Marie Louise Asseu, appelée Malou dans la série télévisée Ma famille : Un artiste à un moment donné de sa carrière doit pouvoir s'offrir d'autres horizons

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Venue dans la comédie par amour,  Marie Louise Asseu fait partie des incontournables du monde du 7e art ivoirien. Elle a su s’imposer par son courage et son talent créateur. En plus de la comédie, elle est aussi réalisatrice de deux séries de télé réalité dont notamment " Un mari pour deux sœurs " et dans lesquelles elle a regroupé les meilleurs acteurs du cinéma ivoirien. Elle estime que son seul salut est son travail.

Bamako Hebdo : Qui se cache dernière la belle dame à la double casquette ?

Marie Louise Asseu : (Rire). Je me nomme Marie Louise Asseu, plus connu sous son nom d’artiste Malou dans " Ma famille " ou Henriette dans " Un mari pour deux sœurs ". Marie Louise Asseu est tout simplement une artiste comédienne et productrice qui se veut  désormais pluraliste. Une touche-à- tout. Puisqu’on a un métier où il est assez difficile d’arrondir la fin du mois, j’essaie d’ouvrir mon champ d’action. Je me suis essayée dans la réalisation pour sortir deux films que sont " Un mari pour deux sœurs " sorti  en 2007 pour le Saint Valentin. Quand on a fini, les gens ont tellement apprécié l’histoire qu’on s’est dit qu’il fallait le décliner en feuilleton. On l’a monté en 52 épisodes qui passent sur des chaînes étrangères.  Ensuite, j’ai réalisé " L’histoire des copines ". Je suis également initiatrice de Miss tout niveau, un concept qu’on aura l’occasion de développer  au cours de cet entretien.

Comment êtes venue dans la comédie ?

Je pense que c’est un peu par vice. Je suis comédienne depuis presque vingt ans. J’ai l’occasion de côtoyer pas mal de réalisateurs. Ils ont des expressions qu’ils utilisent sur scène qui me plaisent comme quand on dit action, on va faire les PC (plans de coupe), les plans d’ensemble, les plis américains, etc. Je me disais qu’il faut qu’un jour je sois réalisatrice pour pouvoir donner des instructions de ce genre à d’autres personnes. Je me dis qu’un artiste, à un moment donné de sa carrière, doit pouvoir s’offrir d’autres horizons, parce qu’en Afrique on vieillit très vite dans l’art.

Très vite, on traite l’artiste d’ancien. Il faut avoir de nouveaux visages. Ceux qui sont là, on ne les utilise plus tellement. C’est bien dommage. Pour moi, c’es un défi et si par extraordinaire il n’y avait pas de producteur qui ferait appel à mes services, il faut que moi-même je puisse m’offrir du boulot. En m’offrant du boulot, j’offre également du travail à une autre génération, le tout sous la vigilance du grand réalisateur  Aranteste de Bonnali. 

Le feuilleton " Un mari pour deux sœurs " est-elle une histoire réelle ?

Oui, c’est venu d’une vraie histoire.  Un jour, dans mon émission sur la deuxième chaîne (télé) ivoirienne, j’ai reçu le courrier d’une dame qui la posais comme son problème. Quand j’ai lu l’histoire, j’étais choquée. Le déclic est venu du fait qu’une artiste ivoirienne a vécu le cas. Je me suis dit que ça ne peut pas en rester-là, il fallait ouvrir le débat et laisser prendre le temps que ça va prendre. Un soir, je revenais du tournage de l’émission satirique " Faut pas fâcher ". Je suis rentrée à 18heures ce soir-là avec ma rame de papier pour écrire. Je me suis assise de 18h à 6 heures du matin sans me lever. j’avais déjà fini avec mon scenario car c’est comme si on me dictait ce qu’il fallait dire.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontées au moment de la mise en scène?

Difficultés plutôt financières, parce que je l’ai fait sur fonds propre. Il fallait donc trouver de l’argent. J’avoue que ce n’était pas facile, mais avec l’aide de Dieu, on a pu tirer notre épingle du jeu.

Selon vous, qu’est-ce qui fait que le cinéma africain ne parvient pas à s’imposer comme les cinémas américain ou hindou?

Je pense que c’est une politique culturelle générale qu’il faut avoir. Les Américains ont compris la portée de leur cinéma. Ils ont compris que tous les messages qu’ils ont passés à travers le cinéma ont réussi à atteindre les différents buts. C’est-à-dire réussir à s’imposer comme étant les maîtres du monde. Ils ont œuvré pour ça. Il faut que les responsables de nos Etats aussi comprennent qu’à partir de notre art nous pouvons, nous aussi, faire partager nos pensées, rendre accessible notre culture à d’autres. Quand un film américain ou français sort, les gens sortent massivement. Mais quand c’est un film africain, nos salles deviennent vides. Si aujourd’hui la piraterie des CD, DVD et cassettes a réussi à prendre le dessus, c’est bien parce que nos salles sont malheureusement vides. Ce qui fait d’ailleurs la difficulté de ses salles de cinéma. Il faut, pendant les 50 prochaines années, que les dirigeants comprennent qu’avec le cinéma ils peuvent toucher le bout du monde, quelque soit le domaine. Cela demande des moyens colossaux.

