Mme Haidara Yale N’diaye, chef du centre VI des impôts : La compétitivité, condition préalable pour prétendre au post de responsabilité

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Mme Haidara Yale N’diaye, chef du centre VI des impôts
Mme Haidara Yale N’diaye, chef du centre VI des impôts

Diplômée de l’école nationale d’administration (ENA), Mme Haïdara Yalé est chef de centre des impôts de la commune VI, depuis janvier 2013. La mission ne doit pas être compliquée car le centre des impôts de ladite commune est performant depuis 2006. Elle mène cette mission essentielle à elle confiée de façon très sérieuse et en toute responsabilité. Nous l’avons rencontré en cette veille du 8 mars.  Dans cette entrevue avec elle, Mme Haïdara Yalé pointe du doigt les facteurs qui empêchent l’épanouissement professionnelle et économique de la femme malienne. 

Le Pouce : En quoi consiste votre travail ici au centre des impôts de la Commune VI ?

Mme Haïdara Yalé : Le centre VI est le démembrement de la direction du district au niveau de la commune VI. Celle-ci est notre territoire de compétence. Dans cette commune,  nous recherchons et élargissons la matière imposable. Nous avons aussi pour mission d’asseoir, liquider et recouvrer la matière imposable. Bref nous sommes obligés d’asseoir, liquider et recouvrer tous les impôts et taxes se trouvant sur notre territoire.

Le Pouce : Avez-vous souvent des difficultés dans votre mission de recouvrement ?

Mme Haïdara Yalé : Il m’est difficile de répondre à cette question. Car, je ne suis pas un agent  de terrain. Il existe un receveur et une équipe qui conduit les activités de terrain. Nous avons souvent des problèmes de compréhension à cause des récalcitrants.qui refusent de s’acquitter de leur devoir. Mais, nous procédons de la manière la plus diplomatique possible pour qu’il n’y ait pas de conflit. Il suffit juste qu’ils comprennent.

Le Pouce : Quelles sont vos rapports avec les autorités municipales de la commune VI ?

Mme Haïdara Yalé : Nos relations sont des rapports de partenariat et de collaboration.  Les impôts et la municipalité ont de très bons rapports. Personnellement, je ne connais pas le maire, parce qu’il n’est pas trop disponible. Mais, nous travaillons en étroite collaboration avec son premier adjoint.  Il importe de préciser que  nous n’avons pas de taxes à recouvrer au niveau de la mairie. Nous recourons à la mairie souvent  pour leur demander des documents fiscaux, au besoin. Par exemple, nous dirigeons les contribuables vers la mairie pour payer la Taxe de développement rural et local (TDRL) qui est une taxe municipale.

Le Pouce : Peut-on savoir l’objectif de recettes assigné au centre VI des impôts pour l’exercice 2016 ?

Mme Haïdara Yalé : Il est primordial de comprendre que ce travail à déjà commencé. On s’y est déjà mis pour relever cet objectif depuis le mois de janvier. Les impôts sont à pied d’œuvre pour atteindre les objectifs qui leur sont assignés au titre de l’année 2016. La direction générale des impôts (la DGI) table 720 milliards. Ce travail a déjà commencé dès le lendemain de la date de fixation des objectifs attendus des impôts. Nous faisons tout pour pouvoir accéder aux objectifs de l’année, avant le 31 décembre. On fait le maximum possible pour atteindre nos objectifs au plu tard le 31 décembre pour pouvoir commencer la nouvelle année. Pour le moment, les objectifs ne sont pas assignés.

Le Pouce : Le 08 mars représente quoi pour vous ?

Mme Haïdara Yalé : Le 08 mars est un jour capital pour les femmes. Cette réjouissance commémore toutes les femmes du monde. S’il est vrai que la pérennisation de cette festivité se pose avec acuité, il est évident que le contexte malien est un peu compliqué. Parce que les femmes maliennes ne sont pas très cultivées, en majorité. Cet analphabétisme s’explique et est caractéristique des conditions socio-économiques et culturelles dans lesquelles les femmes se trouvent. C’est pourquoi il faut une grande communication pour faire comprendre aux femmes  le sens et les portées sociales, économiques et politiques de cette journée.

