Depuis le 27 mars 2017, le mouvement « Trop c’est trop » tient un sit-in quotidien devant la Bourse du travail. Objectif : Demander, pour le bien être des Maliens, au gouvernement de trouver une solution à la grève illimitée des médecins et aux grèves qui secouent le secteur de l’éducation au Mali. Hier mardi 4 avril à la Bourse du travail, nous avons rencontré Malick Konaté, l’un des portes paroles du mouvement. Très sûr de lui et du combat qu’il mène, le jeune homme était occupé, à notre arrivée sur les lieux, à donner des interviews à des confrères de la télévision et de la radio. Il nous fait signe de la main. Le projet d’interview bien calé, on attend une bonne trentaine de minutes avant le début de l’entretien. Très en verve, Malick nous explique l’objectif, les actions entreprises et les plans de son mouvement. « Nous allons continuer notre lutte jusqu’à ce qu’on trouve une solution à la souffrance des Maliens. On ne pouvait pas rester les bras croisés parce que si on regarde bien les choses, les gouvernants ont les moyens nécessaires de se faire soigner à l’étranger », dit-il. La preuve, explique-t-il, le « Président de la République va chaque fois à Paris pour des soins médicaux, et nous les pauvres ? ».
Lisez plutôt l’entretien …
Le Républicain : comment est né le mouvement « trop c’est trop »?
Le mouvement trop c’est trop a été mis en place après la manifestation de Gao là où il y a eu 3 morts. Nous avons marché le 14 juillet 2016 pour apporter notre soutien à la jeunesse de Gao. On a marché le 14 juillet 2016. Depuis ce jour, on est resté ensemble pour veiller sur les préoccupations du peuple malien et contrôler et forcer le gouvernement à aller de l’avant.
Ce sit-in à la Bourse du travail, a été initié après trois semaines de grève des agents de la santé. Des constats faits dans les hôpitaux, les malades et leurs accompagnateurs souffraient énormément. Donc on ne pouvait pas rester insensible face à la situation. On ne veut soutenir qui que ce soit. On ne va pas aussi accuser un seul camp.
Malick Konaté : En tant que citoyens, nous réclamons le droit à la santé et à l’éducation. Du coup on a commencé le sit-in, le 27 mars devant la bourse du travail. On demande juste au gouvernement de prendre toutes les dispositions nécessaires pour mettre fin à la souffrance du peuple Malien. Aujourd’hui, le front social est en ébullition. Il y a des grèves partout. En plus de la grève illimitée du secteur de la santé, les enseignants de l’enseignement supérieur ont commencé une grève illimitée le mardi. Nous allons continuer notre jusqu’à ce qu’on trouve une solution à la souffrance des Maliens. On ne peut donc pas rester les bras croisés parce que si on regarde bien les choses, les gouvernants ont les moyens nécessaires de se faire soigner à l’étranger. La preuve : le Président de la République va chaque fois à Paris pour des soins médicaux. Et nous les pauvres ? On ne peut donc pas se taire ! Il faut qu’on sorte pour montrer au gouvernement qu’ils sont là pour nous. On va les obliger à prendre toutes les dispositions nécessaires pour mettre les choses sur les rails.
Quel bilan après plus d’une semaine de Sit-in ?
Il y a des avancées. Au début de la grève, il n’y avait pas de négociation entre le gouvernement et les grévistes. Dès qu’on a commencé notre sit-in, les négociations ont repris. C’est un premier pas. Hier, le lundi 03 avril, le Premier ministre, après 26 jours de grève, a rencontré le syndicat central l’UNTM pour demander au syndicat des agents de la santé de mettre fin à leur grève. Même si ce n’est pas encore le cas, le gouvernement en train de travailler pour trouver une solution. On n’a demandé aussi aux agents de la santé de retourner dans les hôpitaux afin de soigner les pauvres. On continue à demander au gouvernement de mettre les médecins dans les conditions normales de travail. Nous espérons que dans les jours, les choses vont rentrer dans l’ordre.
Le Sit-in reste votre seul moyen de revendications ?
