Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm \JPP\", ministre des sports et des loisirs du Burkina Faso :«Nous sommes fiers des Etalons cadets »"

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De retour de Kigali après le sacre continental historique des Etalons cadets du Burkina Faso à la CAN de la catégorie au Rwanda, un accueil enthousiaste, populaire, inoubliable, et coloré leur a été réservé. De l’aéroport au Palais présidentiel de Kosyam en passant par les grandes avenues de la capitale, c’est une marée humaine de Burkinabè qui scande et félicite les Héros. Dans la ferveur de la victoire, nous avons rencontré le ministre des sports et loisirs du Burkina Faso, Mori Aldiouma Jean-Pierre Palm «JPP». C’est un homme comblé et fier qui répond à toutes nos questions. Aux destinées du sport depuis 2005, le colonel-major de Gendarmerie Jean-Pierre Palme se livre à cœur ouvert ! Lisez en exclusivité la Grande Interview !
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rnFélicitations Monsieur le Ministre ! Le Burkina Faso vient de remporter son premier trophée continental de l’histoire. Quels sentiments vous animent ?
rnJe vous remercie de votre présence dans notre pays et me donner l’occasion de m’exprimer dans vos colonnes. Cela a été un grand plaisir pour tous les Burkinabè sans exception. Vous avez-vous-même vécu l’accueil qui a été réservé à l’équipe à son retour de Kigali. Le peuple  s’est mobilisé comme un seul homme et dans une liesse indescriptible pour réserver un accueil digne de ce nom aux Etalons cadets. Tout le monde a œuvré pour le sacre de cette équipe. Ce n’est pas une satisfaction personnelle mais le fait que les enfants ont procuré la joie dans le cœur de nos compatriotes. On est tous aux anges et fiers d’être Burkinabè.
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rnComment avez-vous vécu ce sacre des Etalons cadets ?

rnVous savez, ce premier trophée est l’aboutissement d’un processus. Lorsque vous faites un travail et que vous récoltez des fruits, vous n’avez qu’à être fiers. C’est comme le paysan  qui sème dans son champ et récolte les bonnes graines.  Beaucoup ont cru en cette équipe. Je suis content pour les enfants. Après la consécration continentale, ils ont reçu des contacts à l’extérieur. C’est une source de satisfaction totale qui  leur permettra de sortir de la misère dans laquelle ils se trouvent. Vous avez aussi constaté l’immense joie du Chef de l’Etat, Son Excellence Blaise Compaoré, les membres du Gouvernement, le ministre de la jeunesse qui criait comme un enfant, tout cela fait chaud au cœur et c’est bon à voir. Ce sont des moments d’intenses souvenirs inoubliables !
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rnEn tant que premier responsable du département en charge des sports, comment avez- vous vécu la  finale contre le Rwanda qui vous avait pris le dessus sur le Burkina en match d’ouverture ?
rnLes enfants étaient costauds  dans leur tête. Après la défaite en match d’ouverture, le capitaine de l’équipe m’a confié que les Etalons  cadets  iront  loin dans ce tournoi malgré le faux pas en ouverture. Il m’a cité en exemple le cas de l’Espagne qui a perdu son premier match à la Coupe du monde et a fini par remporter le trophée du Mondial. Il m’a confié en plus que le Burkina Faso  souhaitait rencontrer encore le Rwanda pour la revanche. Je lui ai répondu qu’il fallait tout d’abord se ressaisir, rattraper le retard et viser la finale.  Comme ce sont de jeunes guerriers, ils ont su réagir. Vous connaissez la suite. Les jeunes ont mouillé le maillot national. C’est vous dire que rien n’a été fait au hasard.
rnJe profite de cette interview exclusive pour féliciter la presse malienne à travers vos colonnes car vos confrères de l’ORTM ont couvert cette compétition avec professionnalisme. Ils ont été très perspicaces. Ils ont été les premiers à dire que les Etalons avaient un fonds de jeu et qu’ils pouvaient aller loin. L’histoire leur a donné raison. Je leur tire mon chapeau pour les analyses et les reportages.
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rnL’encadrement technique de cette formation se compose de trois Portugais, c’est tout de même ambitieux surtout pour des Cadets ?

