Le Maire de la commune rurale de Yangasso, Cercle de Bla, région de Ségou, s’appelle Mme Coulibaly Fatoumata Tangara. Cette originaire de Saro dans le cercle de Macina qui est née à Mopti a effectué ses études primaires à Bla et secondaires à San et Ségou. Titulaire d’un Brevet de technicien BT2 en Secrétariat, Fatoumata Tangara a suivi des formations spécialisées pour devenir enseignante. Elle a su se tracer un chemin au sein du mouvement féministe. Secrétaire chargée de la promotion de la femme de la section du Rassemblement pour le Mali de Yangasso, le parti au pouvoir, elle est à son premier mandat au sein d’un conseil communal mais aussi à la tête d’une mairie. Motivant son engagement sur le terrain politique par une volonté d’aider les populations notamment les femmes à amorcer le développement, le maire de Yangasso nourrit de grandes ambitions pour sa commune. D’un abord facile, cette protégée de l’actuel ministre du développement local, Zoumana Mory Coulibaly, impressionne ses interlocuteurs par sa grande simplicité. Mme Fatoumata Tangara ne se départit jamais de son sourire. Dans cet entretien qu’elle a bien voulu nous accorder, l’enseignante attentionnée au sort des élèves des couches vulnérables, explique les raisons de son engagement politique, sa vision pour sa commune et bien d’autres sujets. Entretien !
Mme le maire, quelles sont les raisons qui vous ont poussée à faire de la politique ?
Il y a plusieurs raisons qui m’ont poussée à descendre dans l’arène politique. La première raison est la situation du pays. Le Mali souffre énormément de la crise multidimensionnelle et de l’insécurité. La première raison qui m’a motivée est la situation de la femme et surtout son rôle dans le développement de la nation. Ce n’est pas parce que je suis une femme. J’ai la ferme conviction que tout développement dépend en partie de la femme. Elle est épouse, mère de famille et actrice de développement. Voilà entre autres les raisons qui m’ont motivée.
Avez-vous été conseillère municipale dans le passé ?
Je n’ai jamais été conseillère. Je suis à mon premier mandat. J’ai été élue la première fois que je me suis présentée.
Pourquoi vous avez décidé de devenir maire ?
Je veux juste aider les femmes, parce que j’ai constaté que les femmes souffrent et tant que les conditions des femmes ne s’améliorent pas, le développement d’une localité sera difficile.
C’est pour défendre la cause des femmes que je me suis présentée pour devenir maire. De nombreuses jeunes filles abandonnent l’école pour l’exode rural. Je veux sensibiliser les enfants mais surtout les parents à laisser les élèves précisément les filles continuer leurs études pour leur permettre de préparer leur avenir. A ce niveau, une femme maire peut être une source d’inspiration pour les jeunes filles.
Il n’est pas facile pour une femme de se faire élire maire d’une commune. Comment avez-vous fait pour devenir tête de liste ?
C’est grâce à mes connaissances et à mon parti. Je suis membre du Rassemblement Pour le Mali (RPM). Je vous signale que j’étais présidente d’une association qui compte une centaine de femmes. J’aidais les femmes par mes propres moyens. Aussi, j’aidais les élèves qui n’avaient pas les moyens d’aller à l’école. C’est ainsi que j’ai eu la confiance et le soutien des habitants de ma commune. Quand on opte pour défendre la cause féminine, on a le soutien de toute une famille.
Pouvez-vous rappeler quelques lignes de votre programme ?
Le programme de l’équipe communale que je dirige vise à assurer le développement harmonieux des populations de la commune. Nous travaillons à poser des actes concrets dans le domaine de l’éducation, de la santé, de la réalisation des infrastructures de développement. J’accorde une importance toute particulière à l’éducation et à l’amélioration des conditions des jeunes filles. Je suis en train de lutter contre les mariages précoces et l’abandon scolaire des élèves, plus précisément des filles. Ma vision est de faire de la commune de Yangasso une vitrine du développement local.
Quelles sont vos priorités pour votre commune ?
Ma priorité est de faire en sorte que les élèves puissent continuer à étudier. Car le développement d’un pays dépend de la jeunesse. J’encourage les jeunes à accorder une grande importance aux études afin de préparer leur avenir. L’exode rural est pour un bout de temps, par contre l’école est pour la vie.
De votre élection à nos jours, quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée ?
Elles sont nombreuses. Je ne peux pas tout dire ici. Vous savez que dans le milieu rural, ce n’est pas facile pour une femme de diriger une équipe faite d’hommes.
Avez-vous des difficultés dans la mobilisation des ressources financières ?
Oui ! J’ai des difficultés surtout au niveau de la perception et du Trésor public. Nous ne percevons pas beaucoup de nos taxes.
Accordez-vous une grande place aux femmes de votre commune ?
Bien sur ! C’est l’une de mes motivations dans la politique. Je suis venue pour défendre les femmes car aucune nation ne se développera sans l’implication de la femme. Même maintenant, avec l’insécurité qui réside au Mali, si les femmes se donnent la main et jouent pleinement leur rôle, une solution sera trouvée.
Quelle est la spécificité de votre commune ?
Ma commune est située à peu près à 55 km de Bla. Les différentes activités menées sont entre autres la pêche, l’agriculture, l’élevage, le maraîchage, l’aviculture.
Parlez nous un peu de votre association féminine ?
L’association s’appelle ‘’Aouw yé wili mussow dambé’’. Elle existe depuis longtemps et compte une centaine de femmes. Je ne suis plus la présidente mais je reste toujours membre.
Êtes-vous confiante pour votre parti dans la perspective de l’élection présidentielle ?
Oui ! Je suis très confiante. Nous sommes convaincus que le président IBK sera prêt. C’est lui qui sera sans doute notre candidat.
Est-ce que vous avez un message ?
Juste pour vous remercier de m’avoir accordé cette interview. Je salue votre courage, votre professionnalisme et vos efforts pour la promotion du genre.
Propos recueillis par
Chiaka Doumbia et Bintou Diarra