Moussa Bouare auteur du livre ”frontières et ponts entre journaliste et communicant” “Le journaliste n’a pas la formation requise pour gérer la communication d’une organisation”

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Ancien journaliste, Moussa Bouaré,  communicant de formation, vient de publier un ouvrage intitulé “Frontières entre journaliste et communicant” chez Prostyle Editions. Ce livre de quatre-vingt-dix-neuf  (99) pages explique la différence entre le journalisme et la communication. L’auteur a bien voulu répondre à nos questions autour de son livre et ses projets d’écriture.

Aujourd’hui- Mali : Bonjour, pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?

Moussa Bouaré : Je me nomme  Moussa Bouaré. Je suis titulaire d’une maîtrise en psychologie à la Faculté des  sciences humaines et des sciences de  l’éducation de Bamako et un Master en Communication Marketing. Pur produit de l’école publique malienne, séduit par Alain Foka  journaliste vedette de l’émission Archives d’Afrique sur Rfi, j’embrasse la profession de journaliste en 2011 à la Radio Nassiraoulé du chanteur Salif Keita où j’ai été Rédacteur en chef. Je suis actuellement assistant de Professeur en Communication Marketing, Communication d’entreprise et Management des organisations. Je suis conseiller en communication dans plusieurs universités privées de Bamako et promoteur de l’agence Intelligentsia Communication.

Pouvez-vous nous présenter votre ouvrage “Frontières et ponts entre journaliste et communicant” ?

“Frontières et ponts entre journaliste et communicant”, comme le titre l’indique, est un document qui traite des différences et points de convergences qui existent entre le journaliste et le communicant. C’est un document de quatre-vingt-dix-neuf  (99) pages qui a été préfacé par l’ancien ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, M. Manga Dembélé.

Peut-on savoir ce qui vous a motivé à écrire cet ouvrage ?

L’ors  d’échanges avec des confrères, j’ai compris que beaucoup d’entre eux se considèrent comme  des communicants et quand j’essayais de leur expliquer la différence entre leur fonction de journaliste et celle de communicant, je me rendais compte que je prêchais dans un désert. Pire, certains journalistes se présentent avec le double titre de “Journaliste-Communicant”. J’ai surtout été interpellé lors de l’élection présidentielle de 2018, quand des journalistes ont pris position pour tel ou tel candidat à travers leur article.

Face à la crise qu’a connu le football malien depuis le 10 janvier 2016 jusqu’à l’élection le 29 août 2019 du nouveau président de la Fédération, des journalistes ont pris parti pour tel ou tel camp. Foulant au pied un des principes déontologiques  de la profession : la neutralité. Sans prétention aucune, c’est à partir de constats cités auparavant, que j’ai décidé d’écrire ce livre pour permettre aux journalistes, étudiants en journalisme et communication et à tout autre public intéressé par ce sujet de mieux comprendre  les frontières, les points de convergence entre le  journalisme et la communication.

Comment expliquez-vous la différence entre le journaliste et le communicant ?

Pour moi, la différence est que le premier à une déontologie qui exige de lui la neutralité, autrement dit, il n’est pas au service  d’un clan, d’une formation politique, d’une entreprise ou d’un homme… Son rôle est de  tremper la plume dans la plaie comme disait Albert Londres. Par contre, le second est au service d’un clan, d’une formation politique, d’une entreprise ou d’un homme. Sa mission est de vendre la bonne image de ses employeurs. Pour mieux illustrer cela, voici une phrase qui résume bien la mission du communicant : “Le communicant n’invente pas, il enjolive, attenue, mais part d’une vérité existante”, Pape Diouf. Ce qu’il faut savoir aussi est qu’au-delà de leur différence, le journaliste et le communicant sont aussi condamnés à travailler ensemble en restant bien sûr, chacun, dans son domaine car l’un constitue pour l’autre un “relais”.

Que pensez-vous de la nomination des journalistes aux postes de chargés de communication, notamment dans les administrations publiques ?

A une certaine époque, il n’y avait pas de spécialiste en communication. C’est pourquoi les organisations se rabattaient sur les journalistes pour gérer leur communication. A ce que je sache, il n’y a pas de texte qui interdit la nomination d’un journaliste comme chargé de communication. Par contre, le journaliste n’a pas la formation requise pour gérer la communication d’une organisation.

Contrairement à ce que certains pensent, le rôle du chargé de communication ne se limite pas seulement aux relations presse, il doit avoir des notions sur la stratégie et le plan de communication, tout en sachant utiliser des outils de communication à bon échéant. Ce qui pose problème aussi au Mali, c’est que la plupart des journalistes nommés chargés de communication continuent d’écrire dans les journaux. Ainsi, le conflit d’intérêt est patent. Bref, si un journaliste est nommé chargé de communication, il doit se donner la peine de se former et d’arrêter d’exercer la profession de journaliste car on ne peut être juge et partie.

Quels sont, selon vous, les rôles d’un journaliste dans la société ?

La mission essentielle du journaliste consiste à transmettre une information sur n’importe quel sujet et support, en la rendant compréhensible et accessible à divers publics (lecteurs, auditeurs, téléspectateurs, internautes…).

Les journalistes s’imposent, pour ce faire, des normes qui découlent des obligations de diffuser des informations vérifiées, recueillir et diffuser les informations de manière indépendante, agir loyalement et respecter les droits des personnes.

En tant qu’ancien journaliste, pouvez-vous nous dire ce qui vous a plus marqué de votre carrière d’homme de media ?

Durant ma jeune carrière de journaliste, j’ai été marqué par trois évènements, à savoir la lecture en 2011 de mon premier papier. Je me le rappelle comme si c’était hier. Une fois dans le studio pour assister à la présentation du journal, mon rédacteur en chef, M. Boubacar Kanouté, me tend un papier de la page Inter sur l’élection des gouverneurs au Nigeria et me dit : “Tu vas la lire”. Imaginez la peur au ventre. En 2017, j’ai eu la chance de participer à une formation de CFI sur les fondamentaux du journalisme radio dans le cadre du projet Mali media. Cette formation me restera gravée dans la mémoire car durant trois semaines les animateurs de la formation et les journalistes participants m’ont beaucoup appris.

Enfin, ma blessure lors de la marche de l’opposition, le samedi 2juin 2018. Marche au cours de laquelle j’ai reçu à la nuque une grenade lacrymogène tirée à bout portant.  Ensanglanté, je fus secouru par Mamadou Igor Diarra, candidat  à l’élection présidentielle à qui je rends un hommage tout particulier. L’image  du candidat maculé de mon sang a fait le tour des réseaux sociaux. Sans lui, je ne serai certainement  plus de ce monde, à plus forte raison écrire ce livre. Cette blessure est la marque indélébile de mon parcours en journalisme.

Avez-vous un message à l’endroit des journalistes maliens ?

J’appelle les journalistes à se former davantage, à respecter le code déontologique de leur profession et surtout  je leur demande de se donner la main pour l’application de la convention collective de la presse, gage d’une autonomie financière des journalistes.

Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Comme dirait l’autre, l’appétit vient en mangeant. J’ai d’autres projets d’écriture et le plus imminent sera coécrit avec le directeur général de Prostyle Edition, M. Sory Ibrahima Mallé, à qui j’adresse mes vifs remerciements pour son soutien envers les jeunes auteurs.

          Réalisé par Youssouf KONE

 

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