rnUn adage dit : « Qui veut aller loin ménage sa monture.» Le hic en Afrique est que tout le monde concentre ses efforts sur les Seniors. Et lorsque que l’équipe est vieillissante, la relève devient caduque. Nous avons décidé de commencer par la pépinière pour renforcer petit à petit l’équipe A. c’est vrai, l’encadrement est composé de Portugais (entraîneur principal, préparateur physique, préparateur de gardiens) mais l’entraîneur adjoint  est Burkinabè. Le kiné, lui, vit en France. Nous croyons à la jeunesse burkinabè et je suis confiant. J’ai toujours dit quand on arrive en équipe nationale, ce n’est pas pour apprendre à amortir le ballon, mais pour intégrer un schéma tactique.
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rnA vous entendre, monsieur le Ministre, l’environnement de l’équipe est bien maîtrisé par les autorités ?
rn(Il parle avec fermeté). Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. L’environnement de l’équipe est assez bien maîtrisé par les autorités. En Afrique, tout le monde est entraîneur et en plus de ça a son joueur favori qu’il veut voir disputer tous les matches. Il faut que nous nous mettions au-dessus de toutes ces considérations pour mettre en place une organisation professionnelle et scientifique afin de faire des résultats dans la continuité. Nous avons une politique nationale en matière de sport où l’encadrement des jeunes a une place de choix. Nous comptons mettre des stages de foot, le samedi et dimanche pour permettre aux enfants de 6 à 7 ans de se retrouver sur les terrains. Toutes choses qui vont lutter contre la délinquance et la mendicité.
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rnQuelle a été la base de sélection de l’équipe du Burkina surtout quand on sait qu’aucun des joueurs n’évolue dans un club de première division ?

rnAprès un  constat que le sport n’était plus pratiqué à la base, notamment dans les écoles et lycées, nous avons alors relancé le sport au niveau des écoles et collèges.  En effet si le football se pratique dans la rue, des disciplines comme le basket-ball, handball ne le sont pas.  Il fallait donc recadrer tout cela pour avoir une pépinière sportive compétitive. Et tout le monde a adhéré. Voilà que c’est devenu une vision nationale De ce fait, nous avons eu l’appui du conseiller spécial du chef de l’Etat, François Compaoré. Aujourd’hui, la pratique du sport occupe une place de choix dans les écoles et centres de formation.  Nous encourageons l’ouverture des écoles de football avec un cahier de charge pr&ea
cute;cis. Car nous n’allons pas permettre n’ importe qui d’ouvrir un centre de football sans le minimum de garde-fou. Je pense qu’avec cette pratique, le Burkina Faso se hissera au sommet du sport continental.
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rnComme vous l’avez constaté, la sélection des Etalons cadets était composée uniquement de jeunes pousses des centres de formation, écoles et collèges qui ont bien assimilé les fondamentaux du ballon rond.
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rnAprès ce sacre, le Burkina est-il prêt pour disputer la Coupe du monde ?
rnJe crois que les Etalons cadets sont prêts pour représenter l’Afrique à la Coupe du Monde. Nous avons encore 5 mois pour se préparer en conséquence. Ils vont rapidement se remettre au travail. Le Ghana l’a réussi pourquoi pas le Burkina, le Mali, le Sénégal ou le Rwanda.  Il faut y croire !
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rn Quel sera l’objectif de l’équipe du Burkina Faso au Mondial de la catégorie en juin et juillet prochain ?
rnIl faut toujours enseigner la gagne aux enfants. Je leur dit toujours qu’on ne part pas à une bataille en victime expiatoire. Les enfants vont se battre corps et âme pour représenter dignement les couleurs du Burkina Faso et celles de l’Afrique au Mondial mexicain. Si on la gagne, ce sera  bien et si on ne la perd, ce ne sera pas la fin du monde.
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rn Si on vous demandait de dédicacer le trophée des Etalons cadets ?
rnJe dédie ce trophée d’abord au peuple burkinabè car c’est l’argent du contribuable qui nous a permis de réaliser cette prouesse historique. Ensuite au Chef d’Etat, Son Excellence Blaise Compaoré qui s’est beaucoup investi en tant qu’ancien sportif. Il avait une licence de première division dans trois disciplines: football, handball et volleyball. Je vous fais une confidence. Après l’échec des Etalons Seniors à la CAN 2010 en Angola, je voulais rendre le tablier mais le président du Faso a positivé.  Il m’a dit que nous faisons partie des 16 nations qui étaient au rendez-vous continental. Ces propos m’ont remonté le moral. Enfin, je voudrais aussi dédier ce trophée à la jeunesse de la sous-région, car l’intégration est en marge à travers le sport.
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rn En accordant la prime spéciale aux Etalons cadets, le Premier ministre du Faso, Tertuis Zongo lors du dîner offert par le Chef de l’Etat a fustigé le marchandage de la victoire. Quel commentaire faites-vous ?

