Mme Niakaté Goundo Kamissoko, présidente de la FENAFER : «La crise ne nous a fait que du mal»

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En tournée avec le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, la Présidente de la Fédération nationale des femmes rurales (FENAFER), Mme Niakaté Goundo Kamissoko, a bien voulu s’entretenir avec nous sur, entre autres, les problèmes que connaissent ses sœurs en cette période de crise.

Vous avez pris part à la récente tournée entreprise par le ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, en 4ème et 5ème régions. Quelles leçons en tirez-vous?

Niakaté Goundo Kamissoko: Je tiens tout d’abord à saluer la volonté du ministre de nous associer aux différentes missions du département, car, comme vous le savez, les femmes prennent une part très considérable dans le développement rural. Nous nous sommes rendus tout d’abord à l’Office du Niger, où les travaux d’aménagements vont bon train. Je crois qu’une fois ces travaux achevés, la productivité augmentera encore, pour le bonheur des producteurs et, surtout, celui des femmes. J’ai été très agréablement surprise de constater que notre pays faisait d’immenses efforts pour accroitre les surfaces cultivables dans la zone Office du Niger. A Djénné et dans la périphérie de Sévaré, nous avons vu un autre aspect du développement agricole, le barrage et la modernisation de notre agriculture. Je crois que le Mali est en train de fournir d’énormes efforts pour industrialiser la production agricole, comme nous le voyons en Europe ou dans les autres pays développés. Si nous continuons sur cette lancée, je crois que nous allons atteindre la souveraineté alimentaire, malgré les nombreux problèmes que le pays connaît.

Justement, le Mali connaît de nombreux problèmes liés à la crise au Nord, mais aussi au Sud, avec le bras de fer institutionnel. Conséquences: plusieurs bailleurs de fonds qui œuvrent dans le domaine agricole ont fermé le robinet. Quels en sont les impacts au niveau des femmes rurales?

N.G.K: Les deux crises, surtout celle du Sud, ne nous ont apporté que le malheur. Nous n’en avons ressenti que des effets négatifs. Imaginez-vous un instant qu’une femme ne puisse plus compléter le prix de condiments. C’est catastrophique! Nous sommes celles qui arrondissent les fins de mois, nous sommes celles qui s’occupent des petites dépenses dans la maison. On ne peut pas quand même, à chaque instant, demander à nos maris de nous donner l’argent pour les beignets où les bonbons… Bref, cette crise nous ne nous a fait que du mal. En outre, tout est devenu cher. Pire, les différents projets qui faisaient vivre des centaines de personnes sont à l’arrêt. Comme moi, vous savez que le gouvernement ne peut pas faire face au financement agricole. Si nos partenaires ne veulent plus nous aider, je crois que nous aurons de sérieux problèmes. Tout ce que nous, les femmes rurales, voulons, est que tout redevienne comme avant, car si le pays est en crise, nous souffrons plus. Nos enfants aussi. Personnellement, je possède plusieurs tonnes de produits maraichers non écoulés. C’est parce que la crise est passée par là.

N.G.K: Quel message voudriez-vous faire passer aux femmes rurales?

Je veux qu’elles comprennent que la crise, c’est pour un temps bien précis. Elle n’est pas éternelle. C’est pourquoi je leur demande de serrer la ceinture et de mieux gérer les acquis. Cette crise peut aussi nous être utile, car elle nous apprend à vivre autrement. Elle nous aide à nous connaître nous-mêmes, et, surtout, à nous donner la main. Nous sommes dans un pays de partage, de solidarité et de cohésion sociale. Nous ne devons donc pas oublier que nos sœurs qui se trouvent encore au Nord du Mali, ou qui ont quitté cette zone de notre pays à cause des troubles, souffrent. Nous devons leur venir en aide tant que nous le pouvons.

Propos recueillis par Paul Mben

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