Parti de son Mali natale depuis 1982 pour rejoindre son père au Bénin, Moussa Diallo, malgré les nombreuses difficultés, a su s’imposer dans le milieu très fermé du football béninois. Il est, aujourd’hui, le fondateur et président des Onze Créateurs de Cotonou en référence aux Onze Créateurs de Niaréla (Mali), qui évoluent, présentement, en deuxième division béninoise. Lors de notre séjour à Cotonou, nous avons rencontré Moussa Diallo. Interview !
Le Pouce : Mr. Diallo, pourquoi avoir choisi le football et pas les autres disciplines ou domaines ?
Moussa Diallo : Dans l’enfance, notre papa avait une équipe ici à Cotonou du nom de Djoliba au sein de laquelle j’ai évolué. Après le départ de mon père pour le Mali en 2002, moi-même j’ai formé une équipe que j’ai entraînée jusqu’en 2005 date à laquelle j’ai enregistré l’équipe au niveau de la Fédération Béninoise de Football. C’était, à l’époque, l’équipe la plus jeune de la sous- région qui jouait en troisième 3ème division, car le plus âgé avait 15 ans.
Le Pouce : Avez-vous rencontrez des difficultés ?
Moussa Diallo : Oui, si lors de notre première année on a pu accéder à la deuxième division (2ème division), la deuxième année, il nous restait un seul match, match au cours de laquelle j’ai eu des problèmes avec les gens de la Fédération et le match n’est pas allé à son terme. Par la suite, ils nous ont suspendus pour trois (3) ans.
Le Pouce : Le problème était de quel ordre ?
Moussa Diallo : Avant le match, on a constaté que le match était joué d’avance. On était en train de jouer un match en différé, au point où sur le terrain mes joueurs n’avaient plus la possibilité de dépasser le milieu de terrain sans que l’arbitre ne siffle hors-jeu. J’ai alors demandé aux enfants de quitter le terrain.
Le Pouce : La suspension de trois ans est-elle finie ?
Moussa Diallo : Oui, elle est maintenant finie.
Le Pouce : Qu’est devenue l’équipe après sa suspension ?
Moussa Diallo : Revenus à de meilleurs sentiments, nous avons été champions du Bénin et nous sommes montés en deuxième (2ème) division.
Le Pouce : Avez-vous des contacts avec la Fédération Malienne de Football ?
Moussa Diallo : J’avais des contacts avec elle, mais lors du dernier match Mali- Bénin, j’ai été offensé par nos autorités maliennes. Ce qui m’a amené à rompre le contact
Le Pouce : Vous dites que vous avez été offensé par les autorités maliennes. Pourquoi ?
Moussa Diallo : Sachez que c’est moi le guide de l’équipe nationale du Mali lorsqu’elle séjourne au Bénin. J’ai même été arrêté lors du dernier match Mali- Bénin, parce que selon les Béninois, ayant vécu 28 ans au Bénin, je connais tous leurs secrets et je serais à la base de l’insuccès de leur équipe nationale face au Mali. J’ai été relâché grâce à l’intervention des autorités maliennes. Il faut dire que cet incident est arrivé deux jours avant le match. A la fin du match, nos bus que ce soit ceux venus du Mali qui étaient au nombre de deux et les nôtres ont, tous étés saccagés par les supporters béninois. Les autorités béninoises nous ont dédommagés à hauteur de dix millions pour la réparation des bus. Quelle ne fut ma surprise lorsque le ministre des Sports de l’époque m’a fait savoir que les dix millions seront, intégralement, utilisés pour réparer les deux bus venus du Mali et que nous devions nous- mêmes réparer nos bus comme si les bus n’avaient étés utilisés pour les mêmes causes. Voilà pourquoi j’ai rompu le contact.
Le Pouce : Si l’équipe nationale du Mali venait à faire appel à un de vos joueurs, vu la situation, le laisseriez vous partir ?
Moussa Diallo : Le problème, c’est entre moi et la fédération. Si j’ai un joueur qui doit évoluer au sein de l’équipe du Mali, c’est pour défendre les couleurs du pays, ce serait égoïste d’empêcher quelqu’un d’aller faire valoir ses talents. Et puis, je forme des joueurs pour d’autres pays. Ce serait un honneur de fournir des joueurs à mon pays.
Le Pouce : Votre mot de la fin ?
Moussa Diallo : Je demande à tout le monde de s’unir autour des sports et plus particulièrement le football, car c’est à travers eux que l’intégration réelle connaîtra un essor réel.
Entretien réalisé par Mohamed Dagnoko,
Depuis Cotonou
Situation des Maliens vivant au Bénin :
« Nous avons plus de problèmes avec nos autorités que celles du Bénin »
Lors de notre séjour au Bénin, plus précisément, à l’Université d’Abomey-Calavi là où l’actuel président du Bénin le docteur Boni Yayi a fait ses études, nous- nous sommes intéressés aux conditions de vie de nos concitoyens vivant sur le sol béninois. A cet effet, nous avons rencontré Baba Diallo, le représentant de la communauté malienne et président des transporteurs maliens du Bénin.
Selon Baba Diallo, les Maliens vivent en parfaite harmonie avec leurs frères béninois. Si un Malien à des problèmes, c’est qu’il l’aura lui-même cherché. A en croire notre interlocuteur, les autorités béninoises traitent les Maliens sur le même pied d’égalité que tous les Béninois. Il déplore le fait qu’ils soient oubliés par les autorités maliennes. Lors de la dernière visite du président ATT au Bénin, Baba Diallo affirme avoir rencontré le président en personne pour lui soumettre les doléances des Maliens du Bénin. Et depuis lors, selon lui, les choses n’ont pas changé. Les Maliens du Bénin se procurent leur carte d’identité au Ghana, malgré le fait qu’ils aient émis le souhait auprès des autorités, l’ouverture d’une ambassade, ou à défaut, permettre aux agents de l’ambassade d’effectuer le déplacement chaque trois mois afin de leur délivrer les cartes d’identité comme cela se faisait au temps du Général Président Moussa Traoré.
S’agissant des tracasseries routières, Baba Diallo dira que les frontières béninoises et burkinabés sont plus accessibles à nos compatriotes que celles de notre pays, le Mali. Il en veut pour preuve le poste frontalier de Hèrèmakono (frontière Mali-Burkina). Ici, les Maliens venant de l’Afrique Centrale et munis d’une carte d’identité consulaire, ne sont pas considérés comme des Maliens. Ils sont obligés par les agents au payement de la somme de deux mille franc CFA (2 000FCFA) pour franchir les frontières de leur propre pays.
Le cœur meurtri, Baba Diallo nous a demandé de restituer, fidèlement, ses propos afin que nous puissions les aider à faire bouger les choses. Il demande aux autorités maliennes de penser à eux au même titre que ceux de l’intérieur. « Que les autorités ne nous donnent rien, mais qu’elles nous encouragent en s’occupant de nous, comme si nous sommes au pays, au Mali », conclut-il.
Mohamed DAGNOKO
Depuis Cotonou (Bénin)