Dans cette interview, le président du Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM) parle de l’apport des Maliens de l’extérieur lors de la concertation nationale pour la Transition. Il se prononce également sur la situation politique du pays
L’Essor : Quelle lecture faites-vous de l’évolution de la situation politique du pays ?
Mohamed Cherif Haïdara : Nos habitudes ont été, par le passé, de s’intéresser uniquement aux problèmes liés à la diaspora, mais nous avons compris pour un certain nombre de raisons que les Maliens de l’intérieur ne sont finalement d’accord sur rien. C’est partant de ce constat que le CSDM a décidé de s’impliquer chaque fois qu’il y a eu des problèmes dans le pays.
Récemment, quand il y a eu les revendications, nous avons rencontré tous les acteurs notamment l’ancien Premier ministre, Dr Boubou Cissé, l’imam Mahmoud Dicko, l’ex ministre de la Réconciliation, Lassine Bouaré pour poser les bases des négociations. Il s’en est suivi ce qui est arrivé le 18 août. C’était prévisible, parce que le président n’a pas bien appréhendé le problème politique malien qu’il a voulu externaliser et cela a renversé certaines positions.
Parce que les Maliens sont un peuple atypique qui est issu de trois empires. On ne peut les forcer à faire quelque chose. Il est donc très important de connaître le profil psychologique du Malien si on veut régler un problème avec nous. Aujourd’hui, nous sommes arrivés à une situation que nous avons vécue dans le passé. C’est exactement le même scénario qu’en 1968, 1991 et 2012. Et le 18 août 2020 un coup d’État a mis fin à un soulèvement social de quelques mois.
Mais il faut rappeler qu’en 1991 quelques semaines après le renversement du régime, Amadou Toumani Touré (ATT) a formé une autre organisation pour gérer le pays avec le Mouvement démocratique. À l’époque, ATT a dit qu’il avait parachevé le travail du Mouvement démocratique tout comme le CNSP a affirmé avoir terminé le boulot du M5-RFP. Aujourd’hui, nous ne pouvons adopter les mêmes solutions d’il y a 30 ans, car le monde a évolué et les choses ont changé.
L’Essor : Les termes de référence des concertations nationales ont été validés samedi dernier. Quel sera l’apport de la diaspora malienne lors des discussions ?
Mohamed Cherif Haïdara : Nous avons été conviés à Kati où nous avons dit ce que nous pensons être une solution. Cependant, nous regrettons que dans les TDR, sur les 10 points aucun n’ait été consacré à la diaspora. Nous avons d’ailleurs dénoncé cette situation dans la salle. Au niveau de la diaspora, nous avons nos problèmes de carte NINA, nos soucis de passeport qui n’ont pas été réglés. Ces documents constituant l’expression même de la souveraineté malienne sont imprimés en dehors du Mali.
Ce qui équivaut à une violation de droit des Maliens. Nous avons un fichier électoral qui fait 8,6 millions de personnes. Sur ce chiffre, moins de 500.000 représentent les Maliens établis à l’étranger. Cela est inadmissible. Nous avons aujourd’hui, plus d’un million de nos compatriotes en Côte d’Ivoire qui ne sont ni Ivoiriens ni Maliens parce que tout simplement ne disposant d’aucun papier.
Or, rien n’empêcherait nos autorités d’envoyer des magistrats dans ce pays, faire des jugements supplétifs pour leur donner des cartes consulaires. La diaspora malienne regorge de personnes faisant la fierté de leurs pays de résidence et qui veulent investir au Mali. Donc, nous voudrions qu’un 11è point sur la diaspora soit ajouté aux TDR.
Notre position est cette fois-ci claire voire tranchante. Nous demandons qu’un Malien de la diaspora dirige l’une des trois premières institutions de la future transition. Il s’agit de la présidence de la transition, du poste de Premier ministre ou de la tête l’Assemblée constituante. Aussi, nous demandons que 30% du gouvernement de la transition soit issu de la diaspora, puisqu’elle représente aujourd’hui six millions de Maliens.
Donc, il faut que nous soyons représentés désormais dans toutes les institutions afin de garantir la refondation d’un nouveau Mali. Nous sommes dans une phase de construction d’un Mali de quarante à cinquante ans à venir. Si nous ratons cela comme en 1991, il y aura un autre coup d’État dans dix ans. Nous voudrions qu’on ne parle plus de Maliens d’Azawad, du Nord, du Centre, du Sud, mais des Maliens tout court. Parce que nous sommes nés Maliens et égaux.
L’Essor : Quelle architecture préconise le CSDM pour la transition ?
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