Nous nous sommes là chaque jour devant la Bourse de travail de 9h jusqu’à 12h. Et on vient d’adopter une nouvelle stratégie. La stratégie, c’est d’aller dans les communes, dans les CSRF, pour apporter notre soutien moral aux malades et à leurs familles. Les malades qui sont dans les hôpitaux, en plus de ne pas voir les médecins, n’ont aucun soutien. Cela augmente leur frustration et leur souffrance. Le jeudi, on ira faire notre sit-in devant le CSRF de la commune IV et apporter en même temps notre soutien aux malades et leurs parents.
Avez-vous des contacts avec les autres mouvements qui mènent la même lutte que vous ?
Le mouvement « trop c’est trop » est composé de gens de divers horizons. En tant que citoyen malien, nous réclamons nos droits. Le lundi quand on a commencé d’autres mouvements sont venus nous demander de sursoir à notre sit-in car ils étaient en train de préparer un grand mouvement dans les jours à venir. On les a demandés de nous rejoindre. Et quand ils vont organiser leur manifestation, on sera présent. Il faut une lutte commune. On a participé aujourd’hui, mardi 04 mars, à la réunion du mouvement « Tarata Wulen »( mardi rouge). Mais il faut faire attention à la récupération. On ne manifeste pour personne. Notre combat c’est pour le peuple malien. On réclame nos droits sans violence et dans la légalité. L’autre jour quand on était devant le trottoir, les policiers sont venus nous chasser. Ils nous ont demandé de rentrer à l’intérieur de la Bourse du travail. On a accepté car ils le font malgré eux même. Ils ont juste reçu des ordres. A leur fort intérieur, ils savent que ça ne va pas. Ils sont là dans le cadre de leur travail donc ils sont là malgré eux-mêmes. C’est nos frères et sœurs, ils sont dirigés par des gouvernants qui ne veulent pas nous écouter. On va continuer notre sit-in sans violence.
En parlant de violence, on vous a quand même empêché de manifester pacifiquement à maintes reprises…
Le gouvernement malien peut faire tout ce qu’il veut, mais on ne lâchera pas. Exemple : Les policiers sont venus le mercredi passé avec un texte de 1963 qui interdisait les manifestations. J’ai demandé au commissaire d’aller se mettre à jour car je ne peux pas comprendre qu’il n’a pas lu le nouveau texte de 2014 qui autorise les manifestations, même la constitution malienne nous autorise de manifester, on est dans notre plein droit de sortir et de montrer notre mécontentement. On fera tout pour ne pas faire de violences (casser des infrastructures ou autres). Quand on a envoyé une lettre d’information au gouvernorat le 30 mars vers 15h, le lendemain le gouverneur nous a répondu avec une seule phrase : « En raison d’état d’urgence nous donnons un avis défavorable à votre demande ». J’ai répondu à madame le gouverneur qu’on n’avait pas demandé une autorisation pour quoi que ce soit. Le droit fondamental nous autorise à manifester. On l’a juste informé pour qu’elle prenne les mesures nécessaires. C’est le peuple qui a mis ce pouvoir en place. On va donc revendiquer nos droits jusqu’au bout.
Après plus d’une semaine, ce n’est pas encore la grande foule à vos sit-in…
On a de la peine à mobiliser parce qu’au Mali on est habitué à la facilité, si c’était un parti politique qui faisait ce sit-in on allait voir du monde. Eux ils mobilisent avec de l’argent ou des T-shirt. On est dans un pays où le peuple n’arrive pas à comprendre quel est son droit. Le mouvement « trop c’est trop » est en train de sensibiliser la population malienne pour qu’elle puisse comprendre que le pouvoir est là pour nous, le pouvoir appartient au peuple donc si le peuple décide d’une chose, même le président de la République ne peut pas dire le contraire. Même si les médecins retournent aujourd’hui dans les hôpitaux nous on va continuer le combat, c’est-à-dire sensibiliser le peuple de ne pas aller voter pour 2000 FCFA car si tu votes pour cela, le président aussi va faire ce qu’il veut. On va continuer à sensibiliser les maliens pour qu’ils puissent prendre les choses en main.
Propos recueillis par Madiassa Kaba Diakité
Enfin des jeunes capables dans ce pays.
Des loups maquillés en mouton
merci le mouvement TROP C’EST TROP, Mais vous devez aller voir ce qui se passe dans les cliniques. les médecins refusent de soigner les pauvres dans les hôpitaux mais donnent des rendez vous dans les cliniques pour mieux arnaquer les pauvres.
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