L’Inter de Bamako : Monsieur le président, on parle de vous comme futur 2ème vice président du Haut Conseil proposé par Dioncounda Traoré. Que pensez-vous de cette proposition ?
Moussa Mary Balla Coulibaly : Il s’agit plutôt de la pensée de certains qui s’expriment. Nous sommes dans un pays où la presse est libre. Elle porte des jugements et fait des suggestions. Quant à moi, personnellement, je n’ai jamais été contacté par une autorité quelconque pour me faire une telle proposition. Donc, tout comme vous, j’ai pris connaissance de cette information dans la presse. En guise de réponse, je crois que tout Malien doit être disponible pour apporter des solutions aux problèmes qui se posent à notre pays.
L’Inter de Bamako : Vous avez parlé de solutions aux problèmes du pays. Que proposez-vous pour une sortie de crise sociopolitique ?
Moussa Mary Balla Coulibaly : Vous savez, dans ces derniers temps, je me suis donné l’occasion de m’exprimer dans la presse à travers plusieurs écrits dans des journaux qui ont eu la gentillesse de m’interviewer et dans des articles dont moi-même a été l’initiateur. Je pense que la vérité est que notre pays est en guerre. Il faut que cela soit accepté par tous les Maliens et que tous les Maliens agissent en conséquence. De quoi s’agit- il ? J’avais proposé qu’on mette en place des brigades d’auto défense. J’avais donné le nom de brigade populaire pour harceler les occupants en attendant que notre armée nationale soit en mesure de bouter les occupants hors du Mali.
Le gouvernement doit aider les brigades nationales et la garde nationale doit les former aux actions guerrières. Vous savez, il y a des moments dans la vie d’une Nation où la meilleure défense est la brigade d’auto défense. Non pas pour le Nord seulement, mais aussi pour tous le pays. D’ailleurs, ça déjà commencé. Et après, l’appui de nos frères africains et des Nations unies donnera les moyens à l’armée nationale de réoccuper tout le territoire national une bonne fois pour tous. Voila ce que je pense.
Et il ya un événement qui m’a marqué. Il semblerait que les Maliens sont d’accord pour que Dioncounda soit leur président de transition. Et visiblement depuis son retour, il semblerait qu’il a eu un ralliement total depuis qu’il a fait ses propositions. Je pense que ce sont des propositions concrètes, raisonnables, nationalistes et acceptables par tous les Maliens.
Nous avons tous entendu le capitaine Sanogo dire qu’il vient accueillir son président qui est le président de tous les Maliens, ça c’est une prise de position très importante, quand on sait l’influence de cet homme sur l’armée malienne. Je crois qu’on est sur bonne voie et qu’il faut consolider cette démarche. Maintenant, il faut qu’on arrête les va et vient des groupes et des meetings pour aller à l’essentiel.
L’Inter de Bamako : La CEDEAO compte envoyer des troupes, l’armée malienne s’oppose, mais elle préfère plutôt de la logistique et des armes. Comment appréciez- vous ce malentendu ?
Moussa Mary Balla Coulibaly : Je pense que ce n’est pas contradictoire. L’armée malienne, qu’on le veuille ou non, a été détruite, c’est pour cela, dès le début, j’avais dit que je ne comprenais pas la réaction de ces jeunes gens pour perpétuer ce putsch. Nos soldats ont été humiliés au Nord, eux même reconnaissent qu’ils n’ont pas les moyens pour récupérer le Nord. Donc, il faut les réarmer, l’équipement seulement ne fait pas l’armée. Il faudrait réorganiser les hommes, les rendre plus compétents pour utiliser les équipements qui vont venir.
S’agissant de l’aide de nos frères de l’Afrique de l’Ouest, ce n’est pas une honte qu’ils nous aident. Notre armée a eu à aider beaucoup d’Etats qui étaient en difficulté. L’outil essentiel de reconquête du Nord est l’armée. Il faut qu’on accepte aujourd’hui qu’elle soit appuyée, aidée dans la formation des hommes. Il faut que les Maliens cessent de dire que la CEDEAO viendra libérer le Mali. Si elle arrive, c’est parce que nous n’avons pas pu nous tenir à la responsabilité de l’Etat.
