Moussa Djombana, analyste politique : « La révision de la Charte apportera plus de cohérence à la transition »

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Depuis un certain temps, la situation sociopolitique au Mali reste tendue entre les autorités et les organisations sous-régionales et internationales. Pour cause, ‘’ l’ambiguïté ’’ des acteurs de la transition à définir un chronogramme convenable pour les élections. Le délai de la transition définie dans la Charte arrive à expiration en principe le 27 février prochain. Avant cette date, les autorités ont anticipé en prenant un décret portant convocation du Conseil national de la transition pour la révision de la Charte et l’examen de plusieurs projets de loi sur la vie de la nation. Une situation qui suscite la polémique car pour certains, c’est pour permettre au colonel Assimi Goïta, président de la transition, de se présenter aux élections futures. Dans ce contexte, nous avons tendu notre micro à Moussa Djombana, un analyste politique, qui nous livre son avis sur la question. Lisez plutôt !

Le Tjikan: Quel regard portez-vous sur le décret portant révision de la Charte de transition ?

Moussa Djombana: le décret de révision de la Charte de la transition, qui tombe à un moment de forte turbulence diplomatique entre le Mali et la Cedeao, est salutaire ; même si on aurait pu anticiper la situation beaucoup plus tôt. En effet, depuis l’arrestation le 24 mai 2021 de l’ancien Président de la transition, Bah N’Daw, par le colonel Assimi Goïta et la prestation de serment de ce dernier le 07 juin de la même année, il était devenu évident que la transition, après ces soubresauts politico-militaires, ne pouvait plus respecter ses engagements solennels pris devant le peuple malien et le monde entier dans les délais impartis par Charte de la transition. De plus, la métamorphose inattendue du vice-président de la transition en Président de la transition rendait caduques certaines dispositions de la Charte qu’il urgeait de réviser, ou même de supprimer dans les cas extrêmes, afin de préserver la crédibilité et la fiabilité du principal instrument de notre transition. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Aujourd’hui, la décision de corriger ces anomalies graves est salutaire car cela apportera plus de cohérence à la transition. L’une des principales incohérences à éjecter du corpus de la Charte est la disposition relative à la fonction de vice-président qu’il faut purement et simplement supprimer. L’autre changement majeur à opérer, mais très sensible, demeure la mise à jour du délai de la transition qui, en réalité, est la véritable pomme de discorde entre d’une part les autorités de la transition et une partie non négligeable de la classe politique, et d’autre part entre elles et la communauté internationale, surtout la Cedeao, auprès de laquelle organisation le Mali s’était fortement engagé à respecter scrupuleusement la Charte et à organiser des élections démocratiques dans un délai de 18 mois, fruit d’une concertation nationale entre Maliens après la chute du pouvoir IBK. Grosso modo, cette révision de la Charte, censée insuffler un nouveau dynamisme à la transition et régler des problèmes inhérents, ne doit pas diviser davantage, mais rassembler tous les Maliens autour de l’idéal commun de sauvetage de la patrie. C’est pourquoi les uns ne doivent pas faire preuve de gourmandise en proposant un délai scientifiquement rigoureux et les autres ne doivent pas faire preuve de surenchère en acceptant un délai raisonnable ; le fétichisme des dates ne doit pas prendre le pays en otage !

Le Tjikan: Quelle analyse faites-vous de l’imbroglio diplomatique entre Paris et Bamako ? Selon vous, que faut-il pour décrisper la situation ?

Moussa Djombana: Mon souhait est que le Mali, terre de « djatiguiya (hospitalité) », berceau de l’hospitalité légendaire africaine, doit s’entendre et coopérer dans un partenariat gagnant/gagnant avec toutes les nations du monde. Cependant, cela doit se faire dans le respect mutuel. Le Mali, pays souverain, a droit au respect et à la considération qui lui revient. Nous n’accepterons aucune condescendance, aucun paternalisme et cela, peu importe de la part de qui cela viendrait ! Nous avons droit, en tant que peuple, en tant que nation souveraine, au respect qui nous revient par principe et de droit ! Dans le cas contraire, nous imposerons le respect de notre pays à quiconque ne le ferait pas. Ceci dit, maintenant que les points ont été placés sur les “i” et que chacun sait désormais la place de chacun, une désescalade entre Bamako et Paris sera la bienvenue, surtout que les peuples maliens et français sont liés par beaucoup de choses. Nous avons des milliers de ressortissants en France, qui participent à l’essor économique des deux pays. Nous avons besoin de relations calmes, respectueuses et gagnant/gagnant avec tous nos partenaires, y compris la France.

Le Tjikan: A quoi peut-on s’attendre après le 27 février qui marque la fin de la transition, vu que des regroupements politiques se préparent pour la cause ?

Moussa Djombana: Après le 27 février, la transition suivra son petit bonhomme de chemin, c’est évident. Il appartient aux parties prenantes et à l’ensemble des Maliens de fixer un nouveau calendrier réaliste, scientifique et conforme à la fois à la volonté des Maliens et à nos engagements régionaux et internationaux. Toutes les parties doivent mettre le Mali au-dessus de tout et n’avoir comme pour unique cap que le bonheur du Mali et des Maliens. Pour cela, la date du 27 février ne doit pas être l’apocalypse malien, mais plutôt celle d’une nouvelle genèse : un nouveau point de départ consensuel pour le renouveau et la vitalité démocratique du Mali dans un esprit patriotique et enthousiaste.

Moussa Sékou Diaby

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1 commentaire

  1. il n’y a pas une seule façon d’établir un véritable pouvoir populaire, et les étrangers sont, par définition, disqualifiés pour juger du degré de « démocratie » d’une nation.

    Chaque nation a le droit de décider comment elle veut vivre, comment elle veut structurer formellement son pouvoir populaire et seul le peuple de cette nation peut décider si l’organisation de son pays exprime et défend fidèlement ses valeurs nationales.

    Les étrangers ne peuvent se considérer comme des « enseignants de la démocratie ».
    – Il s’agit en réalité d’une redite du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, intégré à la charte des Nations Unies.

    Il n’existe pas de modèle unique pour guider les pays dans l’établissement de la démocratie.

    Une nation peut choisir les formes et les méthodes de mise en œuvre de la démocratie qui lui conviennent le mieux, en fonction de son système social et politique, de son histoire, de ses traditions et de ses caractéristiques culturelles uniques.

    Il appartient uniquement au peuple du pays de décider si son État est démocratique ou non.

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