Moussa Kane, président de l’AICD :« La modernisation de l’agriculture familiale et des entreprises agricole au mali est notre souci »

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L’AICD à travers son programme spécial de développement rural (PSDR) s’investit en faveur de la question.

Le Potentiel : pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Moussa Kané : Je suis Moussa Kané, président de l’association des innovateurs pour le conseil au développement (AICD)

Le Potentiel : pouvez-vous nous parler du programme que vous avez élaboré pour venir en aide aux paysans maliens ?

M.K : le PSDR est un programme spécial initié pour mieux organiser le secteur agricole, car la plupart de nos problèmes en Afrique se trouvent liés à la mauvaise organisation, sinon nous avons d’énormes potentialités dans le secteur agricole, surtout avec une population majoritairement jeune beaucoup de choses sont possibles. Je voudrais rappeler par là que 80 % de la population active vivent dans les milieux ruraux et pour équiper tout ce beau monde en équipement agricole la tâche semble très difficile. Sachant que pour équiper un(1) million de paysans en équipement traditionnel à savoir : quatre (4) bœufs et une (1) charrue, une (1) charrette et un âne , il faut mille (1000) milliards de FCFA soit un (1) million de FCFA par personne , ce qui est sans doute une impossibilité dans nos pays pauvres .

Ainsi le PSDR reste la meilleure des alternatives, car au lieu d’un million de FCFA par personne, il demande seulement mille deux cents cinquante FCFA par personne et par mois pour accéder aux différents équipements modernes agricoles.

Le Potentiel : comment cela est-il possible ? Pouvez-vous entrer un peu dans le détail ?

MK : en fait, c’est la mise en place des centres économiques de gestion qui assurera le bon fonctionnement et l’organisation des groupements des producteurs. Des centres générateurs d’activités génératrices de revenues pour les paysans.

Neuf mille neuf cent (9900) producteurs doivent constituer la capacité d’un centre de gestion et les 9900 personnes doivent s’acquitter de leurs cotisations mensuelles qui s’élèvent à 1250 FCFA par mois et par paysan dont le total fera par an cent quarante huit millions cinq cents mille (148 500 000 FCFA) , les charges annuelles du centre , y compris les salariés s’élèvent à soixante quinze millions (75 000 000 de CFA) par ans . Un centre intégré informatisé avec des micros structures à savoir : une direction technique, neuf salles d’alphabétisation, une pharmacie vétérinaire, un magasin de stockage et de vente d’intrants et d’équipements agricoles, une caisse mutuelle, un forage pour l’adduction d’eau potable , un groupe électrogène de grande capacité, une camionnette pour le transport des produits agricoles et des équipements d’exploitations à savoir : des tracteurs, des semoirs , des batteuses des motoculteurs etc.

Par ailleurs, dans l’organigramme d’organisation du centre, il existe une assemblée générale, un conseil d’administration, un comité de surveillance, notez bien que tout cela est constitué exclusivement par ses mêmes paysans. Le centre dispose aussi d’une administration générale composée de 23 salariés : un administrateur général et son adjoint , neuf animateurs , deux moniteurs agricoles , un agent administratif , un comptable, un agent commercial, un vétérinaire, une secrétaire de direction , trois mécaniciens conducteurs des machines agricoles, un chauffeur et un gardien manœuvre.

D’autre part , certains produits et ressources du centre sont entre autres : l’orientation et l’information utile ,la formation théorique et pratique , les études de faisabilités de microprojets agricoles, les démarches et garanties bancaires, l’accès facile au crédit bancaire l’accompagnement administratif et commercial, le transport des produits agricole , ainsi que le suivi sanitaire régulier des animaux .Pour bénéficier de façon volontaire de ces produits et services , chaque paysan doit être membre du groupement aussi de façon volontaire , il doit s’inscrire au niveau du centre pour avoir sa carte de membre informatisée et son compte bancaire dans la caisse mutuelle du centre.

Le Potentiel : comment est ce qu’avec seulement 1250 FCFA peut-on avoir accès à de tels services ?

M.K : en fait , les 1250 FCFA concernent seulement certains nombres de service mais les produits sont payants , à titre d’exemple , un éleveur qui a besoins des services du vétérinaire du centre , il suffit qu’il se présente au centre avec sa carte de membre à jour de payement de cotisation et, un bon de sorti est aussitôt signé par l’administrateur général pour le vétérinaire , ainsi les charges liées à ces opérations sont prises en compte par le centre. Mais l’ordonnance prescrite par le vétérinaire est payée par l’éleveur au comptant ou à crédit, la même démarche est de même pour un agriculteur qui se présente avec sa carte de membre pour accéder aux différents services et produits des équipements d’exploitation agricole.

Le Potentiel : quand est-ce que vous avez commencé à vulgariser ce programme ambitieux au Mali ?

MK : En fait, nous avons mené des recherches actions depuis fin 2005 jusqu’aujourd’hui.

Le Potentiel : avez-vous rapproché des autorités compétentes dans le cadre du programme ?

MK : Oui de façon détaillée je vous donne le nom des autorités que nous avons eu à approcher, avant tout autres choses, nous avons consulté l’APECAM, CNOP, AOPP, le ministère d l’agriculture de l’élevage et de la pèche, de l’environnement et de l’assainissement, etc.

Le Potentiel : quelles sont les satisfactions que vous avez eues après tout ces contacts ?

M.K : Ma plus grande satisfaction est l’intérêt que la population paysanne elle-même accorde à cette initiative qui se manifeste par sa grande mobilisation, vous savez, de la date du premier janvier 2010 à aujourd’hui, plus de deux milles (2000) paysans ont intégré notre association et plus de treize milles (13 000) membres de sympathisants.

Le Potentiel : à la date d’aujourd’hui, quelles sont les difficultés majeures auxquelles vous êtes confrontés ?

M.K : Si les grands chercheurs doivent inventer de nouveaux vaccins aujourd’hui, il sera très utile d’inventer un vaccin contre l’égoïsme et la méchanceté de quelques hommes qui sont entrain de détruire le fondement de la société, menacent la paix dans le monde, bloquent le processus de développement, ils préfèrent maintenir les populations dans la pauvreté et l’ignorance.

Le Potentiel : est-ce qu’on peut connaître l’impact positif direct du PSDR sur l’emploi des jeunes ?

M.K : à savoir que 100 centres de gestion seulement créent 2300 emplois directs, environ un (1) million d’entreprises agricoles. Développer l’entreprenariat et les petites unités de transformations dans le secteur agricole, permet d’ouvrir l’économie de nos paysans sur l’extérieur, augmenter le taux de bancarisation dans le secteur, accroître la productivité, organisation et multiplication de réseaux de distributions d’intrants et équipements agricoles et faciliter l’application de la loi d’orientation agricole du Mali, etc.

Le Potentiel : pour terminer quel appel avez-vous à lancer à la population Malienne afin que le PSDR soit une réussite totale ?

MK : D’abord je vais adresser un vif remerciement à tout les chercheurs acteurs de développement et dans tous les domaines qui ont bien voulu se sacrifier pour le développement de notre pays sur le plan social et économique pour asseoir une culture de paix dans la société.

Notre slogan : la paix rien que la paix.

Entretien réalisé par SEKOU TRAORE

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