Fondée en 1984 par Mme Sanogho Kadiatou Bagayoko (paix à son âme), l’Association malienne de lutte contre les déficiences mentales chez l’enfant (Amaldeme) traverse une mauvaise passe depuis le décès de sa fondatrice en 2005. Et les difficultés ne font que s’accentuer au point de menacer l’existence même de cette structure qui comble un vide immense en matière de prévention et de prise en charge de la déficience mentale chez l’enfant. Dans cet entretien, sa vice-présidente et fille de la fondatrice, Mme Yasmina Sanogho, nous parle des difficultés actuelles, de leurs besoins…
Qu’est-ce qui a motivé la création de l’Amaldeme ?
Yasmina : C’est à partir de son expérience personnelle que la regrettée Madame Sanogho Kadiatou Bagayogo, assistante sociale et mère de deux filles déficientes intellectuelles, a fondé l’Association malienne de lutte contre les déficiences mentales chez l’enfant (Amaldeme). Créée le 31 juillet 1984 et reconnue d’utilité publique en janvier 1996, l’Amaldeme est une association humanitaire à but non lucratif regroupant des partenaires dans l’action au service de la justice sociale en faveur des personnes déficientes intellectuelles.
Elle vise la prise en charge de la problématique de la déficience intellectuelle, la prévention de la déficience intellectuelle, la promotion de la justice sociale et la défense des droits humains des personnes déficientes intellectuelles ainsi que la formation des enseignants spécialisés. L’association s’occupe aussi de la prise en charge éducationnelle et l’insertion familiale, sociale, économique et professionnelle des personnes déficientes intellectuelles ; de la promotion de leur autonomie par la valorisation de leur personne afin qu’ils puissent s’impliquer dans la conception, l’élaboration et la mise en œuvre des décisions politiques concernant leur vie ainsi que de l’appui-conseil aux parents d’enfants déficients intellectuels.
Parlez-nous des difficultés actuelles de l’Amaldeme ?
Nos difficultés actuelles sont de plusieurs ordres. Elles sont avant tout financières avec le retard de payement des salaires liés au fonctionnement courant. Présentement, nous sommes à 4 mois de retard de payement des salaires malgré le fait que nous ayons été obligés de compresser du personnel. Nous sommes également confrontés à des difficultés liées aux ressources humaines ave un besoin de formation qualifiante en éducation spécialisée (orthophonie, ergothérapie et psycho motricité). Et nos difficultés sont également liées à l’absence voire à l’insuffisance du matériel et logistique ainsi que du matériel éducatif, du manque de matériel de bureautique et d’absence de moyen de transport pour les enfants. Il est à noter que l’EDM (Energie du Mali) a suspendu sa fourniture d’électricité depuis trois (3) ans déjà pour un montant de dix millions cinq-cents quatre-vingt quinze mille francs Cfa (10 595 000 Frs CFA) de (2004 à avril 2011) donc ni eau, ni électricité, ni moyen de communication. Un vrai calvaire pour les enfants et le personnel d’encadrement. Les autorités maliennes sont informées de toutes ces difficultés. Mais, elles tardent à se manifester.
Quels sont vos besoins réels aujourd’hui ?
Nos besoins réels portent sur la régularisation du payement des salaires, la reprise du fonctionnement du centre (cantine, transport des enfants, fournitures de bureau) et l’établissement de la fourniture d’électricité, du téléphone, fax. Il est aussi indispensable d’assurer la formation du personnel. Je rappelle que les bonnes volontés peuvent nous faire parvenir leurs aides dans nos comptes bancaires suivants : BOA (Banque of Africa) No 00151117993-01 et BDM (Banque du Mali) No 26001040846-70. Notre siège social est à Lafiabougou-Taliko pour ceux qui souhaitent nous rendre visite ou faire des gestes en espèces ou en nature.
Quel message adressez-vous aujourd’hui aux mères dont les enfants souffrent de déficience ?
Je demande à toutes ces mères : d’accepter leur différence, de leur donner beaucoup d’amour et d’attention ; de respecter leur personnalité et leur dignité ; de leur donner les mêmes chances que les autres enfants ; de leur reconnaître tous leurs droits. Comme aimait tant le dire ma défunte mère : «Même si ton enfant est un serpent, attache-le à ta ceinture». Et ne cessait de nous rappeler que «nul n’est à l’abri d’un handicap dans la vie. Et dans cette existence de plus en plus aléatoire, il est très facile de basculer d’une vie à l’autre» !
Propos recueillis par Hamady TAMBA
Il y a un bail que je n avais pas lu une lecture de ce niveau !!!
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