Dans l’entretien exclusif qu’il a bien voulu nous accorder, le Président de l’ATVR, Mohamed El Béchir Ben Abdallahi, évoque les grands traits du contentieux qui oppose son association à l’Etat du Mali
Un vieux contentieux oppose votre association, l’ATVR, à l’Etat malien. De quoi s’agit-il?
C’est une très longue histoire, mais je vais essayer d’abréger les choses. L’Etat malien a initié une réforme économique qui a abouti naturellement à un programme de départs massifs à la retraite anticipée, de près de 5 666 agents de la Fonction Publique malienne, en deux vagues. Avec un effectif de 643 agents, la première vague est totalement constituée de fonctionnaires. La deuxième vague, elle, est constituée de fonctionnaires, militaires et conventionnaires. Elle est forte d’un effectif de 5 023 agents. Le Programme a lamentablement échoué dans son essence. La Banque Mondiale, de son côté, s’est acquittée, en versant 310 milliards de FCFA. J’avoue que l’Etat malien n’a daigné verser aux partants, les bénéficiaires exclusifs de ce fonds, qu’une infime partie de ce montant.
Il nous est revenu que vous avez récemment esté l’Etat malien devant la Cour de Justice de la CEDEAO. Qu’en est-il au juste?
Exténués et découragés – car toutes les démarches au Mali furent vaines – les partants ont été obligés de citer l’Etat malien devant la Cour de Justice de la CEDEAO. Nous attendons avec impatience le résultat du jugement du 11 février 2014, dont le délibéré est prévu pour le 15 mai prochain et jours suivants s’il y a lieu.
Qu’en est-il du cas des partants décédés?
Le Bureau de Coordination de l’ATVR mettra tout en œuvre pour que les ayant-droits puissent bénéficier des résultats escomptés, s’il plaît à Dieu.
Quels appels avez-vous à lancer en direction des autorités maliennes et des partenaires techniques et financiers, d’une manière générale?
Nous lançons un vibrant appel aux autorités maliennes pour la réparation d’un préjudice causé il y a plus de deux décennies, si tant est que l’Etat est une continuité. L’Etat ne doit jamais perdre de vue les objectifs du Programme tels qu’il ressortent d’une lettre circulaire du ministre de l’Emploi et de la Fonction Publique d’alors, Mme Diallo Lalla Sy. «Après un premier Programme de départs volontaires ayant concerné, de 1987 à 1989, 644 fonctionnaires, le présent Programme privilégiant le volet reconversion – réinsertion par le renforcement des équipements, de l’encadrement et, en augmentant et en diversifiant le nombre des agents, se fixe pour objectif la réinsertion des partants dans le secteur privé, l’amélioration de la productivité et de l’efficacité des services administratifs, par le renforcement des équipements et la mise en œuvre du programme de formation, la réduction des charges de personnel de l’Etat. Ceci devrait permettre d’atteindre les objectifs fixés par le Parti et le Gouvernement dans le cadre du Programme d’Ajustement Structurel. Le Programme constitue, à cet égard, une mesure d’accompagnement permettant d’atténuer les conséquences sociales qui auraient pu naître de l’application stricte des dispositions législatives et réglementaires».
Aux partenaires techniques et financiers, Banque Mondiale, ONGs et autres, je demande de tendre une main secourable aux partants volontaires, pour qu’eux et leurs enfants sortent d’un statut de quasi parias dans lequel l’Etat du Mali les a confinés, pour apporter leur pierre à l’édifice national, en s’insérant au mieux dans le tissu socio-économique du pays.
Yaya Sidibé