Le Maire de Kéniéba, Mamadou Chérif Diallo nous a présenté sa commune comme empêtrée dans des problèmes similaires à celles dans la région de Kidal au nord Mali.
Le Républicain : Les Etats généraux sur la décentralisation vient de s’ouvrir et vous êtes là pour participer à ce forum, quelles sont vos impressions ?
Mamadou Chérif Diallo : Après quelques années de décentralisation, il faut se retrouver pour voir ce qui a pu marcher et ce qui n’a pas pu marcher, voir quelles sont les dispositions à prendre pour pouvoir corriger ce qui n’a pas pu marcher, et combler l’espoir de la population. C’est toujours de la base vers le sommet que nous pouvons atteindre une démocratie escomptée, une démocratie qui amorcera le développement.
Monsieur le Maire il y a une partie du Mali qui persiste à demander son indépendance. Pensez-vous que cette question pourra avoir sa solution dans le cadre de la décentralisation ?
Si les problèmes sont bien exposés, les intéressés sont sur place qui cernent mieux et qui expliquent mieux leur problème, je crois que des solutions pourront être trouvées. Mais il faut la concertation, il faut savoir le problème posé pour pouvoir chercher la solution. La division ne peut pas être la solution, c’est la concertation en écoutant ceux-là mêmes qui ont le problème, en prenant en compte leurs idées et leurs aspirations, je crois que nous parviendrons à trouver une solution, en maintenant le Mali un et indivisible.
Quels sont les problèmes de votre localité ?
Nous nous avons des problèmes multiples. Pour certains, Kéniéba c’est l’eldorado du Mali, vu la part que ces sociétés minières jouent aujourd’hui dans le budget de l’Etat. Mais quant à nous populations de Kéniéba, nous connaissons d’autres problèmes qui sont multiples. Certaines Communes perçoivent des patentes d’autres non. C’est dire que nous sommes là ensemble, certains vivent l’opulence alors que d’autres croupissent dans la misère. Les problèmes sont multiples à Kéniéba : problèmes d’électricité, d’eau, de la pénétrance, c’est-à-dire, que le goudron a contourné la ville et l’ancienne route, celle pénétrante reste sans goudron et une poussière terrible qui un moment a poussé la population à se révolter à faire des marches. Nous vivons aussi le problème du banditisme. Il y a également l’insécurité, des gens qui tuent d’autres pour prendre leurs fortunes.
Problèmes de sécurité, d’eau, d’électricité, d’infrastructures. Si on ne cite pas le nom de la Commune, on croirait qu’il s’agit d’une commune de la région de Kidal. Avez-vous autant de problème que la région de Kidal ?
Il me semble que nous devons avoir les mêmes problèmes. Partout c’est le problème de développement ; avec la décentralisation, les maires ont à peu près les mêmes problèmes, car ont des problèmes de recouvrement. L’Etat qui devrait recouvrir ne recouvre pas. On lance ce problème sur les maires, des élus qui ne peuvent toujours pas conduire leurs administrés devant les forces de répression, parce qu’ils n’ont pas payés leurs taxes ou impôts.
A votre avis, la décentralisation permet-elle de trouver une solution aux problèmes de Kéniéba, comme à ceux de Kidal ?
C’est sûr, je suis convaincu que nous avons les mêmes problèmes, les maires ont les mêmes problèmes partout. Les populations ne font pas leur devoir d’abord, parce qu’elles ne payent pas leurs taxes. Partout il faut des écoles, des services d’hydraulique, la santé, des routes. Si on peut résoudre les problèmes de Kidal, on peut résoudre ceux de Kéniéba comme ceux de Rharous, etc.
Pour terminer, on parle beaucoup de transfert des ressources. Qu’en pensez-vous ?
Les problèmes ont été transférés en intégralité. Les problèmes sont sur les maires, mais les ressources n’ont pas été transférées ; elles n’ont pas accompagné les transferts de compétence.
Est-ce parce qu’il n’y a pas suffisamment de compétence dans les localités ?
Si on a la volonté, on peut tout faire. Même si c’est quelques éléments seulement, s’ils font ce qu’ils doivent faire, ça sera ressenti.
Donc vous pensez qu’il faut absolument transférer les ressources ?
Il faut nécessairement si on veut mettre les élus dans les conditions répondantes à leur élection.
Par Hadama Fofana
Boukary Daou