RFI : L’annonce par le MNLA de la fin de ses opérations militaires, pour vous, n’est-il pas une main tendue pour la négociation ?
Vous dites que le nord Mali doit être libéré. Mais comment faire pour sauvegarder l’intégrité territoriale du Mali?
Aujourd’hui, je pense que notre salut c’est la CEDEAO, parce qu’il est évident que nous ne pouvons pas tout seul faire face à cette invasion du nord Mali, avec toutes ces forces : le MNLA, Aqmi, les terroristes, on ne sait même pas qui est exactement là-bas. Nous n’avons pas les moyens. Je pense que c’est évident. Aujourd’hui, sans la CEDEAO et sans la communauté internationale, nous ne pourrons pas régler le problème du nord. Notre seul recours est l’appui de la CEDEAO à nos forces armées pour récupérer l’intégrité du territoire malien.
Donc, ça passera forcement par une intervention militaire, les négociations ne sont plus possibles ?
Je pense que c’est inévitable. On ne pas accepter l’occupation de fait de notre territoire. Jusqu’ici, on a toujours dit que tout est possible, tout est négociable sauf l’intégrité du territoire et la communauté internationale n’a pas dit autre chose. Donc on ne pourra pas accepter cet état de fait. Si le MNLA et toutes les forces qui l’accompagnent se retirent du nord du pays et demandent un cessez le feu, en ce moment on pourra dire oui. On pourra s’assoir autour de la table pour discuter.
De son côté, la coalition du MP22 appelle la junte à demeurer ferme face au dictat des impérialistes français et occidentaux. Qu’est ce que vous pensez de ce genre de déclaration ?
Ecoutez madame ce sont des discours que j’ai tenus, il y a trente ans. Moi j’ai dépassé ça. Je ne suis pas un étudiant. Ce slogan anti impérialiste, nous avons dépassé ça. Maintenant, il faut être réaliste, le monde est globalisé. Le Mali ne pas être en dehors de la sous-région, de la région et du monde. C’est tout. C’est aussi simple que cela.
Sur le plan politique, la junte a annoncé le report d’une convention nationale qui réunirait l’ensemble de la classe politique et la société civile. Votre Front anti putsch a refusé de participer à cette convention. Pour vous cela est-il incompatible avec le retour à une vie constitutionnelle normale ?
Non seulement cette convention était impréparée. Nous ne savions pas les modalités d’organisation, ni le contenu, ni la qualité des participants, ni les objectifs poursuivis. Mais surtout cette convention est contraire au retour à la légalité constitutionnelle qui a été décrété par la junte elle-même. Vous ne pouvez rétablir une constitution avec une assemblée nationale et nous demander d’aller à une convention. Dès lors qu’on a prôné le retour à la constitution nous ne voyons pas l’opportunité d’une convention.
Quelles que soient les modalités ?
Quelles que soit les modalités. C’est deux choses contraires. On ne peut pas faire une chose et son contraire. Ce n’est pas possible. On ne peut pas mélanger la chèvre et les choux. Nous avons aujourd’hui dans notre constitution les mécanismes juridiques nécessaires pour sortir de cette crise.
Vous êtes contre la convention nationale et ça fait quinze jours que les militaires ont pris le pouvoir à Bamako. Comment, vous allez les forcer à quitter le pouvoir selon vous ?
Le médiateur est là. Nous demandons à la junte de saisir cette opportunité, de saisir cette médiation pour sortir de cette crise par la voix constitutionnelle. Il ne s’agit pas d’exclure les militaires. Ce sont des Maliens. Aujourd’hui, on ne peut pas régler le problème du nord sans les forces armées. Nous avons conscience de la faiblesse de leurs moyens. Aujourd’hui, il s’agirait peut être de faire une loi de programmation militaire qui peut être adoptée par l’Assemblée nationale, pour donner à notre armée les moyens de se battre. C’est dans le cadre de la légalité qu’on peut obtenir ça. Les militaires ont un rôle à jouer, la défense de l’intégrité du territoire et nous avons besoin de l’armée pour cela.
RFI
Accueil Interview