Je n’éprouve aucune honte à ce que les pays de l’Afrique nous viennent en aide. Au Nord, des Maliens du MNLA ont dit qu’ils veulent leur indépendance et ont été dégagés par des troupes étrangères, des islamistes et autres djahadistes de toutes nationalités. La dimension du problème malien est internationale. Nous avons vu le cas du Liberia et en Côte d’ivoire, où il y avait l’ONU. Le problème malien intéresse le monde entier. La preuve : les djahadistes ont organisé un marché pour prendre en otage les étrangers et les échanger contre des rançons. Ce ne sont pas des Maliens qu’ils prennent parce que nous n’avons pas des millions de dollars à leur donner. La situation au Nord a un aspect intérieur et extérieur. Ce que les Maliens doivent comprendre, c’est que l’erreur à été de laisser ces djahadistes s’implanter au Mali.
Les gens d’AQMI sont des Algériens. Ils se sont installés au Nord parce qu’ils ont été matés par les Algériens. Nous n’avons pas eu les réactions nécessaires. Et puis, le cas de la Libye quand le gouvernement a accepté d’aller les accueillir avec leurs armes et même leur remettre de l’argent sous forme d’aide financière pour leur installation. A partir de ce moment, il fallait s’attendre à tout.
L’histoire du Mali jugera ces gens au moment importun. Les politiciens- chercheurs de place peuvent mettre de coté leur ambition pour le moment et faire face au problème essentiel : chasser les occupants du Nord. Entre devenir ministre et l’intérêt supérieur de la Nation, il faut choisir.
L’Inter de Bamako : Au Nord actuellement, c’est l’application de la charia, on coupe les bras, on lapide, comment voyez- vous tout ça ?
Moussa Mary Balla Coulibaly : Bon, c’est la pire des choses qui nous arrive. Ces djihadistes oublient qu’au Mali, on a été musulman des siècles et des siècles. Les mausolées, ce sont des gens qui ont été à la Mecque depuis des siècles. Même l’empereur du Mali, Kankou Moussa a été au pèlerinage. Tous les Etats qui ont été construit sur ces ères géographiques ont respecté la liberté de culte et ont respecté les hommes de culte. Donc, il ne faut pas confondre la gestion de l’Etat et la religion
Il n’y a jamais eu de problème ici en matière de religion. Le Mali est à 90% musulman, pour être modeste, cela ne nous empêche pas de vivre en toute intelligence avec nos frères chrétiens et même s’il reste encore quelques populations qui sont restées animistes. Pourquoi aujourd’hui, des extrémistes veulent nous amener des problèmes religieux. La religion est avant tout une affaire de conviction et la croyance est personnelle et après on vient à la société. Et c’est par la persuasion que les choses peuvent se faire. Personne ne peut obliger quelqu’un à devenir musulman, chrétien ou autre. Tu nais dans une famille de musulman, on te dit comment il faut faire pour être musulman mais c’est à toi de choisir ce que tu veux.
Ils sont entrain de nous amener des perceptions moyenâgeuses du musulman. Comment on peut détruire les mausolées de grandes personnalités soit disant que cela n’est pas accepté par l’islam. Les musulmans, qui ont la chance d’aller à la Mecque, ont pus constater, qu’il y a le tombeau du prophète Mohamed (PSL), dans la mosquée de Médine. Peuvent- ils avoir la prétention de profaner le monument de l’islam ? Est-ce qu’on peut aller à la Mecque sans aller voir le tombeau de Mohamed alors que cela ne fait pas partie obligatoirement des rites du pèlerinage.
