Depuis le renversement d’IBK par les militaires, le Mali vie au jour le jour. La semaine passée des journées de concertation ont été ouvertes pour choisir comment diriger la transition. C’est dans ce cadre que Mohamed Ag Assory analyste politique non moins bloggeur nous livre son analyse. Entretien.
Mali-Tribune : Huit ans après le coup d’Etat de Sanogo, le pays vient de connaitre un autre coup de force. Pensez-vous que le Mali vit une crise de société ou une crise d’Etat ?
Mohamed Ag Assory : l’intervention de l’armée en 2020 est le reflet d’un gros malaise, non seulement un malaise institutionnel mais aussi qui est rattaché à un peu de tout ce qui se passe dans le pays depuis bientôt huit ans. L’enlisement de la situation, la suite du processus de paix, de l’insécurité galopante, de la pauvreté, des différents scandales liés à la mauvaise gouvernance : voilà c’est un cocktail un signe qui montre que quelque chose ne va pas dans ce pays et qu’il faille vraiment essayer de trouver des solutions pour en finir avec ce cycle à répétition.
Mali-Tribune : Entant qu’analyste politique quelle transition préconisez-vous ?
M.A. A. : Pour la transition, je pense qu’il faudrait des larges concertations entre les Maliens, que les Maliens se parlent, que les Maliens désignent une équipe de la transition qui est aussi large et représentative que possible avec des objectifs clairs et précis et pour un temps court et cela va permettre de retravailler surtout les aspects qui posent problème notamment les aspects constitutionnels liés à la loi électorale, liés de façon large en notre mode de gouvernance et procéder à certains réaménagements militaires ou civils, civils ou militaires franchement je sais pas trop, mais il faut trouver quelqu’un de très intègre, de très compétant et surtout qui a une vision pour le Mali.
Mali-Tribune : S’il s’avère que la transition sera dirigée par les militaires quels seront les leviers sur lesquels les militaires doivent marcher ?
M.A. A. : Á ce stade il n’y a aucun schéma qui se précise entre militaire ou civil. Pour les militaires au début moi j’avais fait une analyse pour dire qu’il y avait trois schéma possible et dans tous ces schémas là on ne peut pas exclure les militaires. Donc il faut trouver une forme d’une équipe hybride c’est-à-dire civilo-militaire pour conduire cette transition. Maintenant qui à quel poste ? Ça c’est vraiment autre question, il est trop tôt pour renter dans ces détails.
Mali-Tribune : Le mouvement du 5 juin multiplie des va-et-vient avec la junte, que veut au juste le M5 ?
M.A. A. : Le CNSP et le M5 c’est une longue histoire. Le CNSP s’estime être l’acteur qui doit mettre tout le monde en marche et le M5 espère être l’acteur privilégié et à privilégier dans cette transition et le CNSP ne l’entend pas de cette oreille. Donc il est clair que le CNSP aujourd’hui essaye d’être équidistant avec tous les mouvements et partis politiques pour mettre tout le monde sur le même pied d’égalité.
Mali-Tribune : Au premier jour des concertations, Kaou Djim a tenu des propos très durs envers le M5. Peut-on parler de rupture entre le M5 et la CMAS ?
M.A. A. : Comme on dit la lutte unie et le pouvoir divise donc le M5 je crois vit une période très difficile aujourd’hui parce que pour un mouvement pareil il fallait avoir un ennemi commun qui était l’ancien régime qui n’est plus là donc les fractures internes vont commencer à émerger. Je pense que le mouvement ne survivra pas en continuant ainsi et peut-être sous une autre forme. Mais le M5 comme on l-a connu vraiment est en train d’aller vers sa fin avec les déclarations qu’on a entendu çà et là.
Mali-Tribune : Pourquoi la CMA a opté pour la politique de la chaise vide lors des concertations des termes de références et aux assises pour la transition ?
M.A. A. : La CMA est dans une posture politique, politique de chaise vide, je ne sais pas si c’est productif à ce stade mais c’est leur position. Je ne sais pas pourquoi ils sont comme ça.
Mali-Tribune : Les députés de l’Assemblée nationale dissoute demandent leur rétablissement dans leurs fonctions constitutionnellement est-ce faisable ?
M.A. A. : On est plus dans la constitution depuis le coup d’Etat avec l’Acte fondamental. On se retrouve vraiment dans un système juridique exceptionnel maintenant selon la constitution. Mais politiquement tout est possible il se peut que s’il n’y a jamais un accord entre le CNSP, la classe politique et la Cédéao pourquoi pas explorer cette possibilité et en politique rien n’est impossible mais aujourd’hui sur le terrain cette question n’est plus d’actualité mais rien n’est à exclure sur le champ politique.
Ousmane M. Traoré
(Stagiaire)