces scolaires et universitaires liée à l’inconscience professionnelle…
Ibrahim Boubacar Kéïta et Soumaïla Cissé étant les candidats qualifiés pour le second tour, ne répondaient aucunement à notre ligne politique. C’était la continuité dans le changement. Alors, le PACP a décidé de rester fidèle à sa vision et de choisir la Nation, au lieu de suivre des gens qui ont contribué à l’échec du renouveau malien. C’est en tout état de cause que nous avons refusé de soutenir un candidat au second tour. Le peuple malien a fait son choix et nous l’avons respecté en tant que démocrates. La nomination de Yéah Samaké ne nous rompt en rien avec notre slogan de campagne. Cette nomination est une nomination personnelle. IBK a fait confiance à un homme dont les qualités personnelles peuvent vraiment servir le Mali. Le PACP a pris acte de cette nomination. Le parti est dirigé actuellement par les vice-présidents, dont Me Amadou Tiéoulé Diarra.
Qu’est ce qui vous a motivé à rallier son Excellence Yeah Samaké ?
Personnellement, il est difficile pour moi de parler, en bref, de cet Homme, car on pourrait passer toute une journée pour cela. Niankoro Yeah Samaké est un Leader de la nouvelle classe politique malienne. Ayant fait ses études supérieures aux États-Unis, il s’éprend pour l’éducation de ses concitoyens. C’est à travers les résultats acquis, qu’il a été sollicité pour être Maire de Ouélessébougou. Et, il a fait les beaux jours de cette commune jusqu’à ce qu’il soit nommé Ambassadeur du Mali en Inde. En un mot, Yeah est un entrepreneur social et un homme politique, et je me retrouve en cette façon de faire la politique autrement. Je ne suis pas le seul, car les adhésions ne font que crouler sur le bureau de la permanence du PACP.
Parlant d’éducation, on a une école en construction à Fala, alors qu’à Kolondiéba, une autre et un dortoir pour 3 enseignants viennent de s’achever. Ne pensez-vous pas qu’étant en Inde, S.E Samaké a laissé du champ à ses adversaires politiques ?
En effet, c’est une énième école à son actif. Yéah Samaké a laissé un des bilans les plus élogieux à Ouélessébougou. Ses adversaires politiques sont mêmes en admiration. Yéah Samaké a laissé derrière lui un parti qui est en train de faire peur aux caciques de la vie politique malienne. Nous avons une machine qui ne cesse d’enregistrer les adhésions quantitatives et qualitatives dont la plus illustre d’entre elles est celle de Me Amadou Tiéoulé Diarra. Alors, soyez rassuré, nous n’avons rien à craindre. Nous grandissons dans l’optimisme.
En dehors des campagnes électorales, comment gardez-vous le contact avec les jeunes?
Sachez qu’au PACP, la majorité de nos candidats aux différentes élections sont des jeunes. Nous avons une méthode que nous appelons «PAA» : Penser, Anticiper et Agir, pour le développement durable du Mali. Le PACP va miser sur le long terme: Penser, Anticiper et Construire dans la durée. La sauvegarde de l’intérêt général et la transcendance des intérêts particuliers constitueront le fondement de ses actes. Cette vision du Mali sera renforcée au quotidien par le PACP. Nous organisons des fora d’écoute qui sont animés fréquemment par les structures du parti, à savoir, les Comités, les Sous-sections, les Sections et les Coordinations. Les conclusions sont remontées jusqu’à Bamako au niveau du Bureau Exécutif National du PACP. À cet effet, une Cellule prend la relève pour une mise en application des conclusions issues de ces auditions. Nous voulons inspirer les maliens à travers ce slogan : «Diriger, c’est servir» de Niankoro Yéah Samaké.
Vous êtes en Chine pour les études universitaires de Master. Comment se passe votre
cursus universitaire ?
En effet, je suis un Master en Droit de l’environnement. Je suis à ma deuxième année. Je vais rédiger un Mémoire portant sur la création d’un régime légal de promotion des Energies Renouvelables (ER) au Mali. Le Mali a de fortes potentialités en ER. Cependant, seulement 1 à 5% sont utilisés dans notre consommation énergétique. Ce n’est pas normal. Nous pouvons accélérer notre développement durable avec la création de nombreux emplois, si nous faisons le pari des ER. Hélas ! Le pire, c’est qu’il n’existe pas au Mali un cadre juridique spécifique aux ER pour encourager et prioriser ce secteur d’avenir. Mon Mémoire vise à montrer comment avoir ce cadre juridique pour soutenir les nombreuses politiques qui existent déjà dans ce secteur.
Idrissa Keita