Sous la direction de cet homme, Enda Tiers Monde a participé avec brio et intelligence au Forum social mondial de Tunis qui s’est déroulé du 26 au 30 mars derniers dans les locaux de la prestigieuse université Al Manar de Tunis. En marge de ces assises sociales, des discussions pertinentes ont enrichi le débat autour du thème : « nations contre Etats : implications sur 50 ans de développement en Afrique de l’ouest et du nord ». Le secrétaire exécutif d’Enda Tiers Monde qui a son siège à Dakar (Sénégal), M. Mass Lô, s’est prêté à nos questions.
Mass Lô : Enda tiers monde est une organisation internationale créée dans les années 1978. C’est un réseau qui traite des questions d’environnement et de développement durable dont le cœur de l’action est la lutte contre la pauvreté et contre les méfaits et effets du néolibéralisme dans le monde d’aujourd’hui.
L’Enquêteur : Que peut-on retenir de la participation d’Enda Tiers Monde au Forum social mondial de Tunis 2013 ?
Mass Lô : Enda avait été là-bas à double titre. Au tout premier, Enda participe au forum depuis sa création. Il a joué un rôle extrêmement important dans l’avènement du forum mondial au niveau de l’Afrique. Le forum social mondial a pour objectif de formuler des propositions alternatives à tout ce qui est néolibéralisme dans le monde entier. Notre mission est de trouver des alternatives pour l’épanouissement et le développement des communautés les plus pauvres. C’est en cela que nous avons joué un rôle extrêmement important depuis la première édition du forum mondial à Porto Allègre. Sur un autre plan, nous avons été à Tunis pour organiser les «universités d’Enda» du réseau Enda Tiers Monde. Une initiative qui se passe sur place. Et profiter de l’occasion de ce moment si important dans la vie du mouvement populaire mondial et du mouvement altermondialiste, pour discuter d’un sujet extrêmement important en Afrique, à savoir, la problématique de l’Etat contre la nation ou de la nation par rapport à l’Etat et discuter de toutes les initiatives citoyennes qui sont développées un peu partout pour la construction de nation dans le cas de l’Afrique. C’est en cela que nous avons discuté de thématiques assez importantes dont, la citoyenneté alternative face à la faillite de la mauvaise gouvernance; la migration transsaharienne et leurs héritages pour nous; l’invention d’un nouveau type de solidarité entre l’Afrique et le Maghreb autour d’un concept que l’on a appelé Magh-Afrique. Aminata Dramane Traoré et d’autres intellectuels africains ont animé ces débats. Nous avons aussi travaillé sur des questions d’une actualité brûlante. Les questions liées à la terre et les questions d’expropriation ou d’accaparement des terres agricoles dans nos pays. Et nous avons fait un clin d’œil sur la situation au Mali.
L’Enquêteur : Enda Tiers Monde a-t-il des projets ou des propositions pour la crise malienne ?
Mass Lô : Par rapport au Mali, les initiatives sont nombreuses. D’abord au Mali, vous savez, nous avons un nombre de réseaux de Enda tiers monde coordonné par M. Soumana. Nos associations travaillent au nord du Mali avec la Croix rouge pour contribuer à soutenir et aider les populations durant cette période de tension exceptionnelle.
Sur un autre plan, le siège de Enda basé à Dakar avait dans un premier invité des experts maliens connus et des maliens basés au Sénégal, avec d’autres partenaires d’Enda, autour d’un thème : « nous sommes tous du nord nous sommes tous maliens ». En disant ça, nous sommes tous conscients du fait que le nord du Mali occupé aujourd’hui, avec les soubresauts que l’on connait, correspond au grand septentrion de la grande région qui s’étendait de l’empire du Mali qui s’étendait de côte Atlantique jusqu’au lac Tchad. C’est pourquoi le concept ‘’Nous nous sentons tous maliens’’ a été utilisé pour discuter des situations de cette crise. Nous avons aussi créé un appel à la cessation de l’occupation du Mali et un appel à tous les citoyens du monde pour soutenir la nation malienne et accompagner la libération du Mali. La dernière initiative a été organisée par le club de réflexion sur le Mali dont les acteurs sont des collaborateurs à nous. L’objectif recherché est que tous les maliens de toute obédience politique puissent parler ensemble, dialoguer pour une sortie de crise. Le Mali est un pays qui avait connu des avancées démocratiques, nous avons été surpris de voir que la situation s’est beaucoup dégradée. Les initiatives concourent aujourd’hui à assister la société civile et les hommes politiques pour une paix durable dans un nouveau Mali.
Propos recueillis par Aliou Badara Diarra, depuis Tunis