Mme Diawara Zeïnab Sidibé, présidente du Mouvement des femmes M5-RFP : « Notre engagement pour faire partir IBK est sans ambiguïté… »

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Pour d’évidentes raisons, les femmes du M5-RFP sont déterminées à nettoyer les écuries d’IBK. Elles ont alors quitté la réserve pour monter résolument au front.   Leur engagement de faire partir IBK ne souffre d’aucune ambiguïté. Mme Diawara Zeïnab Sidibé, la présidente des femmes du M5-RFP, a bien voulu, sans langue de bois, éclairer leur montée sur les remparts dans une interview accordée à L’Aube. Entretien exclusif.

 L’Aube :  Mme la Présidente, il est prévu par votre mouvement de tenir dans les prochains jours un troisième rassemblement, suivi d’un programme de désobéissance civile. Quel serait votre mot d’ordre pour réussir face aux défis majeurs de mobilisation, côté femmes ?

Mme Diawara Zéïnab Sidibé : Nos revendications, c’est une lutte engagée par le peuple malien, pour le peuple malien et le peuple malien. Il s’agit d’un noble combat contre la mauvaise gouvernance de Monsieur Ibrahim Boubacar Kéïta. C’est le peuple malien qui a pris conscience de la gravité des conséquences de sa mauvaise gouvernance. Ce sont les mêmes Maliens qui se sont mobilisés en 2013 pour l’élection d’IBK qui se mobilisent aujourd’hui encore pour protester contre les maux qu’il leur cause. Des maux qui ont pour nom : la corruption, le détournement des deniers publics, l’enrichissement illicite, le chômage, le manque cruel d’infrastructures routières et socio-sanitaires, la paupérisation, la misère, l’injustice sociale, le mensonge et l’insécurité galopante dans les régions du Nord et du Centre de notre pays toujours occupé. Bref, ce sont-là les raisons de ce combat patriotique auquel toutes les Maliennes et tous les Maliens patriotes sont invités à participer jusqu’à la victoire finale ; car, Monsieur IBK en qui ils ont placé leur confiance, a échoué.

Les 5 et les 19 juin dernier, la mobilisation des femmes a été très forte. Quelle va être votre stratégie pour réitérer cet exploit non seulement à Bamako mais à l’intérieur du pays aussi ?

Effectivement, à l’instar des jeunes et des autres couches socioprofessionnelles, les femmes maliennes sont sorties massivement ces jours. Issues de toutes les composantes des forces vives de la nation, elles ont répondu présentes à l’appel de notre mouvement. Pour maintenir cette mobilisation et la renforcer, nous réitérons notre appel patriotique lancé collégialement par le Mouvement des femmes du M5-RFP à l’adresse de la femme malienne tout court. Et, c’est le lieu pour nous de féliciter nos sœurs de Bamako et des régions pour avoir fait cette preuve d’engagement, et je réitère que ce combat est un combat féminin avant et après tout. Car, de 2012 à nos jours, ce sont nos enfants, nos frères et nos époux qui perdent leurs vies dans le Nord et le Centre du pays. C’est nous, les femmes, qui subissons de plus toutes les conséquences déplorables de l’échec du régime d’IBK. Or, les femmes se sont mobilisées en 2013 comme un seul Homme pour soutenir en face du monde et de l’Histoire que ‘‘c’est IBK la Solution’’ de cette crise multidimensionnelle que traverse notre pays. Dans ce cadre, notre mouvement ne ménagera aucun effort pour faire sortir encore les femmes dont la décision de faire partir IBK et son régime ne souffre d’aucune ambiguïté.

Aux yeux de l’opinion nationale et internationale, c’est un Guide religieux, en l’occurrence l’Imam Mahmoud Dicko, qui incarne l’autorité morale de votre mouvement. Sur ce, sous quel signe vous placez ce combat du M5-RFP en général et, singulièrement, le vôtre, vous, les femmes devenues très engagées contre toutes les pratiques de mauvaise gouvernance ?

Sans ambages, je persiste et signe que la plateforme revendicative du M5-RFP est placée sous le signe de « Combat pour la Patrie ». En d’autres termes, c’est une lutte hautement patriotique. Et je tiens à préciser que ce combat est très loin d’être celui à but religieux ou à caractère communautaire. Non ! Que les Maliens ne se laissent pas détourner de leurs objectifs légitimes par ceux qui ne tiennent qu’à créer l’amalgame, la confusion dans la clarté.

Donc, ce n’est point une affaire de confessions religieuses ou de considérations d’ordre communautaire ou autres.

Certes, IBK a hérité de cette crise ; mais puisqu’il a échoué, qu’il accepte de rendre pacifiquement le tablier. Qu’il veuille s’inspirer du patriotisme d’ATT qui a accepté de démissionner. Malgré que ce dernier a été victime d’un coup militaire qu’il pouvait tenter de déjouer avec l’aide de la communauté internationale, mais il a opté pour la démission afin d’éviter au Mali le pire. C’est pour dire que puisqu’IBK a failli à ses propres engagements qu’il a placés sous le slogan de campagne électorale ‘‘Le Mali d’abord…’’, qu’il doit se retirer pour permettre au peuple malien de rectifier le tir. Aujourd’hui, c’est connu de tous qu’IBK est là pour sa famille, ses clans avant et après tout, et non plus au service du Mali. De ce fait, ce qui nous mobilise et nous rend décisives, nous les femmes, c’est l’amour de la patrie. Avec ce travail de fourmi qui nous a toujours permis d’enregistrer cet exploit en terme de mobilisation, nous allons persévérer collégialement.

Qu’en dîtes-vous du dialogue qu’IBK recommande de poursuivre avec la majorité présidentielle ?