Parlez-moi de Miss tout niveau dont vous êtes l’initiatrice

Vous connaissez Miss tout niveau ? (rires) Ça fait plaisir. Miss tout niveau est un concours de beauté qui sort des concours de beauté classiques. D’abord, le constat est parti du fait que quand on veut interroger les jeunes dames, la première expression : " Je ne suis pas parti à l’école oh, je ne sais pas parler français oh ! ". Elles se sentent complexées de ne pouvoir jouir de la vie dans la compétition comme leurs sœurs qui sont ou qui ont été à l’école. Est-ce que cette femme qui n’est pas partie à l’école, mais qui tient une affaire que ça soit le commerce, le salon de coiffure, de couture, ou qui est auxiliaire de maison…, a besoin d’un diplôme pour réussir dans la vie ? Je dis non ! La beauté ne se prépare pas dans les académies. Il est arrivé un moment à Abidjan où les jeunes filles étaient obligées de mentir sur leur scolarité pour accéder à l’élection de beauté.  C’est arrivé à une miss qui était la risée de tous. On parlait d’elle dans les journaux tous les jours. Moi, je veux faire sortir ces jeunes dames de l’ordinaire, les valoriser et briser la classe. Cette année, l’élection en est à sa troisième édition.

L’élection est prévue pour quand ?

On va faire la présélection dans la deuxième quinzaine d’octobre et le 19 novembre, la grande finale se tiendra à l’hôtel communal de Cocodi. Je cherche un représentant à Bamako pour faire la même chose au Mali. Je pense que le problème existe là-bas également. N’est-ce pas?

Quels sont rapports avec Akissi Delta de la série " Ma famille " ?

Oh là ! Delta, c’est la maman de tous les artistes. On a dépassé le cap de l’amitié, c’est ma grande sœur. Elle fait partie des précurseurs de ceux qu’on pouvait appeler autodidactes ou analphabètes dans le métier de l’art. Mais à partir de l’intelligence que l’école de la vie octroie, on peut faire de grandes choses, à l’exemple de Delta qui avec " Ma famille " a pu nous le démontrer. 

 

Quel est votre secret pour rester toujours belle, soignée ?

(Rire). Il n’y a pas de secret. J’ai eu la chance d’avoir un visage sans bouton.

J’ai remarqué que vous êtes beaucoup plus wax, comment se fait le choix de vos  modèles?

J’ai plusieurs couturiers qui sont pour la plupart des amis : Daniel Créa, Coucou, Ortiz et Thérèse qui savent très bien ce qui me va. Je donne rarement de modèle. je demande seulement de faire de sorte que je sois à l’aise dedans. J’adore être en pagne. Dieu merci, il paraît que ça me va.

Quelle est votre couleur préférée ?

Le bleu, parce que c’est la couleur de l’espérance, la couleur de la vierge Marie. Je ne peux pas porter un pagne sans un petit bleu dedans.

Qu’est-ce que vous aimez le plus dans la vie ?

J’aime travailler car seul le travail paye. Je n’ai pas eu la chance de faire des études comme il le fallait et puis, j’ai traversé beaucoup de difficultés, donc le travail est la seule chose qui peut m’aider à devenir ce que je veux exactement être.

Qu’est ce que vous détestez ?

L’hypocrisie, mais malheureusement, on vit avec ça quotidiennement. Il faut qu’un homme avec grand H, c’est-à-dire l’être humain, arrive à semer l’amour.

Situation familiale ?

Je vis en couple avec un enfant. Il est papa lui aussi, puisqu’il a 20 ans.

Avez-vous des projets ?

On en a tous les jours, mais on n’a pas d’argent. On prépare le festival de théâtre pour l’année prochaine et Miss tout niveau. Je suis en train de voir s’il faut sortir un film pour le Saint valentin. Si Dieu le permet, ça va se faire.

Quel sera le nom du film ?

On le garde en secret pour le moment !

Marie Louise Asseu a joué dans combien de films ?

Beaucoup de films. C’est difficile de se souvenir de tous les noms. J’attends maintenant des films venant de l’extérieur, précisément de la sous-région. Je veux dire le Mali, le Burkina et tant d’autres pays, pourquoi pas ?

Qu’avez-vous à dire à vos fans maliens ?

Qu’ils fassent des Doha pour que je puisse venir faire un spectacle à Bamako et même à l’intérieur du Mali, avant la fin de l’année. Je les embrasse tous.

Réalisée par Par Fatoumata  Mah Thiam KONE à Abidjan

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