rnLe sujet a été abordé au préalable en Conseil des ministres. Nous avons longuement échangé sur la question de la prime spéciale (3.000.000 FCFA par joueur) qui ne devait pas se justifier uniquement par une enveloppe financière. Les héros de Kigali sont jeunes. A notre niveau, nous avons jugé de leur inculquer certaines valeurs morales telles que le patriotisme et l’honneur de la patrie. C’est pourquoi nous avons décidé d’ouvrir officiellement des comptes d’épargne pour la prime ordinaire des 4 matches gagnés qui s’élève à 2.350.000 FCFA par joueur. Cette décision a pour but d’empêcher certains parents de ne pas utiliser l’argent. C’est vous dire que le Gouvernement du Faso travaille de façon collégiale. Je dis à mes collaborateurs que le plus important pour moi, ce n’est pas d’être ministre de la République, mais ce que j’ai pu faire pour mon cher pays lorsque j’occupais ce poste de responsabilité. Je vous le confie : le Gouvernement travaille de façon collégiale, il n’y a pas de Zorro, ni de Tarzan. Ensemble nous vaincrons !
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rnSur un autre chapitre, les Juniors et les Etalons locaux ne sont pas qualifiés dans leurs catégories respectives. Etes-vous déçu de cette contre-performance, monsieur le ministre ?
rnLe Burkina Faso a l’une des plus meilleures équipes juniors de la sous-région. Il a remporté à cet effet les tournois de Rezé en France, de Barcelone en Espagne et d’Allemagne. Nous avions à l’époque un coach allemand qui était professeur de football et non un entraîneur.  Il a inculqué la technique aux enfants mais pas comment marquer des buts. Les enfants maîtrisent  bien le ballon mais ne marquent pas de but. Or vous savez en football, l’essentiel, c’est les buts. Ils ont été éliminés par le Bénin aux tirs au but. Au niveau local, nous sommes en train de recadrer les choses au niveau des clubs qui n’ont aucune organisation. Les championnats locaux sont délaissés au profit des championnats européens et ce phénomène est presque le  même dans les pays de la sous- région. Car les clubs brillent le temps d’une saison. Les joueurs sont à la limite bradés en Europe et ailleurs. Nous sommes en train de trouver les voies et moyens pour  redorer le blason de notre championnat.
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rnComment vont  les  relations entre le Ministère des sports et les Fédérations sportives du Burkina Faso qui sont plus en plus autonomes ?
rn(Il hausse le ton). Monsieur Cissouma, il n’y a pas de choses à cacher. Dans tous les pays, il y a un patron qui est le ministre des sports avec plein pouvoir. Mais ce pouvoir, faut-il le rappeler, est différent de celui qu’exerce légitiment le Chef de l’Etat élu sur un programme. Les Fédérations sont sous la tutelle du Ministère en charge des sports. Moi, je mets en œuvre une politique sportive. Donc, je ne reçois aucun ordre d’une structure Fédérale qui qu’elle soit. C’est moi, le patron. On ne peut pas être indépendant avec l’argent des autres. C’est l’Etat burkinabè qui finance la plus part des activités Fédérales. J’ai reçu une mission de la FIFA dans mon bureau. Les textes de la FIFA ne peuvent pas être au-dessus des lois  du Burkina Faso.
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rnEt pourtant, Monsieur le ministre, le sport n’est pas  politique…
rnCertes, mais les choix de la pratique relèvent du Politique.  On connaît les troubles qu’entraîne le sport dans certains pays. Ce n’est pas la FIFA qui vient rétablir l’ordre. Je vous donne un exemple palpable: une centaine de personnes ont été arrêtées au Mali après les incidents qui ont émaillé le match de football Mali-Togo des éliminatoires de la CAN 2008. Personne de la FIFA n’est venu plaider leur cause. Même l’Etat qui reçoit des financements de ses partenaires techniques et financiers passe toujours par le Ministère des Finances pour la gestion. Je ne vois pas pourquoi, une Fédération peut donc prétendre être indépendante avec l’argent du contribuable.
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rnCertains responsables sportifs vous qualifient de père fouettard…Qu’en dites-vous ?
rnJe ne suis pas un père fouettard. Si un championnat s’arrête parce qu’il y a pas d’argent, il faut réagir. Nous sommes tous à la recherche d’un bien-être. Mais il n’est pas question de se remplir les poches avec l’argent du contribuable.
Il faut que les choses se passent dans la transparence.
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rnCroyez-vous à l’avenir du sport au Burkina Faso ?
rnBien sûr ! Le sport a un bel avenir dans notre pays. On s’y attèle. Sans le sport, j’imagine le nombre d’enfants qui se seraient retrouvés dans la rue. La jeunesse a besoin d’un encadrement. J’invite les dirigeants à être des exemples,  car on vient pour servir le sport et non se servir du sport. Je cite par exemple le sida. Car les malades maigrissent et ceux qui s’occupent des malades grossissent. Ca devait être le contraire. Je voudrais aussi remercier le président de l’Union Economique Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA), Soumaïla Cissé pour l’initiative du tournoi de l’UEMOA. Le tournoi va au-delà de l’aspect sportif. Il  fédère la jeunesse et cultive la solidarité humaine entre les responsables des pays de l’espace UEMOA. A chaque édition, nous nous retrouvions et discutions entre responsables pour mieux asseoir la pratique sportive dans les pays de l’espace.
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rnPar Baba Cissouma, envoyé spécial à Ouagadougou

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