Mme Dembélé Oulématou Sow, présidente de la CAFO : « Nous ne devons pas baisser les bras, nous avons une partition à jouer »

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La Coordination des Associations et Organisations Féminines (CAFO) est une organisation faîtière des femmes qui se veut actrice principale  de  la valorisation  du  statut des femmes au Mali. Dans le cadre des festivités du 8 mars nous  avons approché  la présidente de la CAFO Mme  Dembélé Oulématou Sow pour nous parler du sens que la CAFO donne à cette date ainsi que les actions qu’elle compte mener en phase avec le 08 mars.

Le Sursaut : Apres votre victoire éclatante devant la justice quelles sont vos ambitions en tant unique  présidente de la CAFO ?

Mme Dembélé Oulématou Sow : Cette victoire éclatante c’est la victoire de toutes les femmes du Mali et la justice malienne s’est assumée par rapport à ce problème,  si  aujourd’hui la justice malienne nous a rendu la justice en disant le droit, je ne peux qu’être très fière de ce verdict et de remercier  les magistrats et tous le corps judicaire d’avoir  pris avec bon cœur  cette situation.

Mes ambitions  pour cette organisation c’est de regrouper les membres de la CAFO en une seule famille,  parce que   les membres sont   éparpillés  pendant plusieurs années, nous avons vécu une crise bête qui n’avait pas son sens. Par la suite, doter notre organisation d’un plan d’actions opérationnel. Dans  ce plan d’actions, il sera question de faire une réorganisation institutionnelle  de la CAFO. Cela est très important, parce qu’il y a beaucoup  de femmes qui étaient intéressées à rentrer à la CAFO (mais les textes ne leur permettaient pas) et d’autres voulaient en sortir parce qu’il y avait de crise interminable. Par rapport à cette  situation nous ambitionnons de faire une large promotion de l’organisation pour redorer son blason aux yeux de toutes les femmes du Mali.

Ce qu’il faut savoir est le fait que la CAFO est la  première faitière  des femmes du Mali. Elle a eu la chance d’être  institutionnalisée et une faitière qui a été reconnue par les plus hautes autorités  de notre pays pour être le seul organe  représentatif des femmes du Mali, a droit au chapitre.

La CAFO est représentée dans les commissions et comités nationaux de développement, dans les institutions et est membre également des organes indépendants. La CAFO a une valeur intrinsèque. Cette valeur ne sera pas tombée à l’eau, c’est pourquoi nous allons  élaborer un plan d’actions, dans la réalisation duquel, nous serons appelées à réaliser  des missions sur le terrain pour conforter nos membres, leur donner l’espoir que la CAFO ne saurait finir comme ça, d’où la nécessité de procéder à une restructuration. Il faut  restaurer la CAFO  dans ses droits et également procéder à certaines formations, notamment sur la vie associative à l’endroit des femmes. Cela, pour que  ce que nous avons vécu  appartienne à l’histoire, que cela ne se répète plus.

Le travail d’effectivité des droits de femmes c’est un défi  majeur, elles doivent comprendre la vie associative, les attentes de l’Etat. L’Etat a besoin des femmes pour maximiser son rendement par rapport à cela, il faut que les femmes comprennent comment roule l’Etat, comment il fonctionne. Elles doivent aussi connaître les missions  des Institutions de la République,  de même que les documents essentiels, les processus et  les dynamiques leur intéressant   même si on doit leurs expliquer en bambara  pour mieux les  positionner dans la vie et aux côtés de l’Etat.

En tant qu’organisation de la société civile, nous faisons la sensibilisation, les plaidoyers, l’interpellation, nous faisons le renforcement des capacités nous sommes attendues sur ce terrain, car l’Etat s’est même désengagé de certaines fonctions pour les confier aux organisations de la société civile. On doit savoir si on va dans les représentations comment se comporter et  connaitre la plus-value de notre  contribution et notre participation.

Dans la même dynamique, nous allons faire à la base la restitution des résolutions du Dialogue national inclusif qui vient de se boucler. On a besoin que les femmes comprennent les recommandations de ce dialogue pour que dans la mise en œuvre elles puissent jouer leur partition, on a besoin de revenir encore sur la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, sur lequel document nous sommes attendues.

