Mme Aïssata Maïga, Directrice d’Avion Gold Corporation de Bamako : « Nous avons investi 400 millions de CFA dans l’aide au développement communautaire »

0

Mme Aïssata Maïga est spécialisée en géo-informatique et en géo-environnement. Disposant d’atouts majeurs en géologie appliquée à l’informatique, elle fait, avec des logiciels spécifiques, des cartes géologiques  capables d’aider les chercheurs et les exploitants d’or dans leur travail sur le terrain. A sa sortie de l’école, elle a vite été repérée par la société minière Iam Gold grâce à la qualité de son rapport de stage. Elle est recrutée  et envoyée à Dakar  comme Data base manager West Africa. Dans la capitale sénégalaise, elle y reste environ un an. Passionnée de la recherche minière, Mme Aïssata Maïga a travaillé en qualité de ‘’Data base manager’’ à Mega Mining, une société minière norvégienne basée au Mali et en Guinée.  Elle n’y restera pas longtemps, puisque Avion Gold Corporation, découvrant son talent, va lui faire appel. Après deux ans de dur labeur, elle a été nommée directrice du bureau de Bamako. Entretien avec une femme qui aime le challenge !

 

Mme  la directrice, parlez-nous un peu d’Avion Gold corporation… 

Avion Gold corporation est une société minière canadienne qui a acquis les propriétés de Ségala Mining et de Tambaoura Mining qui appartenaient à Nelsom. Cette dernière a eu des difficultés d’exploitation dans le temps avec l’arrêt de la mine de Tabakoto en septembre 2007. En 2008, suite à un appel d’offres, Avion Gold a acquis les actions de Nelsom, notamment des sociétés Ségala mining et Tambaoura mining. Avec l’acquisition de ces deux sociétés, nous sommes entrés en production à Tabakoto et à Ségala. Nous avons surtout développé le côté exploration tout autour du périmètre minier. Une politique agressive d’exploration nous a permis de découvrir le gisement de Dioulafoundou qui est aussi en production.

 

Quelles sont les zones d’intervention d’Avion-Gold corporation au Mali ?

Au Mali, nous intervenons dans la zone Mali-ouest, à quinze kilomètres de Kéniéba (Tabakoto et Ségala en mines souterraines et Dioulafoundou en mine ciel ouvert). A vingt km de Kéniéba, Diambaré va entrer en production. Nous avons de nombreux indices propices à l’exploration. Cette année, nous comptons produire trois tonnes d’or. en 2010, nous avons produit 2,6 tonnes. en 2009, c’était 1,5 tonne. Au fur et à mesure, nous sommes est en train d’atteindre nos objectifs. En terme de perspective, nous comptons au cours des années à venir, produire six tonnes d’or. Cette année, nous avons injecté 10 millions de dollars dans l’exploration minière.

 

Il y a une forte concentration d’orpailleurs traditionnels sur les sites miniers maliens.  Comment se passe la cohabitation ?

Il faut que les populations profitent de ce que nous faisons. Déjà, nous payons la taxe à l’Etat. Ce qui est très bien pour l’économie du Mali. Nous avons le soutien de la Direction nationale de la géologie et des mines DNGM et du ministère des Mines, pour gérer au mieux les rapports entre les orpailleurs traditionnels et nous. Nos relations étaient un peu tendues ces derniers temps,  mais nous sommes en train de trouver une solution à l’amiable pour que chacun puisse y trouver son compte. L’orpaillage traditionnel n’est pas une mauvaise chose en soi dans la mesure où il nous aide à nous guider.

De plus en plus, l’orpaillage traditionnel est abandonné au profit de l’exploitation de petites mines qui fait appel à l’utilisation de produits chimiques. Ce qui est très négatif pour l’environnement. Ces produits s’infiltrent dans le sol, polluent la nappe phréatique et contaminent l’eau. Ce qui n’est pas notre souhait. Ce sont des citoyens maliens qui consomment cette eau. En accord avec la DNGM et le ministère des Mines, nous essayons de combattre cette pratique dangereuse, afin de mener à bien notre mission.

 

Justement, quelles sont vos actions en matière de protection de l’environnement sur les sites d’exploitation ?

Nous sommes la seule, sinon la première société à utiliser la géo-membrane, une membrane imperméable qui stoppe l’infiltration des produits chimiques dans la nappe. Nous essayons de minimiser l’impact négatif. Nous avons une pépinière à Tabakoto avec plus de cinquante espèces d’arbres. Régulièrement, on essaie de restaurer l’environnement dans la zone.

 

Que faites-vous concrètement pour les localités où vous intervenez ?

Nous sommes très présents. Nous travaillons avec les communautés locales. L’année dernière, nous avons investi 400 millions de CFA dans l’aide au développement communautaire. Il s’agit notamment des ponts, des écoles et des projets…Cette année aussi, nous investirons 400 millions de nos francs pour être plus proches des populations.

 

Qu’en est-il de la question de l’emploi ?

Nous avons commencé avec 600 employés. Actuellement, nous avons 1789 employés. D’ici fin 2011, nous atteindrons 2000 emplois. C’est une société qui a beaucoup d’avenir. Elle évolue tout doucement, mais sûrement.

Avion gold fait confiance aux jeunes, et aux Maliens. Il y a beaucoup de postes de responsabilités qui sont occupés par des Maliens. Nous représentons un peu l’image du Mali. Avion Gold corporation m’a offert la chance d’être directrice de société. Ce n’est pas donné à tout le monde.

 

Comment se porte aujourd’hui votre société ?

Avion Gold Mali se porte très bien aujourd’hui. À Kéniéba, nous avons de belles perspectives. Si Dieu le veut bien, nous poursuivrons l’exploitation jusqu’en 2022 ou même beaucoup plus tard, pourquoi pas ? Nous cherchons à développer davantage de projets par la recherche de nouveaux permis.

 

Travailler dans les mines est perçu ici comme un boulot d’homme. Comment expliquez-vous votre présence dans ce domaine ?

Au contraire, je pense que les femmes ont leur place dans ce domaine. Elles y sont les bienvenues. J’ai toujours été attirée par les choses difficiles. Quand j’étais au lycée, avant même d’avoir mon bac, j’ai demandé à être orientée à l’Eni, sachant bien qu’il y a très peu de femmes dans cette école. Après mon bac, j’ai été orientée à la Fast, en géologie. Deux ans après, je suis rentrée à l’Eni. J’aime les défis. Actuellement, je suis en train de vivre une belle expérience qui me donne la force et l’indépendance nécessaire pour aller le plus loin possible dans ma carrière professionnelle.

 

Par M.C, correspondance particulière

 

 

 

 

 

 


Commentaires via Facebook :