Moussa Mara à propos du putsch : «La prise du pouvoir par la force est déplorable et ne doit pas être acceptée par tout démocrate»

8

Le putsch que vient de connaître notre pays est un véritable recul démocratique. La situation est très critique, mais des pistes de sortie de crise demeurent. C’est du moins l’avis de M. Moussa Mara, président du parti Yéléma, non moins candidat à la prochaine présidentielle. Tout en condamnant ce coup de force qui a vu le renversement du président ATT, il invite la classe politique, les leaders religieux et la société civile à se donner la main pour sortir le Mali de l’engrenage.

 

Moussa Mara

Le Prétoire A quelques encablures de la présidentielle du 29 avril prochain, le Mali vient de connaître un coup d’Etat militaire. En tant que leader d’un parti politique, non moins candidat à cette joute présidentielle, quel est votre point de vue sur ce putsch ? 

Moussa Mara : La prise du pouvoir par la force est déplorable et ne doit pas être acceptée par tout démocrate et, simplement, par tout citoyen car on le sait, tous les coups d’état sont des reculs démocratiques, surtout pour un pays comme le nôtre en voie de consolidation des acquis si chèrement obtenus en Mars 1991. Néanmoins, ce coup d’état a eu lieu. Après la désapprobation, il faut avoir à cœur de travailler à revenir rapidement vers un chemin démocratique et remettre le pays dans la bonne direction.

Un coup d’état est considéré dans la Constitution de notre pays comme un crime imprescriptible. Croyez-vous que ce sera facile pour les putschistes de quitter le pouvoir ?  

Notre Texte fondamental, comme toute autre Constitution, condamne fermement les coups de force et c’est bien normal. Cela n’a pas empêché ce dernier de survenir et il faut travailler avec les autorités issues du coup d’état pour revenir à une vie constitutionnelle normale et le plus rapidement possible en leur offrant des garanties pour eux-mêmes et pour leurs proches. C’est comme ça et toute autre solution serait illusoire.

A votre avis, quelles sont les raisons qui ont conduit au renversement du président ATT ? 

A mon avis, il faut retenir les raisons avancées par les auteurs du putsch: faiblesse de l’Etat ayant déteint les forces armées et de sécurité ; politique sécuritaire laxiste ayant conduit à des défaites militaires annonciatrices de perte de souveraineté sur des pans entiers du territoire national. Ces raisons ont été invoquées régulièrement par beaucoup d’acteurs, y compris moi-même, notamment pendant les activités de précampagne électorale. J’ajoute à cela, l’abandon quasi volontaire par l’Etat de plusieurs cercles dont Youwarou, Teninkoun, Diré, Niafunké, Goundam,…où toute l’administration avait décampé. Cela rendait illusoire l’organisation des élections dans ces zones pourtant très proches de Mopti ou de Ségou. Nous avons assisté à une désagrégation progressive de l’Etat pendant les deux derniers mois.

Vous avez rencontré le chef de la junte militaire à Kati. Qu’est-ce que vous vous êtes dits? 

Je lui ai indiqué la position de notre parti face à la situation dans le but de sortir rapidement de l’impasse. Cette position est une volonté de sortie de crise et se veut à mi-chemin entre ceux qui soutiennent sans réserve le Cnrdre et ceux qui condamnent de manière statique le coup d’Etat avec, à chaque fois, beaucoup d’émotions et beaucoup d’intérêts personnels à défendre. Nous voyons notre pays le Mali et nous voulons simplement travailler à le sortir de l’ornière. C’est pourquoi j’ai rencontré les leaders du Cnrdre pour leur dire que si chacun fait des efforts dans l’intérêt du pays, il doit être bien possible de définir une piste permettant de sortir de crise à la satisfaction de tous et de chacun.

 

Votre parti est-il prêt à collaborer avec cette junte militaire ? Si oui, à quelles conditions ?  

 

Yéléma veut que l’ensemble des forces vives de la nation s’impliquent pour que les acteurs de la junte engagent une période de redressement permettant de déboucher sur des élections acceptées par tous et dans un cadre où nous verrons nos forces armées remobilisées pour faire face à leurs obligations, notamment au Nord. Il n’y a pas de marchandage vers une collaboration, il faut assurer l’unité des forces armées, l’unité des forces vives autour de l’essentiel pour ensuite convaincre la Communauté internationale de ne pas nous sanctionner, au point de remettre en cause le fragile équilibre socio-économique du Mali.

Deux fronts viennent de se constituer (regroupement de partis politiques) antis et pros putschistes. Comment entrevoyez-vous une sortie de crise au plan politique en ce qui concerne la formation d’un nouveau Gouvernement d’union nationale ?  

 

C’est justement parce que deux fronts se constituent qu’une unité est à rechercher. Il faut d’abord savoir que chacun de ces deux fronts contient des sous-fronts. Ce qui ne facilite pas la tâche, surtout qu’on assiste à la création de fronts intermédiaires comme je l’ai dit plus haut. Mais, je suis optimiste et je pense que si dans un schéma clair de sortie de crise, chaque front y voit une piste permettant de satisfaire ses revendications, au moins en partie et dans un délai raisonnable. Il devrait alors bien y avoir la possibilité d’une entente autour d’une équipe de redressement qui travaillera rapidement à résoudre les doléances des militaires et des civils en même temps.