Par rapport à l’effectivité de nos droits, nous devons  savoir-faire que notre société est différente de la société occidentale, nous sommes  très regardant sur le comportement, il faut  que les femmes adoptent des comportements pour mieux négocier avec notre environnement pour acquérir nos droits. Dans la CAFO il y a suffisamment de questions sur entre autres, l’éducation, la santé, l’environnement et le changement climatique, la gestion de coopérative parce que les coopératives sont membres de la CAFO, la gouvernance. Il ne faut pas penser que nous sommes des femmes et nous n’allons pas observer les principes et les normes de la démocratie. Dans la  démocratie il y a l’alternance, la participation, l’inclusion, la transparence.. Toutes ces questions doivent être observées par les, car cette crise nous a distrait, retardé, on veut progresser on veut que tous  ceci soit du passé. Je veux une CAFO unie, solidaire, inclusive que la femme lambda au niveau du village témoignera que la CAFO prend en charge leurs occupations, s’impliquera dans la gestion.

Le Sursaut : Dans le cadre de la célébration de la journée internationale des droits de femmes quelles sont les actions que votre organisation compte mener ?

Mme Dembélé Oulématou Sow : comme toutes les années concernant le 08 mars, il y a une commission nationale au niveau du ministère de la Promotion de la Femme de l’Enfant et de la Famille, on détermine le thème national, il y a un thème international : « je suis de la génération 2020 levez-vous pour les droits humains », quant au thème national, il porte sur le : « soutien aux Fama ».

On doit soutenir les forces armées maliennes, ces forces armées font des sacrifices inimaginables pour préserver l’intégrité du territoire national, pour la protection des  populations et de leurs biens. Elles ont perdu beaucoup d’hommes dans leur rang , plusieurs orphelins et veuves.

Nous, en tant que la CAFO, au-delà de la journée phare que le département organise, avons participé à des célébrations. L’Ambassadeur de l’Union Européenne nous a invités le 5 mars, nous étions avec la Minusma le 6 mars ou le représentant du Secrétaire général a eu à lire le message du Secrétaire général des Nations-Unies. La jeune chambre internationale nous a invités le 7 mars  pour une activité de lancement d’un projet de dépistage du cancer des seins et du  col de l’utérus.

En plus de ces activités partenariales, nous prévoyons une lecture de coran pour  le repos de l’âme de nos  soldats disparus, nous allons avoir un déjeuner avec les orphelins  des soldats tombés, nous avons prévu de faire une distribution de dons aux familles   des veuves et des femmes déplacées du centre au Garbal de Niamanan et de Faladiè.

Ce 8 mars ne saurait être  une journée festive, nous voulons une journée d’hommage, de recueillement, de plaidoyer pour mettre des moyens à la disposition de nos Fama. Nous comptons faire une mobilisation des ressources à leur faveur, nous voulons faire de concert avec les femmes artistes pour  mettre ces recettes à la disposition des Fama.

Le Sursaut : En cette date, quel regard avez-vous à l’endroit de nombreuses femmes affectées par la crise au centre et au nord du pays ?

Mme Dembélé Oulematou : C’est dommage,   la femme  qui n’a pas des armes à la main, la femme ne fait pas la guerre, que cette femme soit  la victime principale de cette crise.  La femme sur un plan physique a fait l’objet de violations graves, les femmes ont été violées, volées, elles ont perdu la vie, leurs enfants et leurs maris. Il y a des femmes qui sont devenues folles à cause de cette guerre. Les femmes du Mali ont très souffert il y a eu des femmes qui se sont réfugiées, c’est affectant.

Les portes de sortie de cette crise sont en train de  s’annoncer, s’ouvrir. On estime vraiment que ça soit des portes idoines, pour que notre pays puisse sortir de cette situation, nos vaillantes populations ne méritent pas cela.  Le Mali  était un des pays les plus  beaux au monde où il y a la solidarité, l’entraide, la foi. Tout le monde doit s’impliquer pour que notre pays puisse  instaurer à hauteur de souhait la paix.

Le Sursaut : Avez-vous des messages particuliers à lancer  aux femmes du Mali ?

Mme Dembélé Oulematou : J’invite aux femmes de ne pas baisser les bras, nous devons jouer notre partition et après nos filles viendront et les filles de nos filles viendront aussi, on ne saurait  baisser les  bras, on ne doit pas refuser de laver nos vissages par ce que les yeux sont crevés, les femmes doivent poursuivre cette lutte. La première artisane c’est la femme on doit faire un sursaut collectif, je demande aux femmes de ne pas rester à la maison, d’appréhender  dans la vie associative, par ce que dans la vie associative les femmes bénéficient des formations, des savoirs ,savoir-faire et savoir6être. C’est difficile qu’une seule personne se lève pour défendre une cause.

Par Fatoumata Coulibaly 

 

 

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