Pendant que les militaires Mauritaniens retournent au front contre la bande d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) dans le nord du Mali, l’Etat mauritanien distribue des vivres aux populations nomades maliennes, jusque dans le septentrion du pays. Pourquoi ce brusque changement de stratégie d’un homme accusé d’avoir ordonné le bombardement des mêmes populations ? Que se passe-t-il ? Mohamed Mohamed Ould Mahmoud, représentant d’une communauté bérabiche tente ici de nous éclairer. Il a pris part à la rencontre entre les notabilités du Nord Mali et le président Mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz. C’était, en septembre dernier à Bamako, suite à la bavure de l’armée mauritanienne qui a fait deux victimes au sein de leur communauté.
«Le combat»: Vous avez rencontré le président Mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz quelques jours après ce raid mauritanien qui a coûté la vie à deux femmes civiles dans la région de Tombouctou. De quoi avez-vous discuté ?
Mohamed Ould Abdel Aziz: C’est un plaisir pour nous de rencontrer le président Ould Abdel Aziz quelques jours après ce raid qui à coûté la vie à deux femmes. Nous avons appris la nouvelle auprès de nos concitoyens. Nous aurions aimé l’apprendre par la voix la plus officielle mauritanienne, question de voir quelles dispositions le président Ould Abdel Aziz allait prendre éviter pareilles déconvenues.
Lorsqu’on lui a dit qu’on le rencontrait au nom de la communauté arabe, il nous a fait comprendre qu’il n’a rien contre cette communauté. En revanche la Mauritanie se sent menacée par les activités d’AQMI. Et il s’est dit par conséquent obligé, de prendre des dispositions face à la menace avec ce que cela comporte en termes de dégâts collatéraux.
Nous avions rebondi sur le sujet en rappelant la situation des victimes de bombardements.
Il nous a rassurés et même demandés d’être ses porte-paroles auprès des communautés pour gérer au mieux toutes les situations qui se présentent.
Quels sont concrètement les engagements que le président Mauritanien a pris pour dédommager les familles victimes et éviter à son armée ce genre de bavures ?
On n’en pas parlé spécifiquement. Les malheureux événements venaient juste de se dérouler et personne n’avait encore tous les éléments d’appréciations. Il nous a cependant promis qu’une fois arrivé à
Nouakchott, et après s’être informé, de prendre toutes décisions utiles en vue d’indemniser les victimes.
A-t-il reconnu la responsabilité de son armée dans les tueries en question suite aux bombardements?
Non il n’a pas formellement reconnu ! Il a plutôt soutenu qu’il n’avait pas suffisamment d’informations sur cette opération. Vous savez, chez nous au nord, les populations sont fatalistes. Elles remettent leur sort à Dieu et à l’Islam. Elles n’ont pas l’habitude de réclamer des compassassions pour leurs morts dans ce genre de situations. Les familles ont laissé le soin aux leaders locaux et nationaux de gérer la question. Et nous, notre rôle est d’établir une coordination avec les autorités locales afin de telles situations ne se reproduisent plus.
Quel est, à l’heure actuelle, l’état de la situation au Nord, au regard de la responsabilité de l’armée mauritanienne dans les bavures et question et compte tenu de sa présence parmi ses victimes au jour d’aujourd’hui ?
J’’ais appris comme tout le monde que l’armée Mauritanienne et malienne sont dans cette zone. Moi je pense même qu’il faut que d’autres armées s’y ajoutent. On ne peut pas avoir un résultat avec une seule armée par ce que la bande est très large et très vaste et la population civile est dispersée. Les problèmes ne sont pas si simples. Il faudra que les pays coordonnent leurs activités.
Pour le moment il ya une sorte d’accalmie qui donne un bon présage.
Aviez-vous remarqué quelque chose d’inhabituel ?
En effet ! Nous apercevons beaucoup moins des éléments de la nébuleuse AQMI maintenant que par le passé. C’est peut-être du à cette présence conjointe des troupes Maliennes et Mauritaniennes sur ces les lieux jadis abandonnés.
Comment vous voyez le nord Mali dans un avenir proche ?
Lorsque les armées et la société civile de tous les pays riverains de la bande sahélo saharienne se mettront ensemble et avec une bonne coordination des activités, nous allons parvenir à des résultats probants.
Les communautés et les différents Etats doivent travailler ensemble et trouver des nouveaux mécanismes pour faire ramener la culture de la paix dans la bande Sahélo-saharienne. Ca ne peut être l’apanage d’un seul Etat.
La dernière libération des trois otages des mains d’AQMI est déjà un bon signal. Et puis que cette libération a eu lieu au Niger, cela veut dire qu’au niveau de ce pays, les leaders s’impliquent davantage au sujet de l’insécurité dans la bande sahélo saharienne.
Nous sommes contre ces prises d’otages… Ce phénomène a été exacerbé par le vide que les Etats riverains de la bande ont crée. Il à été occupé par cette nébuleuse. Il revient donc aux Etats de combler ce vide.
Entretien réalisé par Baba Ahmed
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