Le Cnrdre explique son coup d’état par l’incompétence du président ATT à régler la crise du nord. Aujourd’hui, il se dit prêt à négocier avec les rebelles, alors que ceux-ci ont pratiquement pris Kidal. Ne pensez-vous pas que la mission de cette junte a déjà foiré ? 

La prise de Kidal n’est pas confirmée, loin de là. Mais, la situation est préoccupante en y ajoutant d’ailleurs l’insécurité relative au centre de la bande sahélienne dans un triangle allant de Diabali à Léré, de Léré à Goundam et de Diabali  à Youwarou en passant par Teninkoun. Nous devons y faire face, mais la démobilisation relative de nos forces armées et de sécurité ainsi que les ruptures fréquentes d’approvisionnements rendent le travail compliqué. On peut mettre la volonté de cessez-le-feu sur le compte de ces problèmes conjoncturels. On ne peut pas dire pour autant que la mission du Cnrdre a échoué, moins d’une semaine après avoir commencé, on a besoin du temps pour voir clair leurs ambitions. Accordons-leur donc un peu de temps, mais restons vigilants sur la gestion de la question sécuritaire au Nord de notre pays.

 

On sait que l’étau se resserre sur le Cnrdre avec les sanctions de la Communauté internationale qui a demandé aux putschistes de remettre le pouvoir immédiatement et sans condition. Selon vous, quelles sont les chances de ces hommes de parvenir à leurs fins ? 

Moi, je préfère parler des chances de nous tous à sortir notre pays de l’ornière. Les sanctions internationales sont bien compréhensibles. Essayons de faire en sorte qu’elles n’entraînent pas des niveaux insoutenables en travaillant tous à présenter un plan de sortie de crise convaincant, et le plus rapidement possible. Faisons en sorte que le Malien aussi voit que cette rupture non souhaitable soit une parenthèse, la plus courte possible, permettant de repartir du bon pied avec plus d’entrain, plus d’hommes et de femmes motivés, plus de démocrates et mieux de dispositifs démocratiques qui nous ancrerons davantage dans une démocratie

Comment entrevoyez-vous l’avenir du Mali ?   

Le Mali est éternel. Il a traversé plusieurs millénaires, il a vu la construction sur son sol de plusieurs regroupements humains parmi les plus remarquables de l’histoire africaine. Il est le berceau de civilisations porteuses d’espoir pour le genre humain. Sa culture, ses traditions, ses religions constituent autant de sources inépuisables de repères pour ses enfants et sa société. L’avenir d’un pays comme le nôtre est de ce fait forcément radieux, car il puisera ses racines dans notre civilisation et sera nourri par notre capacité à nous surpasser et notre génie à nous sortir de situations difficiles. Les difficultés sont obligatoires, mais impossible n’a jamais été, n’est pas et ne sera jamais malien. Gardons espoir !

 

Propos recueillis par

Destin GNIMADI  

 

Commentaires via Facebook :

8 COMMENTAIRES

  1. Mara c’est l’opportunisme fait homme. C’est le même qui se réclamait de ATT dans une interview à l’Indépendant il y a à peine un an. . survient le coup et il dit que tout était pourri et qu’il veut travailler avec Sanogo. Survient la CEDEAO il nous dit qu’il condamne le coup. Pauvre type.

  2. +++ Soyez responsable bouss…
    Votre rôle n’est pas d’accuser ni de juger les gens. M. Moussa Mara a donné la preuve qu’il est responsable, qu’il aime le Mali, qu’il croit en son éternité, c’est pourquoi il a proposé une solution de sortie de crise.
    Il y a des propos qui témoignent de l’égoïsme de leurs auteurs. Les attitudes d’accusateurs et de frondeurs ne font que nous affaiblir en nous plongeant dans la haine réciproque.
    D’ailleurs, demandons-nous si ce n’est pas à cause de cette haine des uns pour les autres que Dieu puni aujourd’hui les maliens.
    Que Dieu protège le Mali.

    • “L’opportunisme est une attitude qui consiste à agir selon les circonstances du moment afin de les utiliser au mieux de ses intérêts et d’en tirer le meilleur parti, en faisant peu de cas des principes moraux”.

      Si Mara n’entre pas dans le cadre de la définition ci dessus c’est que le mot devrait être effacé du dictionnaire !

  3. Personne ne doit travailler avec ses militaires,i ls ont viole la constitution, ils doivent payer tres cherement pourque cela ne se repete plus dans notre pays.

  4. Moussa mara est le maire de la commune4, c’est le seul maire ki a presenté ses biens avant de prendre sa fonction de maire.C’est un homme juste, honnete, bon musulman et ki fait tout pour sa commune. Demandez aux gens de la commune4 c’est simple. Mousse Mara qu’ALLAH te reserve le bonheur et la prosperitéds ce bas monde et le paradis ds l’au delà. Si ATT etait comme toi , nous en serions pas là aujourd’hui.

    • Il t’a présenté ses biens ou ? ceux qu’il détient à Bamako ???? Tu connais les Experts Comptables toi ? le métier qui consiste à dire a son client comment il faut tricher !!!

      Mon parent de France arrête ça, Mara c’est un gros malin et un sacré hypocrite !

  5. moussa est vraiment un opportuniste et une deception pour la republique. CEST REGRETABLE VRAIMENT ET ON VA PRENDRE ACTE DE TT CELA.

Comments are closed.