Le Pouce : De l’indépendance à nos jours, pensez-vous que la condition féminine a évolué au Mali ?

Mme Haïdara Yalé : Sans langue de bois, la condition de la femme a considérablement évolué. Faites un tour au niveau des amphis, des bureaux des services, vous comprendrez que les femmes sont débout et plus que jamais déterminées à être compétitives. Des hommes se démêlent pour que leurs épouses puissent faire de bonnes études et décrocher un emploi décent

Toutefois, il importe de souligner que des efforts restent à faire. Car, les conditions socio-économiques et culturelles ne permettent pas le plein épanouissement de la femme. Par exemple, la vie au foyer est souvent un obstacle à la scolarisation des filles. Elles sont nombreuses ces femmes très brillantes à l’école qui ont été obligées d’écourter ou d’abandonner l’école pour s’occuper du foyer. Elles ont pourtant les mêmes droits que les hommes. Donc doivent les mêmes chances qu’eux.

Le Pouce : Peut-on savoir votre perception par rapport à la notion genre et équité au sein de la direction générale des impôts ?

Mme Haïdara Yalé : Au niveau des impôts, les femmes cadres ne sont pas nombreuses. Elles  se forment en conséquence. Elles savent qu’il faut être de plus en plus compétitif. C’est la seule condition pour pouvoir prétendre aux postes de responsabilité. Nous voulons être responsabilisées au niveau des services et occuper des postes de responsabilités comme directrice ou adjointe au directeur. Nous voulons promouvoir les impôts et nous en sommes capables. Mme Haïdara Niania a été directrice générale des impôts. Elle a fait ses preuves.

Le Pouce : Connaissez-vous l’autonomisation de la femme,un thème de cette journée ?

Mme Haïdara Yalé : L’autonomisation sera effective si les femmes s’y mettaient, et comprenaient ce qui se passe. C’est juste un problème de compréhension à mon humble a vis.. Parce que, les femmes se mettent généralement à l’écart de beaucoup de choses concernant la femme. Elles ne sont pas au courant de beaucoup de décisions. Il faut une grande communication sur les droits, les opportunités et les facilités faites aux femmes pour leur autonomisation. Des femmes ne comprennent pas le sens ou le but de beaucoup de choses à elles destinées. Les femmes doivent se mettre et être mises à jour par rapport à l’évolution de toutes les préoccupations du pays.

Le Pouce : Comment conciliez-vous votre vie de femme de ménage et celle de chef de centre des impôts ?

Mme Haïdara Yalé : Je me mets dans la peau de cadres des impôts quand je suis au bureau. Lorsque je suis à la maison, je me mets dans la peau de femme au foyer.  Ma priorité est de bien faire mon boulot. Car, être femme cadre est un défi. C’est pour relever ce défi et assumer mes responsabilités que je me bats au quotidien. Le résultat est illustratif. Nous sommes performants depuis que je suis là. Mais la vie en famille est un autre défi.

Personnellement, je n’ai pas trop de problèmes. Mais, les hommes maliens n’appréhendent pas trop les femmes cadres, de façon générale. Nous sommes dans un monde mondialisé où prime le droit universel. Homme et femme doivent être équitable. Les hommes ne comprennent pas trop ça. Nous allons relever le défi. Ça c’est sûre.

Le Pouce : Avez-vous un appel à l’endroit des femmes ou des hommes s?

Mme Haïdara Yalé : « Je demande à tous (les autorités surtout) de s’impliquer pour que l’autonomisation des femmes soit vraiment effective. Il est nécessaire que les femmes s’y mettent aussi. Et vive la journée du 08 mars.

Entretien réalisé par Tiémoko Traoré

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