Maréshal Zongo, humoriste : « Je suis vexé de constater qu’on commercialise la paix en Cote d’ivoire … »

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« Je ne suis pas refugié au Mali, je suis peut être un retiré ».  a précisé Gnamian Bi, alias le Maréshal Zongo, installé à Bamako depuis la crise post- électorale en Côte d’Ivoire, continue d’égailler ses fans à partir de son émission JTZ sur la télévision Africable. Dans l’interview qu’il  nous a accordée, l’humoriste ivoirien fustige dans le fond l’initiative de la caravane de la paix et de la réconciliation qui a couté 824 millions au contribuable ivoirien. Zongo s’insurge également contre le comportement peu citoyen des artistes comme Alpha Blondy, Ticken Jah ou encore du groupe Magic System. « Quand Alpha Blondy, Ticken Jah, Magic  Système demandent des gros cachets pour parler de paix dans son propre pays.  Je parle d’une arnaque. »

Maréshal Zongo

L’Enquêteur : Qui est le Maréshal Zongo ?

M.Z: Je suis maréshal Zongo, artiste comédien humoriste. Généralement je dis artiste tout court, parce que je fais un peu de tout, de la musique, de l’écriture et puis d’autres choses.

L’Enquêteur : Votre popularité vous a précédé au Mali. De quoi cela tient-il ?

M.Z : La grâce de Dieu a fait que j’ai embrassé une carrière d’humoriste avec beaucoup d’amour, beaucoup de passion, beaucoup d’investigations et d’investissements. Je pense que c’est le fruit du travail qui a permis que mon nom puisse aller au-delà des frontières ivoiriennes. Pour me résumer, c’est le résultat du travail et l’appréciation de ce travail.

L’Enquêteur : Justement parlant de travail puis-je avoir une idée sur le parcours qui vous a porté à ce sommet là ?

Maréshal Zongo : Je dirai d’abord qu’on n’est pas au sommet, mais plutôt sur le chemin. Toute l’histoire commence en milieu scolaire avec le théâtre scolaire. Après je me suis décidé d’essayer une carrière qui, après s’est s’imposé à moi. D’abord, on fait un choix. On se dit bon je m’engage en tant qu’artiste et puis j’essaie de devenir foncièrement artiste. Moi, j’ai commencé le théâtre depuis le bas âge, après je me suis retrouvé dans les émissions télé autour des années 96 avec le DJELI THEATRE DE GBI DE FER. Quelques années plus tard on a mis en place le duo Zongo et Tao dans les années 99. On a évolué avec beaucoup d’étapes faites de difficultés, des échecs et de moments de joie, vraiment avec tout ce qu’on peut considérer comme périphérie d’une carrière artistique. Et jusqu’aujourd’hui, on continue de se battre.

L’Enquêteur : Quelles sont les prestations ou œuvres qui ont ‘vendu’ Zongo pour qu’il atteigne ce niveau ?

Maréshal Zongo : C’est d’abord l’époque DIMANCHE PASSION, après il y a eu les albums de ZONGO et TAO, a suivi la période TRITROLOGUE avec la RTI.

L’Enquêteur : Maréchal Zongo, c’est aussi le featuring avec des artistes chanteurs.

Mareshal Zongo : Je dis que moi mon univers artistique ressemble à un cube. Parce que je suis comédien de formation, j’ai embrassé une carrière humoristique. Tous mes proches sont des musiciens, je m’intéresse à l’écriture cinématographique, je suis en formation pour la réalisation vidéo. Donc chaque fois qu’il m’ait donné l’occasion d’apprendre un temps soit peu quelque chose auprès des artistes, je ne m’en prive pas. Et puis je pense que tant qu’on est artiste et qu’on reste ouvert, on a toujours besoin de réaliser ses limites dans l’objectif d’une progression plus édifiante.

L’Enquêteur : Zongo est il un artiste engagé ?

Mareshal Zongo : Je pense que je suis socialement engagé. Généralement on fait  l’erreur de dire qu’un artiste engagé c’est celui qui parle de politique. Moi je suis socialement engagé et tout ce qui touche à la société me touche; de ce fait je ne veux pas que mon humour soit juste pour rire. Je pense que l’Afrique a énormément de problèmes, le monde a énormément de problèmes et la seule façon de permettre aux gens de dépasser leurs problèmes, c’est de les amener à rire de leurs propres réalités. Les tristes réalités sociales que nous connaissons, à  savoir les crises politiques, les rapports de l’Afrique avec l’Europe, etc. Je n’ai pas la prétention de me positionner comme un artiste engagé car je pense que tous les artistes sont engagés d’une manière ou d’une autre.

