A travers une série d’activités, le Fond International de Développement Agricole (FIDA) a commémoré les 30 ans de sa présence au Mali, la semaine dernière. Nous en avons profité pour nous entretenir avec le Coordinateur des projets financés par cette structure internationale, Mamadou Nadio.
22 Septembre : Il y a quelques jours, le FIDA a célébré les 30 ans de sa coopération avec le Mali. Quels ont été les temps forts de cette fête?
Mamadou Nadio : Je vous remercie tout d’abord pour l’intérêt que votre journal accorde au développement rural, en général, et aux activités du FIDA, en particulier. Je me rappelle que, grâce à l’un de vos articles, une situation d’arriérés, côté malien, a été débloquée. Ceci nous a permis de recevoir certains financements qui avaient été suspendus. Pour revenir aux festivités marquant les 30 ans du FIDA au Mali, nous avons voulu faire d’une pierre deux coups. Nous avions d’abord l’atelier d’évaluation du Programme Pays Mali. Au mois de mars, pour ceux qui ne la savent pas, le FIDA a décidé de faire l’évaluation du portefeuille de ses projets et programmes. Il fallait donc se retrouver pour partager les conclusions de toute la mission. Nous nous sommes donc retrouvés le 4 décembre pour cela. En marge de cette rencontre, nous, au Mali, avons voulu magnifier les 30 ans de coopération du FIDA avec le Mali. Depuis 1982 nous sommes ensemble et le partenariat a été fécond. La partie malienne a toujours eu satisfaction dans cette collaboration. Il faut noter qu’à l’occasion, nous avons organisé, au Musée national, une exposition des différents résultats obtenus par les projets et programmes dans leurs zones d’intervention. Nous avons eu droit à des témoignages de certains bénéficiaires. C’était intéressant et la fête a enregistré la participation de plusieurs personnalités : le ministre de l’Agriculture, côté malien, Ides Vileboa, Division Afrique de l’Ouest et du Centre, Philipe Rémi, chargé du portefeuille Mali à Rome, côté FIDA, pour ne citer que ceux-ci.
Aujourd’hui, combien de projets et programmes le FIDA finance-t-il au Mali?
Comme vous le savez, les projets ont une vie. Ils naissent, grandissent et meurent. Depuis 30 ans, le FIDA a financé une douzaine de projets et programmes au Mali. Sur la douzaine, cinq sont actuellement en cours d’exécution. Il s’agit du Programme Intégré de Développement Rural de la Région de Kidal (PIDRK), le Programme d’Investissement et de Développement Rural des Régions du Nord (PIDRN), le FODESA (Programme de développement de la bande sahélienne), le Programme de Microfinance Rurale (PMR) et le Programme d’Accroissement de la Production Agricole au Mali (PAPAM). Si nous considérons l’ensemble des projets financés par le FIDA au Mali, depuis 30 ans, il a été investi 474 millions de dollars, soit 241 milliards de FCFA. Sans compter les dons qui s’élèvent à 6 millions de dollars, soit 3 milliards de FCFA. Le prêts du FIDA, on doit le souligner, sont octroyés à des conditions très avantageuses pour notre pays. Je dois reconnaître que le gouvernement du Mali est très satisfait des interventions du FIDA, dans la mesure où les zones d’intervention sont généralement dans la bande sahélo-sahélienne. Dans ces localités, on constate souvent une pauvreté accentuée et une insécurité alimentaire très forte. En plus, les groupes cibles sont les populations marginalisées, à savoir les femmes et les jeunes.
Depuis plusieurs mois, le Mali vit une situation de crise. Crise qui a obligé certains bailleurs de fonds à se retirer. Qu’en est-il du FIDA ?
C’est vrai que la crise sociopolitique a contraint certains projets, y compris les projets FIDA, à se retirer des zones actuellement occupées par ceux qui ont pris les armes contre le Mali. Vous avez certainement constaté la présence, à Bamako, du personnel du PIDRN ou du PIDRK. Mais, le FIDA a toujours continué à nous épauler, comme par le passé. Nous en sommes très reconnaissants et voulons rendre un vibrant hommage à notre bailleur de fonds qui n’a jamais abandonné le Mali, malgré les périodes difficiles. Le PIDRK et le PIDRN, qui se trouvent en zone occupée, ont fait un programme minimum de leurs activités. Ce programme consistait à recenser les besoins des populations en médicaments, en intrants agricoles, sur le plan du soutien aux éleveurs. C’est dans ce cadre que les deux programmes ont signé des conventions avec certaines ONG qui sont sur le terrain et ont acheminé une aide de près de 325 millions de FCFA. Ce sont des actions qui ont été rendues possibles grâce au soutient inestimable du FIDA et au courage de ceux qui animent ces programmes. Notons que le PIDRK et le PIDRN vont remercier le personnel non essentiel, dans peu de temps. Mais, là encore, le FIDA a accepté de nous accompagner dans ce processus.
Dans quelques jours, le FIDA tiendra son Conseil d’Administration. Le portefeuille du Mali va-t-il subir un coup, avec la crise?
Je pense que les perspectives du partenariat Mali-FIDA sont bonnes. En plus des cinq projets qui sont en cours d’exécution, et malgré que nos deux projets du Nord ainsi que le FODESA, dans une partie de la région de Mopti, se soient repliés à Bamako, à cause de l’occupation, le FIDA reste à nos côtés. Pour ce faire, il a clairement exprimé son vœu d’accompagner les projets pendant la crise et, dès que la situation revient à la normale, les activités vont repartir de plein pied. En plus, d’autres sources de financement sont prévues. Je profite de cette opportunité pour annoncer que le Programme de réinsertion des jeunes dans les filières agricoles et rurales est en gestion. C’est très important pour le Mali, car, chaque année, on a environ 300 000 jeunes qui viennent sur le Marché du travail. Le FIDA veut donc accompagner le Mali dans cette action qui débutera vraisemblablement en 2013. Je voudrai aussi citer le projet d’adaptation à la résilience face aux changements climatiques qui est financé à hauteur de 35 millions de dollars. Un autre programme de 2,7 millions de dollars financé par le FIDA est en étude. Il permettra au PMR d’étendre sont intervention dans la zone de Sélingué et même dans le bassin sucrier de Markala. Cela permettra, à coup sûr, aux différentes activités rurales d’être mieux financées, car le PMR est spécialisé dans ce domaine. Voici, en gros, ce que nous avons comme collaboration future avec le FIDA.
Propos recueillis par Paul Mben