Ça ce n’est pas de l’idolâtrie, ces djihadistes veulent dominer le monde, tout ça c’est pour le pouvoir d’Etat et le pouvoir de l’argent. La preuve, dans le nord du Mali, ils s’adonnent à toutes sortes de trafics, les drogues, les prises d’otages ne font pas partie de la religion. Le Nord du Mali est devenu la zone de regroupement pour tous les trafiquants et autres bandits de grand chemin recherchés dans leur pays d’origine et le monde entier. Ce sont des gens qui alimentent et vivent de troubles. Ils prennent des gens ici et là ils les monnayent et vivent de ça. Nous devons être conscients que le Mali est une grande nation.
Une Nation qui s’est construite au fil des siècles ; il faut qu’on comprenne et qu’on accepte nos propres valeurs qui nous permettent d’avoir un Etat stable et solide. Tout cela nous est arrivé parce que ceux qui étaient à la tête de l’Etat se sont laissés aller dans des histoires qui n’ont rien à voir avec les intérêts réels du pays. Sinon comment comprendre que le président Amadou Toumani Touré se porte négociateur entre les preneurs d’otages et d’autres pays. Est-ce que c’est le rôle d’un chef d’Etat de jouer à ce jeu sous prétexte que c’est humanitaire et patati patata.
L’Etat malien a fermé les yeux en laissant ces djihadistes s’implanter chez nous pendant des années parce que l’Algérie les a frappés et on les a laissés prospérer. Pendant tout ce temps là, ils vont, ils viennent et prennent les gens et on amène les rançons à Koulouba et ils viennent prendre l’argent pour partir. Et pendant ce temps nos hommes politiques étaient bien là.
Aujourd’hui, il faut oublier nos querelles internes et l’histoire va trouver remède à ça. Mais pour le moment il faut sauver le pays. Nos frères et sœurs qui sont là-bas souffrent énormément. On coupe les bras, on lapide à coups de pierres. Maintenant, ils disent qu’il faut aller à la mosquée à chaque prière comme si nous étions au temps du prophète où l’activité principale était la prière et la guerre sainte afin d’implanter la religion. Mais aujourd’hui, nous devons faire autre chose pour pouvoir mieux vivre.
Je pense que les uns et les autres doivent bien réfléchir à tout ce qui est en train d’arriver et avoir comme seul objectif la sauvegarde de notre dignité. La vérité est que s’il existe des nations dans cette partie de l’Afrique, le Mali en est une. Le Mali est une vraie nation. Ce qui se passe au nord du Mali nous concerne tous. Il y a des liens forts qui unissent Sonrai, Bambara, Peuls, etc. Presque dans toutes les familles à Bamako, il y a des ressortissants du Nord, parce qu’il y a des liens de mariage, etc.
L’Inter de Bamako : Que devient le président Moussa Balla après son départ du CNPM?
Moussa Mary Balla Coulibaly : Je deviens rien, je suis en retraite et je m’occupe de mes affaires parce qu’il faut vivre. Il faut pouvoir faire face à ces besoins. Je suis là, j’ai des enfants, des affaires, je les aide à les gérer. Je lis beaucoup. Il faut bien se nourrir parce que c’est ça d’abord l’important.
L’Inter de Bamako : A quand votre mémoire ?
Moussa Mary Balla Coulibaly : En guise de mémoire j’ai fait un petit essai intitulé «Le Mali La Nation trahie», qui sera bientôt distribué aux élèves dans les facultés, les lycées et les grandes écoles.
Propos recueillis par Mohamed DIAKITE
MOIS MES PENSAIS ÉTAIT SUR LUI AVANT LE COÛT ETAT POUR ASSURER LA PRÉSIDENCE DE LA TRANSITION SANS ATT CE QUI SE PRÉCISAIS ET PAFF SE MALHEUREUX COÛT D’ETAT EST VENUE TOUS GÂCHER LE PAYS EST PARTI EN L’AIR
C’est tout ce qu’on demande à nos hommes politiques. Ceci est un exemple de sagesse. Que Dieu soit du côté des véridiques. Amina
Moussa Mary tu est une fierte pour cette nation
Que le bon Dieux te donne une longue vie
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