La fondation du Festival en collaboration avec le centre culturel Korè organise du 12 au 17 février à Ségou un colloque international sur ” la culture et la gouvernance ” et une exposition d’objets d’art sur ” la paix et la cohésion sociale “. A travers ces activités de réflexion et d’échanges, le fondateur du festival sur le Niger, Mamou Daffé, dit apporter sa contribution dans la consolidation de la paix. Nous l’avons rencontré lors de cette édition spéciale du festival sur le Niger et il a répondu à quelques questions de L’Indépendant Weekend.
L’Indépendant weekend : Pourquoi forcément organiser cette édition spéciale du festival sur le Niger ?
C’est un acte de foi et un élan de cœur, car la 9ème édition a trouvé notre pays dans une situation de crise. Et c’est pourquoi nous avons souhaité saisir l’occasion pour engager des réflexions, des débats sur les arts et la gouvernance dans nos Etats en période de crise. Nous pensons aussi qu’il appartient à l’art et à la culture de concilier tous les maliens autour du projet de préservation et de sauvegarde de l’intégrité du patrimoine culturel du Mali. Je pense que depuis trois jours qu’a débuté ce colloque, nous avons compris que nous avons eu raison vu la qualité des débats et des recommandations qui seront remises à nos autorités.
Vous avez invité plus d’une quinzaine de professionnels pour ce colloque. C’est énorme!
Oui c’est justement à la dimension aussi des thèmes. Nous avons programmé plus d’une quinzaine de communications, avec des thèmes vraiment alléchants. C’est carrément une rencontre des professionnels. On sort du format festival avec le grand public, vu le contexte du pays et nous proposons une édition des rencontres artistiques avec le centre culturel korè qui est un département de la fondation festival sur le Niger. Il était très important de réunir les géants d’Afrique dans ce domaine ici à Ségou, pour débattre de nos problèmes et ensemble faire des recommandations.
Quelles sont les difficultés majeures en changeant le contexte du festival ?
Nous n’avons pas eu de difficulté à articuler car le programme a été juste modifié, et l’aspect festif a été reporté jusqu’à la date à laquelle notre pays recouvrera toute son intégralité territoriale. Nous avons donc maintenu le programme du centre culturel korè qui est consacré au développement de l’art et de la culture et nous avons organisé ces colloques qui ont toujours existé pendant la période du festival sur le Niger, mais en même temps c’est une innovation majeure car nous avons fait déplacer plus d’une quinzaine de professionnels venus de l’Afrique du Sud, du Sénégal, du Congo, de la Côte d’Ivoire, de l’Ouganda, du Burkina Faso etc.
Le festival c’est aussi son côté festif, quel message avez-vous à l’endroit des festivaliers qui ont été sevrés cette année de l’ambiance ?
Au grand public je dirai que ce n’est que partie remise, et que nous organiserons l’aspect festif dès que notre pays recouvrera son intégralité territoriale. C’est vrai que le festival c’est beaucoup plus son côté festif, mais pour cette édition, nous avons voulu vraiment transmettre un message fort, à travers un travail d’intellectuel africain sur le thème “culture en résistance pour la paix et la réconciliation nationale”, et au 3eme jour de l’ouverture de ce colloque, je dirai que nos attentes sont comblées.
Un mot aux détracteurs qui ont voulu ternir l’image du festival sur le Niger ?
Vous savez même le bon Dieu ne fait pas l’unanimité. Nous comprenons l’incompréhension que certaines personnes peuvent avoir, c’est très humain. Mais nous, nous fonctionnons normalement et de façon précise. Notre volonté est claire, et notre désir ardent, pour promouvoir les arts pas seulement au Mali, mais en Afrique. La preuve, est que presque toute l’Afrique qui est représentée à Ségou en cette période. Donc le festival sur le Niger a une dimension continentale et les questions nationales dans ce sens deviennent un peu insignifiantes.
Vous serez reçu par le président de la République pour la remise des recommandations de ce festival. Quel sentiment vous anime ?
Ca fait plaisir de pouvoir transmettre les conclusions de notre colloque au président de la République et en plus il y’a le ministre de la culture qui est là, donc la passerelle est tout trouvée. Il faut réellement arriver à ce partenariat public/privé et c’est extrêmement important pour un développement durable et harmonieux non seulement de nos états, mais de l’art et de la culture car nous osons croire que la culture est fondamentale et si on règle cette question culturelle, on règle 80% des problèmes.
Un mot pour la fin ?
Merci aux hommes de média, aux scientifiques, aux chercheurs qui ont accepté de venir dans notre pays malgré le contexte difficile. Ca m’a beaucoup touché malgré les disfonctionnements constatés par ci par là, nous sommes un seul peuple. Donc l’unité africaine est là aujourd’hui et j’en suis comblé.
Réalisée par Clarisse Njikam, depuis Ségou