Après l’attaque du Campement Kangaba (périphérie est de Bamako) qui a fait officiellement neufs morts, dont quatre assaillants, l’ancien ministre malien de la Justice, juriste et leader politique (ne se revendiquant ni de l’opposition ni de la majorité), Me Abdoulaye Garba Tapo, s’est confié à votre hebdo pour condamner cette attaque. Il s’est aussi prononcé sur l’actualité politique du pays, notamment le processus de révision constitutionnelle.
Le Reflet : Quelle est votre réaction par rapport à l’attaque terroriste qui vient de coûter la vie à quatre personnes, dont deux assaillants, au Campement Kangaba ?
Abdoulaye Garba Tapo : Tristesse et amertume par rapport à cette tragédie. Toute ma compassion envers les victimes et leurs familles, et à tout le peuple malien traumatisé par cette violence.
Le Reflet : Quel message percevez-vous à travers cette attaque dans la capitale ?
Abdoulaye Garba Tapo : Que le danger reste toujours très grand et que c’est regrettable que notre pays puisse donner l’impression de ne pas prendre toute la mesure du mal ou celle d’être désarmé et n’avoir aucune solution adéquate pour éradiquer cette violence, même si je conviens que c’est un défi très difficile.
Le Reflet : Cette attaque intervient avec cette qui a coûté la vie à cinq soldats maliens lors de l’attaque d’un détachement militaire à Bintagoungou (Nord-ouest), le samedi 17 juin 2017. Etes-vous alors de l’avis de la Cour constitutionnelle qui a validé le projet de révision constitutionnelle du Mali en minimisant la situation sécuritaire dans notre pays, réduite à “une insécurité résiduelle” ?
Abdoulaye Garba Tapo : Je trouve regrettable qu’on puisse, avec autant de légèreté, minimiser l’évidence, une insécurité d’une ampleur rarement égalée et qui aurait du mettre en émoi toute personne responsable. J’espère que tous ces événements qui surviennent comme pour apporter un démenti à leur thèse fallacieuse les amèneront à réfléchir et à mesurer les conséquences dommageables de leur regrettable jurisprudence. J’espère surtout que la Cour saisira la requête de l’opposition (l’opposition au Parlement a déposé une requête auprès de la Cour constitutionnelle pour annuler le projet de Constitution ; Ndlr) comme une perche pour réparer cette lourde erreur d’analyse.
Le Reflet : Cette attaque n’est-elle pas une raison de plus pour ajourner cette révision et aller dans le sens du chronogramme proposé par certains partis politiques ?
Abdoulaye Garba Tapo : Bien sûr. Le moins qu’on puisse faire, c’est de surseoir à ce référendum si dangereux pour la paix sociale et créer des conditions plus propices pour la résolution d’une question aussi épineuse qu’est une révision constitutionnelle.
Propos recueillis par
Moussa Bolly