Mme Diabaté Mariam Bamba, maire de la commune rurale de Pélengana : ''Je demande aux femmes de ne pas avoir peur de gérer une mairie.''

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Ancienne chef d’agence des assurances Sabu-Nyman à Ségou, Mme Diabaté Mariam Bamba a obtenu son Diplôme d’études fondamentales (DEF) en 1982 au Lycée Sankoré de Bamako en 10è spéciale. Elle sera orientée deux ans plus tard à l’IPR de Katibougou d’où elle sortira comme technicienne supérieure des Eaux et Forêts en 1984. Mme Diakité est entrée en politique en 2002 comme militante de l’Union pour la démocratie et le développement  (Udd). Très dynamique dans les associations féminines elle est désignée, en 2003, ”l’homme de l’année” par la presse locale. L’alliance Urd – Miria a sollicité sa candidature aux communales de 2004. Elle sera élue 1ère adjointe au maire. En 2009, l‘alliance Miria -Adema- Parena – Mpr soutiendra sa candidature. A 45 ans, cette native de Sikasso est depuis 2009 la maire de la commune rurale de  Pélengana.

Lors de l’atelier sur ”pluralisme de l’information : la place de l’information locale sur la gouvernance dans les médias nationaux”, elle a animé une excellente communication sur ”la problématique de la gestion de l’information locale dans la commune rurale de Pélengana.” En marge des travaux de cet atelier, nous lui avons posé quelques questions. Entretien !

Pouvez-vous présenter ainsi que votre commune ?

Je m’appelle Mme Diabaté Mariam, maire de la commune rurale de Pélingana, située à la limite Est de la ville de Ségou. Elle s’étend sur 15 km d’Ouest en Est, et environ 20 km du Nord au Sud. Ses communes limitrophes sont, en plus de Ségou, Markala, Tougou, Cinzana, Boussin et Sakoiba. Il y a 28 villages dont les plus importants sont : Pelengana village, Banankoro, Bafo et Dougadougou. La population est évaluée à 56 000 habitants (Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2009). Toutes les ethnies du Mali y cohabitent en parfaite harmonie : bambara, peulh, sonrhaï, dogon, minianka, bozo etc…

Ses atouts sont : le fleuve Niger, la Route Nationale 6 et la proximité de la ville de Ségou. Son économie est fondée sur l’agriculture, l’élevage, la pêche et le commerce.

Comment vous êtes venue la politique ?

J’ai fait mes premiers pas avec l’Union pour le développement et la démocratie (UDD). En 2002, mon frère m’avait choisie comme directrice de campagne de Moussa Balla Coulibaly. Dès lors, en 2004, des partis ont fait des tours chez moi. Miria sollicitait toujours  ma candidature et j’ai fini par y adhérer. En 2004, j’ai eu deux conseillers. Avec ces deux, j’ai été 1ère adjointe au maire.

En 2009, je suis partie toujours sous la bannière du Miria avec cinq conseillers. Ce qui fait que je suis maire maintenant de la commune rurale de Pélengana.

Est-ce à dire que votre militantisme politique date de 2002 ?

Ça date de 2002. Avant, j’étais dans les associations féminines. J’étais la trésorière de l’association "Tiéssiriton " des femmes créées depuis 1998.

Quelles sont les circonstances de votre élection en 2009?

Je peux dire que j’ai été sollicitée par la société civile. Le jour de l’élection, les autres m’ont approchée pour signer une plateforme. Selon cette plateforme, le parti qui aura plus de conseillers, va avoir le poste de maire. A la sortie des urnes, mon parti est arrivé en tête. Je peux dire que les autres ont tenu à leur promesse. Le lendemain, ils ont couru vers moi pour me dire de ne pas aller avec le maire sortant. Et qu’on va me prendre comme maire.

Quelles sont les grandes lignes de votre programme ?

 Les grandes lignes de mon programme sont principalement l’assainissement de la commune de Pélengana. J’ambitionne également d’organiser les femmes au niveau de la société civile pour une bonne mobilisation au sein de la commune. Notre programme de développement économique, social et culturel accorde une place importante à l’éducation et à la santé. On a fait beaucoup d’efforts dans le domaine de l’assainissement.

”ATT a honoré sa promesse”

L’année  derrière, j’ai fait le recouvrage des rues de Pélengana. J’ai donné le matériel d’assainissement dans les gros villages comme Banankoro, Mengekoro, Pélengana – ville et à certaines associations féminines.

