Marie Françoise Affoua Sy est une africaine de la diaspora qui œuvre pour la promotion des cultures africaines et européennes. Cette journaliste, née en Côte d’Ivoire, s’est engagée, depuis quelques années, dans la promotion des échanges entre les femmes africaines et espagnoles. Arrivée à Barcelone (Espagne) où elle réside, Marie Françoise Sy se bat au quotidien pour que les femmes entrepreneures de l’Espagne et de l’Afrique multiplient les contacts pour la promotion du développement durable. Elle sert aujourd’hui de pont entre les femmes d’Espagne et celles du continent africain à travers le Centre de coopération interculturelle pour la femme africaine (CODAF) dont elle est la présidente et membre fondatrice. La structure est organisatrice de la troisième rencontre des femmes entrepreneures d’Espagne et d’Afrique, qui s’est tenue du 16 au 18 septembre 2010 au centre international de conférences de Bamako. Coordinatrice de ce forum, Mme Marie Françoise Sy livre, dans cet entretien, ses espoirs, les éléments de satisfaction et sa vision de l’entreprenariat.
L’Aube : Qu’espérez-vous en organisant cette rencontre d’échanges entre les femmes entrepreneures espagnoles et africaines ?
Marie Françoise Sy : J’espère beaucoup de choses. Parce que nous, émigrés, avons la chance d’avoir notre culture et la culture du pays d’accueil. Par exemple, je suis à Barcelone en Espagne. J’ai non seulement la culture africaine, mais je suis en train d’apprendre la culture d’Espagne et particulièrement celle de Catalan. Je crois qu’on peut faire bénéficier cette chance à tout le monde. A travers ce genre de rencontre, je partage mon expérience. Je sers de pont entre mes sœurs d’Espagne et d’Afrique en les mettant ensemble. On dit que l’union fait la force. Je sais qu’ensemble ces femmes, chefs d’entreprise, vont beaucoup faire pour leurs pays et pour l’Afrique. Et ensemble, nous allons faire des choses merveilleuses.
Au bout de cette troisième rencontre, quels sont pour vous les éléments de satisfaction ?
Effectivement ! La première, c’était à Barcelone ; la deuxième à Niamey et la troisième à Bamako. J’ai beaucoup aimé les propos du Parrain (ndlr, Soumaïla Cissé, président de la Commission de l’UEMOA) qui a dit à l’ouverture des travaux de cette troisième rencontre que « vous avez fait un pas, deux pas, trois pas et vous allez faire quatre et plus ». C’était vraiment beau. Parce que nous, nous venons à l’échange. Pour nous, la coopération, ce n’est pas seulement recevoir. C’est aussi donné. Je sais que le plus beau, c’est de voir et de toucher du doigt parce que quand on est de l’autre côté, on ne sait pas ce qui se passe. Alors que quand on a vu et touché, ça devient autre chose. C’est pourquoi, je pense que faire venir des femmes espagnoles en Afrique, faire venir des femmes africaines en Europe, est une opportunité d’échanges et d’expériences.
Vous disiez, lors de l’ouverture de vos travaux, avoir perdu 70% de votre budget. Qu’est ce qui peut expliquer cette perte ?
Je n’aimerai pas rentrer dans les détails. On dit que le linge sale se lave en famille. Et je crois qu’en tant qu’africaines, en tant que famille, nous avons lavé notre linge sale. Je béni Dieu pour çà. Je profite d’ailleurs pour remercier toutes mes sœurs et toutes les bonnes volontés qui ont apporté leur contribution.
Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées en organisant ces trois rencontres ?
J’ai plutôt des joies à organiser ces rencontres. Je pense qu’il n’y a pas de difficultés en entreprenariat. Non, ce n’est pas possible. On ne peut pas être entrepreneur et avoir peur. Parce que des fois, c’est dans les échecs que nous apprenons. C’est ce que nous appelons échecs qui est constructif et c’est dedans que nous pouvons tirer les bénéfices. Parce que si tu n’as pas su regarder le positif dans le négatif, tu n’as rien compris. Je dis que le fait de pouvoir déplacer 27 chefs d’entreprise venant de toute l’Espagne, ayant tout abandonné, c’est déjà un pas. Et je sais que mes sœurs africaines et maliennes sont en train de profiter de ces contacts.
Entretien réalisé par Idrissa Maïga