Dans le cadre de la promotion de la lecture comme facteur de développement, nous avons rencontré une férue de la lecture en la personne de Mme Mbengue Mariama Ndoye, Ex Directeur du livre du Sénégal qui a bien voulu nous accorder une interview. Entretien !
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis Mme Mbengue Mariama Ndoye, écrivaine sénégalaise. J’écris des nouvelles, des romans et des livres pour enfants.
Ma nouvelle “sœurs dans le souvenir “ a remporté le 2 prix Sénégal-Culture de la nouvelle en 1982.
Mon roman “Soukey”, le prix Vinvent de Paul Nyonda des lycéens gabonais en 2000.
Mon roman “L’arbre s’est penché” le prix Ivoire 201
Je porte le Mali dans mon cœur, j’y ai des amis chers.
Qu’est-ce que la lecture selon vous ?
La lecture est un important facteur d’épanouissement personnel et un facteur de développement socio-économique pour un pays. Le livre est un bien culturel. Le citoyen qui sait lire et écrire est maître de son destin; cela augure d’un avenir radieux. L’alphabétisation des populations est un impératif de développement. L’atteinte des objectifs du millénaire pour le développement requiert le savoir livresque. Depuis Senghor et même avant lui, le Sénégal est un pays où celui qui manipule le livre, sait lire et écrire jouit d’un certain prestige. Le livre en règle générale est un outil, voire un symbole de connaissance. Le savoir et la culture sont transmis par la famille, les griots, les livres.
Le développement, c’est l’accès de tous à l’instruction. L’homme ne vit pas que de pain, de mil, de riz et d’eau fraîche. Son esprit aussi doit se nourrir, cela passe par la lecture. Le livre informe le citoyen de ce qui se passe dans le monde; le fait voyager en esprit; lui permet d’accéder à d’autres cultures et à toutes les connaissances depuis l’antiquité. Dans la vie quotidienne, l’art de savoir lire rend accessibles les programmes de politique agricole, les campagnes médicales d’information et de prévention médicales etc.;
Le livre est une des clés du succès.
N’oublions pas que c’est par les livres saints que notre foi est entretenue quelle que soit la religion révélée dont nous sommes les adeptes.
L’importance de la lecture pour l’ex directeur du Livre et de la lecture que je suis ne saurait être circonscrite dans le cadre d’une seule interview.
Qu’est-ce que la lecture vous a apporté ?
Le livre m’apporte le savoir, l’enracinement dans ma culture par mes recherches( doctorat de 3ème cycle en littérature orale en 1982), l’ouverture aux autres et à leurs cultures, la connaissance, la joie d’écrire et la jouissance de tous les avantages que cela m’apporte notamment d’être lue et appréciée de par le monde. Là où les écrits arrivent, notre message porte.
On dit souvent que les africains ne lisent pas, selon vous, ce constat amer est dû à quoi ?
Je pense que les africains lisent plus qu’on ne le pense. Ils n’ont pas toujours les moyens d’acheter des livres mais un livre acheté par un quidam est lu par vingt ou trente personnes car il passe de mains en mains. Nous avons des civilisations du partage. Le bien privé est souvent “commun”. Il est difficile d’avoir une bibliothèque totalement privée. Les livres circulent. Cependant il est bon de les rendre plus accessibles à toutes les bourses et d’en favoriser une meilleure circulation à travers le continent.
Avec l’arrivée de l’internet, ne craignez- vous pas la disparition du livre imprimé ?
L’internet diffusera le livre parmi les privilégiés qui ont accès à ce médium. Mais le livre restera toujours un objet à toucher, caresser, à placer sous l’oreiller, à parcourir et re -parcourir. L’i-pad ou la clé usb ne sauraient le détrôner avant longtemps pour ne pas dire jamais.
Quel appel avez-vous à lancer ?
Pour terminer, je vous remercie de vous être intéressé à mon propos. Je souhaite bonne lecture à tous. A ceux qui ne seraient pas encore “convertis” à la Lecture, je dis, “vous ne savez pas ce que vous perdez. Lisez et surtout écrivez, l’Afrique a besoin d’être lue.”
Interview réalisée par Mamadou Macalou