Actuel maire de la commune IV de Bamako, Moussa Mara est expert-comptable de formation et a fait de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. C’est ce que ce jeune politique de 38 ans affirme déjà mettre en œuvre dans sa commune, et c’est à présent ce qu’il entend appliquer à l’échelle nationale, en briguant la magistrature suprême au Mali à la tête du parti Yelema.
RFI : La transparence et la lutte contre la corruption sont présentées comme vos priorités de campagne. Concrètement, quels sont vos engagements en la matière ?
Moussa Mara : D’abord, je dirais la transparence tous azimuts sur l’ensemble des segments de la vie publique et c’est ensuite la prise de mesures radicales contre la corruption. Nous voulons d’abord instaurer un nouveau leadership par des hommes neufs, compétents, honnêtes, et qui le montrent par leurs actes. Nous voulons aussi que des textes soient pris pour lutter contre l’enrichissement illicite, pour promouvoir la bonne gouvernance, pour soutenir l’alternance. Ce sont des éléments caractéristiques de notre programme que nous allons essayer de promouvoir si jamais les Maliens me faisaient confiance en tant que président de la République.
Vous parlez de mesures radicales pour lutter contre la fraude dans l’administration publique. Concrètement, quelles sont ces mesures radicales ?
Faisons en sorte que tous les leaders, qu’ils soient simples chefs de service ou président de la République, déclarent leur patrimoine à l’entrée de leur fonction et qu’ils mettent à jour cette déclaration, que cette déclaration soit publique et qu’elle soit contrôlée. Faisons en sorte aussi que l’accès aux responsabilités soit assaini, c’est-à-dire que les campagnes électorales soient l’occasion d’une publication du budget de campagne, qu’on s’assure que ce ne soit pas des ressources de trafic de drogue, de détournements de biens publics ou d’autres sources mal intentionnées. Ensuite, faisons en sorte que dans le mandat, il n’y ait pas de disproportions entre les revenus normaux des responsables et leur train de vie, et, en cas de disproportion, que les personnes soient interpellées pour qu’elles puissent justifier d’un train de vie qui n’a rien à voir avec leurs revenus.
Sur les questions de cession des terres agricoles, sur les grands contrats publics, est-ce que vous avez une idée de la manière dont vous souhaitez assainir la gestion de ces affaires par l’Etat ?
Pour ce qui concerne les cessions des terres agricoles, la transparence doit simplement être de rigueur. Nous ne devons pas accepter que des populations vivant normalement sur des terres soient spoliées au bénéfice de quelques investisseurs quels qu’ils soient, que les terres agricoles concédées à X ou à Y n’aient pas été au préalable des terres agricoles exploitées par ailleurs par des populations démunies. Pour ce qui concerne les contrats publics de manière générale, là aussi il faut que nous mettions au cœur du jeu, la société civile – notamment dans le traitement des contentieux -, et que la presse soit autorisée à faire des investigations approfondies en la matière afin d’éclairer l’opinion publique sur la transparence des contrats.
Quel est votre projet pour le nord du Mali ?
Vous avez trois étapes essentielles par lesquelles il faut passer. La sécurité : aujourd’hui, une bonne partie du boulot a été fait mais il faut que nos forces armées soient remises sur pied parallèlement au dispositif international pour être capables de jouer leur partition au sein du vaste ensemble sahélien. Le dialogue et la réconciliation : pour que les communautés se parlent et que le dialogue et la réconciliation soit inclusifs au Mali, que ça ne soit pas un dialogue et une réconciliation dictés de l’extérieur ou conclus à l’extérieur. Et enfin, la relance : développement, indemnisation, réinsertion, équipements en infrastructures ; pour connecter le Nord au reste du pays, plus de routes, plus de production d’énergie. C’est ce triptyque-là qu’il faut aborder de manière parallèle pour qu’on puisse aboutir d’ici quelques années à la résolution de toutes les tensions qui parcourent le septentrion de notre pays.
Par David Baché/ RFI