Le M5-RFP, sous l’égide de l’Imam Mahmoud Dicko, croit aux vertus du dialogue pour sortir le pays de cette crise qui n’est dans l’intérêt de personne. Cependant, voyez, Monsieur IBK n’a point de considération et de respect pour Dr. Bocari Tréta, le président de son parti, encore moins à l’égard d’aucun autre dirigeant du RPM (Rassemblent pour le Mali). Pour preuve, pour l’élection du président de l’Assemblée nationale, c’est lui IBK et sa famille qui ont dicté et imposé leur choix sur la personne à laquelle ils tenaient. Cela, sans consulter ni même se référer au parti qui avait pourtant son candidat. A mon humble avis et chez nous au M5-RFP, les membres de la majorité ne sont pas du tout de mauvaise foi, ce sont nos frères, il n’y a point de problème entre eux et le M5-RFP. Mais seulement, si IBK nous renvoie à la majorité présidentielle pour dialoguer, cela veut dire qu’il n’a même pas eu la volonté de lire le mémorandum adressé à lui par le comité de pilotage du M5-RFP. Car, dans la teneur de ce document, on n’a pas misé sur la tête d’IBK en personne. C’est juste l’intérêt du Mali, l’avenir de ce pays, son mal, la souffrance de nos enfants, de notre vaillant peuple devenus insupportables qui nous préoccupent à plus d’un titre. Et ce combat, les femmes sont décidées à le mener jusqu’au bout, jusqu’à la victoire finale. Sans doute, la mobilisation des femmes ne fera pas défaut.

Concrètement, comment se lit cet échec d’IBK ? 

Cet échec, c’est dans tous les domaines : la gouvernance, la politique de décentralisation, la sécurité, la santé, l’éducation, la justice, la lutte contre la corruption, la promotion des genres, l’emploi des jeunes, la libération du pays, etc.

En réalité, il n’a pas pu tenir ses promesses, encore moins honorer ses engagements faits au peuple malien qui l’avait élu avec plus 77% des voix en 2013. Aujourd’hui, le Mali enregistre plus de trois millions (3.000.000) d’enfants déscolarisés avec 900 écoles fermées par les terroristes et un besoin pressant de plus de 4.500 centres de santé communautaires à l’intérieur du pays. Courant semaine dernière, ce sont près d’une quarantaine de nos soldats et civils qui ont été abattus dans le Centre du pays alors qu’au même moment une vidéo satanique montrait son fils Karim Kéïta, président de la Commission Défense et de Sécurité de l’Assemblée nationale alimentait les réseaux sociaux. Lors de notre dernière réunion, il y a une de nos sœurs nordistes qui a versé des larmes chaudes dans la salle puisqu’elle ne peut plus, de nos jours, aller chez elle au Nord à cause du phénomène d’insécurité et d’attaques terroristes qui y règne.

Mais il est prêté à l’Imam Dicko l’intention d’opter pour la transformation du Mali en un Etat islamique. Qu’en dites-vous ?

C’est infondé. Car, l’Imam Dicko est certes sunnite ; mais le Chérif de Nioro avec qui il mène sa lutte patriotique est Hamalliste. En plus, l’Imam Dicko nous a toujours fait savoir que notre Prophète Mohamed (PSL) a admis, durant toute sa vie, la laïcité dans la ville sainte de Médine. Je voudrais dire par là que l’Imam Dicko n’a rien contre la laïcité de l’Etat malien ; on tente de le calomnier inutilement et vainement. En fait, ce qui oppose Dicko et Bouyé à IBK, c’est la mauvaise gouvernance tout simplement. Ces deux Guides ne visent que l’intérêt supérieur du peuple malien. Si on se souvient bien, en 2013, les enceintes de nos mosquées ont été transformées en QG de campagnes uniquement pour IBK. Tous les chefs religieux et coutumiers de Bamako avaient opté pour IBK et ont invité leurs adeptes à placer leur confiance en lui. Pour nous les femmes aussi, c’était le candidat idéal, bien que Soumaïla Cissé ne déméritait pas du tout. Tenez-vous bien, le Chérif de Nioro, sur fonds propres, a participé aux frais de campagnes électorales d’IBK à hauteur de 700 millions de francs CFA en espèces sonnantes et trébuchantes. Tout ça, sans attendre aucune contrepartie, mais dans le seul espoir que c’était IBK la solution à cette crise malienne. Mais ce ne fut qu’un espoir déçu pour tout le monde. Donc, il est un devoir de ces leaders religieux de l’interpeller, de le rappeler à la raison pour sortir le Mali de l’ornière. Dans cette perspective, les femmes restent décidées et nous sommes déterminées d’aller, cette fois-ci, jusqu’au bout pour en finir avec ce régime corrompu et d’incapables.

 

Parmi les mesures annoncées par le Président IBK pour décrisper la situation sociopolitique actuelle, figure la formation d’un Gouvernement d’Union nationale. Votre mouvement est-il partant pour ce Gouvernement ? Les femmes accepteront-elles de participer à la nouvelle équipe gouvernementale ?

Si les revendications du M5-RFP inscrites dans la défense des intérêts légitimes du peuple souverain sont entièrement satisfaites, les femmes participeront à ce futur Gouvernement. Nous demanderons même à ce que le quota devant être réservé aux femmes soit plus ou très élevé afin qu’on évite désormais ce genre de dérapages politiques. Aussi, il y va de l’émancipation féminine et de la lisibilité des sacrifices inlassablement consentis par les femmes dans le développement socioéconomique de notre pays et pour le renforcement du processus de démocratisation en cours.

Propos recueillis par

Djankourou

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