Ancien membre influent du Comité exécutif de l’ADEMA-PASJ, ancien maire de la commune I du district de Bamako, Mme Konté Fatoumata Doumbia demeure l’une des « Dames de fer » du parti de l’abeille solitaire. Elle ne mâche pas ses mots et n’hésite pas à aller au charbon lors des grands rendez-vous politiques. Dans cette interview exclusive, cette « Gardienne du temple » de la Ruche assure qu’il est souhaitable que le parti ait son candidat à la prochaine élection présidentielle. Non sans déclarer qu’à ses yeux, un réaménagement gouvernement est aujourd’hui inopportun..
Comment se porte aujourd’hui l’ADEMA-PASJ (sans langue de bois)?
Aujourd’hui l’ADEMA-PASJ se porte tant bien que mal : la Direction Nationale du parti, le Bureau National du Mouvement des Jeunes tiennent régulièrement leurs réunions. Ils ont des contacts avec les partenaires : autorités nationales, partis politiques, société civile etc.
Nous sommes représentés au CNT et avons participé à la commission d’élaboration du projet de constitution qui va être soumis au référendum dans un mois.
Comment le parti de l’abeille compte-t-il célébrer son anniversaire demain jeudi 25 mai
Le parti avait décidé provisoirement de délocaliser la célébration de cet anniversaire à l’intérieur du pays, à Ségou, mais aux dernières nouvelles, je crois que l’événement sera célébré par une rencontre au CICB et il permettra de réfléchir à la situation actuelle du parti avec à la clé un certain nombre de thématiques. Il s’agit aussi de faire un débat général pour essayer de comprendre avec les militants et surtout le discrédit général sur les partis politiques. Dans la mesure où c’est l’ADEMA qui est le plus visé par cette campagne de diabolisation.
Ce sera aussi l’occasion d’échanger sur le choix idéologique du parti, la sociale –démocratie et partager des idées sur le parcours du parti et la situation du pays.
Il y a aujourd’hui un discrédit général sur la classe politique. Comment le parti de l’abeille fait pour résister à cette diabolisation?
Comme toute la classe politique l’Adema-PASJ est fortement interpellée à tort ou à raison par le peuple malien. Comme vous l’avez si bien dit c’est un discrédit général et une diabolisation que nous subissons tous. Dans ce contexte notre parti ne baisse pas le bras et continue la réflexion pour mieux se préparer pour les échéances prochaines.
Quelle est la position réelle et sincère du PASJ par rapport au référendum du 18 juin prochain ?
Concernant la question précise du référendum notre parti a adopté une des démarches les plus transparentes et honnête. Les documents du projet de constitution ont été envoyés dans toutes les structures afin de mieux orienter le Comité Exécutif dans son choix. A la date d’aujourd’hui après la section de de Gao qui a donné le ton celle du Niono et de Dioïla ont déclaré que leurs militants sont favorables à un vote positif. Idem pour les sections de Yanfolila, de Mopti, de la commune II, commune V, etc.
Il faut espérer que cette tendance va continuer.
Quel bref bilan à mi-parcours pourriez-vous établir de la Transition, par exemple sur le plan de la bonne gouvernance, de la justice et de la crise sécuritaire ?
Dans les domaines de la justice de la bonne gouvernance et de la sécurité je dois dire que la transition a un bilan globalement positif.
Cependant je dois avouer que nous aurions pu faire mieux en profitant de la montée en puissance de nos forces armées.
En effet, notre souveraineté proclamée le 14 janvier 2023 a raté de mon point de vue l’occasion de s’affirmer davantage.
Le DNI, les Assises Nationales de la Refondation ont exprimé la volonté du peuple malien pour une relecture de l’accord d’Alger mais l’actuel projet de constitution ne prend pas en compte la révision intelligente pour laquelle tous les maliens seraient d’accord.
Etes-vous rassuré quand au respect du chronogramme électoral de la Transition, avec la présidentielle en février prochain?
Je puis vous assurer que le respect du chronogramme n’est pas mon souci majeur. Si les autorités s’engagent à son respect avec l’élection présidentielle au mois de février nous devons leur faire confiance. Comme disent les anglais Wait and see.
Quid des rumeurs actuelles de réaménagement du gouvernement de Transition ?
Pour moi, personnellement, je ne pense pas que ce soit opportun, quand on sait que le gouvernement est déjà dans des concertations et la vulgarisation du texte constitutionnel. Il ya même un risque que de réaménager le gouvernement dans ce contexte d’attentes et de besoin de cohésion et de solidarité…. Car, il faut plus de stabilité pour amorcer sereinement les grandes réformes, en particulier le processus d’organisation du référendum. Je pense que pour aller sereinement vers cette consultation référendaire, il faut plus de sérénité au niveau des gouvernants. Donc, je ne saurais dire les attentes de mon parti par rapport à un éventuel remaniement de l’équipe gouvernementale. Mais, dans tous les cas, l’ADEMA-PASJ est un parti qui compte dans ce pays et ce changement ne peut pas intervenir sans que le Comité exécutif n’ait son mot à dire…
Le parti de l’abeille aura-t-il son candidat à la prochaine présidentielle ?
L’ADEMA n’a aucune autre alternative que d’avoir son candidat à la prochaine élection présidentielle. Si jamais ce n’est pas le cas ç’en est fini pour le parti et cela définitivement.
Un appel aux Maliens comme mot de la fin pour sortir le pays de la crise? Merci
Je voudrais surtout féliciter les maliens pour leur patience et leur résilience pour les besoins de sécurité et de stabilité de notre pays. J’interpelle par contre la classe politique, les acteurs du Mouvement Démocratique qui de mon point de vue ne font pas assez pour la réhabilitation de la politique et même de l’histoire dans notre pays. Depuis au moins plus de 5 ans la manipulation du citoyen malien pour remettre en cause la démocratie ne cesse de s’amplifier. Paradoxalement le nombre des partis politiques ne cesse d’augmenter. Il urge qu’on se mette ensemble pour trouver les voies et moyens afin d’arrêter toutes ces insultes et calomnies à notre endroit.
Merci à vos lecteurs et toutes mes excuses à leur endroit.
Propos recueillis par Bruno D SEGBEDJI