J’ai regroupé la jeunesse au sein d’une coordination. En 2009,  on a organisé une danse des marionnettes de la commune. Une somme d’efforts pour la sauvegarde du patrimoine culturel qui était en voie de disparition. On a regroupé les marionnettes de 7 villages de la commune et présenté plus de 5 ou 6 marionnettes.

Il y a eu l’électrification de la commune ; ensuite le président vous a offert une salle de spectacle…  

Dans mon discours lors du lancement de l’éclairage public, j’ai posé le problème de salle de spectacles. Le président ATT a promis une salle qui est presque finie. Et il a honoré  sa promesse.


Quelles sont des difficultés que vous rencontrez ?

Des problèmes de financements de nos projets. J’ai monté plusieurs projets d’assainissement  qui demandent des millions et, jusqu’à présent,  je n’ai pas eu de financement. Un autre gros problème constitue le recouvrement des taxes et impôts, surtout à Pélengana – ville. L’année derrière, on a pu recouvrir 60% dans les villages. Pour la ville de Pélengana, y a  problème.


Est-ce que vous avez entrepris des activités de sensibilisation à cet effet ?

J’ai organisé des tables -rondes avec les chefs de quartiers de Pélengana sud,  nord et centre, la société civile, les jeunes et les femmes. On a même pris le crieur public pour faire le tour de la ville de Pélengana. Pour le moment, ça vient timidement.

”On ne sait pas s’il y a eu une directrice régionale de la promotion de la femme à Ségou”

Vos rapports avec les chefs de villages ? 

J’entretiens de bons rapports avec les chefs de villages. À chaque fois que j’envoie des avis, les chefs de villages sont présents à 100%. Celui qui est se fait représenter.  Pour le moment, il n’y a pas de problème.

Vous êtes femme maire. Les gens n’utilisent pas cela contre vous ?

Pas pour le moment.

Etes-vous soutenue au niveau régional ?

Vraiment avec l’administration, il n’y a pas de problème, sauf avec la directrice régionale de la promotion de la femme. On ne sait même pas s’il y a une directrice au niveau de Ségou, elle ne nous est d’aucune utilité. Elle n’a même pas eu la curiosité de venir assister à l’une de mes sessions.

Quel est votre vœu ?

Je veux que la directrice régionale soit à mes côtés même. J’ai l’appui des hommes. Mais l’appui de la seule femme qui représente toutes les femmes est nécessaire et obligatoire.

Un appel à l’endroit du gouvernement et de partenaires pour la prise en compte de vos préoccupations.


Je lance un appel de soutien. Je veux avoir des voyages, voire de visites d’échange pour m’inspirer de l’expérience des autres collectivités du Mali, de la sous – région et de l’Europe. Sans des voyages d’étude, on ne pourrait pas relever le défi. Femme maire dans un cercle comme celui de Ségou pour la 1ère fois, j’ai besoin de l’appui pour qu’au moins je sois l’exemple.


Quel regard portez-vous sur la politique de promotion de la femme à Ségou ?

 Je peux dire que c’est timide. Sur les 30 communes de cercle de Ségou, je suis la seule femme maire. Dans la région, 118 communes, on est deux femmes, on est soutenu par d’autres maires. Pour mon cas, à chaque fois qu’il y a des débats, les autres maires me soutiennent dans ma position.

Cela vous réconforte t-il? 

Vraiment, ça me réconforte.  Pour le moment, tout va bien entre moi et les autres maires. Je fais des visites dans les autres communes au cours desquelles je suis bien accueillie. Avec des communes pauvres qui n’ont pas de financement, c’est très difficile. Pour relever le défi, il faut des voyages d’échanges. Je me suis battue pour avoir un partenariat avec la commune de Bagada au Burkina Faso qui est venu fêter le 22 Septembre ave une forte délégation chez nous. Mme le maire est prêt à nous recevoir ce 7 février à Bagada pour qu’on puisse s’inspirer de leur manière de faire et de gouverner.

Votre dernier mot ?

Je demande aux femmes de ne pas avoir peur de gérer une mairie. C’est comme la gestion d’une famille. Mais la différence est que dans une mairie, il faut toujours s’attendre aux coups bas de l’opposition. Dans toutes les familles aussi, il y a l’opposition. Les femmes sont habituées à gérer l’opposition. Je demande aux femmes de relever le défi, de s’imposer, d’avoir le courage d’encaisser, de toujours communiquer. Avant de prendre toute décision, il faut échanger avec les chefs de village, la société civile, le bureau communal. Quand on échange avec toutes ses couches, il y a moins de problème.

Entretien réalisé par Chiaka Doumbia

 

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