Le week-end dernier fut intense pour l’Association pour la défense des victimes de la répression (Advr). Après l’organisation d’une conférence débat animée par l’ancien ministre, Tiébilé Dramé, non moins président du Parena, sur le thème : « les idéaux de mars 1991 et la question de l’unité nationale », l’Association a procédé à une marche funèbre le dimanche 22 mars dernier pour rendre hommage aux martyrs de mars 1991. Après la tenue de ces deux activités, nous avons tendu notre micro à Moussa Keïta, secrétaire général de l’Advr. Et il répond à nos questions sans complaisance. Lisez !
Le Républicain : 24 années après le 22 mars 1991, quels sont les sentiments qui vous animent ?
Moussa Keïta : le sentiment qui m’anime est d’avoir participé à un événement qui a fait des victimes et qui a constitué à l’avènement de la troisième république. Malheureusement je suis déçu. Bien vrai qu’il y’a eu des avancées notoires mais j’ai l’impression que la troisième république a échoué et nous devons tout faire pour aller vers une quatrième république.
Qu’est-ce qui vous fait dire que la troisième République a échoué ?
Les institutions n’ont pas fonctionné comme elles devraient l’être. Les hommes n’ont pas changé de mentalité, c’est pourquoi lors de la marche funèbre que nous avons fait le 22 mars dernier, nous avions mis sur les banderoles « où sont passé les idéaux de mars 1991 ? ». Ce sont des questions cruciales qui méritent réflexions et qui méritent réponses. Donc à mon avis, il va falloir demander aux démocrates où sont passé les idéaux de mars 1991.
Quels étaient donc vos attentes vis-à-vis de la troisième République ?
La troisième république devrait être le socle d’un démarrage économique, d’un changement de mentalité, d’une action beaucoup plus participative vers le développement. Mais ça nous a vraiment ébranlé et nous allons vers la destruction du pays notamment les rebellions récurrentes, le manque de visibilité claire par rapport aux problèmes cruciaux qui se posent à la population. C’est pourquoi je dirais qu’il valait mieux que nous allions vers une quatrième république.
Tiébilé Dramé était le conférencier de l’Advr le week-end, en quoi consistait cette conférence ?
La conférence que nous avions organisé était basé sur le thème : « les idéaux de mars 1991 et la question de l’unité nationale ». Nous pensons que Monsieur Tiébilé Dramé a été le premier médiateur à cette crise. Il a été délaissé au profit d’un tiers notamment Monsieur Modibo Keïta, actuellement premier ministre d’IBK. Puisqu’il a été le premier médiateur, nous pensons qu’il était bon, surtout que c’est un démocrate, qu’il participe et qu’il anime un débat par rapport à l’unité nationale. C’est pourquoi l’opposant Tiébilé Dramé a été choisi. Nous ne l’avons pas choisi en tant qu’opposant mais nous l’avons choisi en tant que démocrate sincère, en tant que négociateur, en tant que médiateur de la crise.
Que peut-on retenir de sa déclaration ? Quels sont les points saillants de son allocution ?
Il a surtout parlé de la démission des démocrates, la démission du mouvement démocratique, le manque de cohésion entre les acteurs de la démocratie. C’est pour quoi lors de la conférence débat, je retiens simplement qu’il faut aller vers une nouvelle république. Même si d’aucun pense qu’il y’a des aménagements qui peuvent être fait à la troisième république notamment du point de vue participation des élus politiques. Je trouve que cette troisième république a échoué parce qu’avec les négociations, les accords d’Alger, nous sommes obligé de toucher un peu à la constitution et quand on touche à la constitution, on va vers une quatrième république forcement parce que les termes des accords d’Alger ne se trouvent pas dans la constitution. Au lieu d’adapter les accords d’Alger à la constitution du Mali, c’est la constitution malienne qui doit s’adapter aux termes des résolutions d’Alger. L’objectif général de la conférence débats du week-end dernier était basé sur l’unité nationale. Nous avons voulu que les uns et les autres se retrouvent, non seulement les acteurs du mouvement démocratique mais les membres de la société civile, que l’on joue franc jeu et que chacun dit son opinion sur la chose. C’est un préalable parce que nous savons qu’il n’y’aura plus de rébellion mais avec les accords d’Alger, il risque de se poser le problème de l’unité nationale. Nous avons pris le devant, avoir les avis des uns et de autres…
Quelles sont vos impressions sur la situation socio-économique et politique du pays ?
Nous pensons que les hommes politiques ne sont pas assez clairs par rapport aux questions du développement du pays. Il va falloir que les uns et les autres se retrouvent et se concertent pour un Mali meilleur.
Votre mot de la fin ?
J’invite la jeunesse à rester sur ses gardes. La jeunesse étant le socle de tout développement, elle doit rester active.
Propos recueillis par Aguibou Sogodogo
Liberte
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