Me Toureh à propos des retards et des échecs dans la mise en œuvre de l’Accord: «Il y a aussi cette folle envie de certains des acteurs publics et rebelles (CMA / Plateforme) de se prendre pour ce qu’ils n’ont jamais été»

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Me Harouna Toureh de la Plateforme

Après le blocage dans l’installation des Autorités intérimaires à Kidal, nous avons rencontré Me Harouna Toureh, président de la Plateforme. Il se montre optimiste quant à la capacité des parties maliennes à s’entendre pour trouver une solution. Il évoque également les raisons des retards et des échecs dans la mise en œuvre de l’Accord. Lisez plutôt.

 Quels commentaires faites-vous des blocages dans l’installation des Autorités intérimaires ?

Vous vous rappelez certainement que la Médiation Internationale en accord avec les parties maliennes (Gouvernement, CMA, Plateforme) ont souhaité organiser un CSA de haut niveau de représentation. Ce qui fut fait le 10 février 2017 à Bamako. Justement ce CSA de haut niveau  avait pour objectif principal l’identification des points de blocage et la formulation de recommandations de sortie de l’impasse invalidant le processus. Au nombre des résolutions sorties de ce CSA de haut niveau les questions relatives aux Autorités Intérimaires occupent une place importante. Je peux vous affirmer que toutes les parties maliennes étaient prêtes et mobilisées pour l’installation tant attendue des Autorités Intérimaires. Malheureusement un malentendu naîtra le vendredi 17 février 2017 au soir à la suite de la désignation par le Gouvernement d’un nouveau Gouverneur à Kidal.

Le Haut Représentant du Président de la République et la Médiation Internationale se sont à nouveau mobilisés pour apporter conseils et appui aux parties maliennes à travers des concertations tournantes entre toutes les parties. Le processus a vécu des crises plus complexes et plus profondes. Il n’y a pas donc à désespérer, les parties maliennes sauront trouver ensemble la porte de sortie de cette énième   impasse, inchallah.

Face à cette situation que préconisez-vous ?

En me référant au Relevé des conclusions du CSA de haut niveau du 10 février 2017 engageant toutes les parties à l’action, je trouve que des voies de sortie d’impasse résultent des résolutions pertinentes  inscrites au point III intitulé “Cadre permanent de concertation entre les parties signataires pour la mise en œuvre de l’Accord”.

En effet, dans la création de ce cadre permanent de dialogue inter-parties maliennes, il sera trouvé forcément l’opportunité d’aplanir les reliefs, d’échanger, de suivre, de coopérer et de faire preuve de bonne volonté pour l’ atteinte des objectifs de paix, de sécurité, de réconciliation nationale, donc de renforcement de l’ unité nationale et de la République.

Car, la cause principale des échecs et des retards dans la mise en œuvre de l’Accord provient :

  1. de la défiance entre les parties maliennes ;
  2. de l’absence de bonne volonté et de sincérité dans les actes et paroles ;
  3. de la multiplication des acteurs et des organes de direction et de décision au niveau gouvernemental avec à la clé un foisonnement d’actes et de décisions pris dans la précipitation ou sous la pression et donc inefficaces et incomplets ;
  4. du manque de crédibilité et de sérieux de certains acteurs au niveau de l’Etat et des mouvements armés.

Il y a aussi cette folle envie de certains des acteurs publics et rebelles (CMA / Plateforme) de se prendre pour ce qu’ils n’ont jamais été, c’est à dire des héros,  des Aristote, des républicains, etc.

De façon générale, le respect par les parties maliennes des termes du relevé de

conclusions constitue un bon départ et un début de  règlement amiable des points de blocage.

Et pour une mise en œuvre diligente et efficace de l’Accord il faut à la fois de la patience, des moments de compromis, du courage politique mais aussi de l’expertise et de la bonne foi, j’avoue que j’ ai de la peine à trouver chez la plus part des acteurs, des actes, gestes et paroles constitutifs de ces deux dernières conditions.

Propos recueillis par Youssouf Diallo

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