L’Enquêteur : Le maréshal Zongo est il réfugié au Mali ?

Mareshal Zongo : Oh ! Je ne suis pas refugié au Mali, je suis peut être un retiré. Parce qu’un refugié a une carte de HCR or j’ai une carte consulaire. Je me suis retrouvé ici du fait de la crise, nombreux sont les ivoiriens qui sont dans cette situation. En tant qu’artiste, l’instabilité dans mon pays ne se prêtait pas à notre métier. Nous n’attrapons pas de kalaches mais des micros. Il fut un moment où c’était les kalaches qui faisaient la loi en Côte d’Ivoire donc tous ceux qui ne se sentaient pas capables de s’en servir sont sortis. Par contre, j’ai eu la chance, étant ici, d’avoir une proposition de travail; c’est dire que je ne suis pas refugié. Artiste, les gens me demandent quand est ce que je retourne au pays ? A cela je réponds que souvent le poisson qu’on détient en main est bien plus sûr que celui qu’on a sous le pied dans l’eau. Actuellement j’ai le JTZ (un journal télévisé comique, humoristique basé sur l’actualité au Mali). Il est préférable de m’y accrocher. Je tiens à rappeler que je ne suis pas interdit de séjour en Côte d’Ivoire..

L’Enquêteur : Alpha Bondy, Tiken Jah et de nombreux artistes se sont lancés dans une caravane pour le retour de la paix dans votre pays. Avez-vous été contacté en cela ?

Mareshal Zongo : Non, je n’ai pas été contacté comme de nombreux artistes ivoiriens à l’étranger d’ailleurs, comme beaucoup d’autres restés en Côte d’Ivoire. A ce sujet, je suis peiné de constater qu’on commercialise la paix en Côte d’Ivoire. Quand j’apprends que la caravane de la paix a un budget de plus de 800 millions de FCFA.

Quand j’apprends que des artistes ont touché des cachets de cinquante millions (50.000.000 FCFA) pour parler de paix dans leur propre pays. Des gens qui exigent une centaine de millions pour parler de paix dans leur propre pays, j’en suis franchement écœuré. Je pense que, quand on a toujours crié qu’on est du côté du peuple, on se doit de se ‘donner’. On se doit de chercher à avoir sa part d’humanité à donner. Mais quand on demande des gros cachets pour parler de paix dans son propre pays, je parle d’une arnaque.

Tout ce que les gens crient sur les toits comme conviction pour moi c’est zéro. Il ne faut pas que ce soit une trahison vis-à-vis de tous ceux qui apprécient la musique des artistes qui sont considérés comme des porteurs de messages. Quand il s’agit de poser un acte pour prouver que tout ce qu’on dit dans les chansons, on le vit pas, cela devient un problème.

J’aurai voulu que Alpha Blondy, Ticken Jah, Magic System jouent gratuitement quand il s’agit de la paix en Côte d’Ivoire. Mais quand j’apprends que ceux-ci exigent des cachets colossaux pour parler de paix de leur propre pays, j’ai très mal. Ceux là, à la différence des autres artistes, devraient faire cadeau de cet argent à leur pays. Ils devraient dire qu’ils  s’engagent auprès de la Côte d’Ivoire et demander juste le minimum pour gérer le quotidien des musiciens. Mais quand j’apprends que des cachets extraordinaires, des cachets qu’ils n’exigent pas pour des concerts en tournée sont réclamés pour une caravane de paix dans leur propre pays, je trouve que c’est scandaleux et méchant à l’endroit de la Côte d’Ivoire.

Ange De VILLIER

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2 COMMENTAIRES

  1. Tu as raison mon frère , c,est pas normal , on aurai du prendre cet argents pour construire des maisons , des écoles , ou encore donner a cette population qui as faim , est ce que qu,ellequ,un qui as faim , peut regarder ou écouté la musique .j,ai rien a dire mais c,est méchant ça .et dieu ….

  2. tu as tout à fait raison . ces artistes friqués qui passent leur temps a nous bassiné avec leurs musique de merde , et qui crie haut et fort partout dans le monde je suis ivoirien et fier de l’être , vive l’afrque , etc… vraiment honte à vous .

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