Le Secrétaire général du Mouvement pour le Progrès (MPP) Mali Nyeta Koura a accepté de confier à Afrik les quelques principes d’analyse simples qui permettent de lire la situation au Mali aujourd’hui et de sortir le pays de l’enlisement actuel.
AFRIK : Comment sortir le Mali de la crise où il semble s’enliser ?
Soumaïla Berthé : Les solutions ne viennent jamais de l’étranger, pas plus de la CEDEAO que de l’ONU. Ce sont les partis politiques maliens qui doivent exiger et imposer la tenue des élections et le retour à l’ordre constitutionnel dans les délais sur lesquels les autorités de la transition se sont engagés devant les Maliens et devant la Communauté internationale.
AFRIK : La solution est-elle militaire ?
Soumaïla Berthé : Nous ne devons pas être aveugles ; la sortie de crise n’est pas seulement militaire, elle n’est jamais, dans aucun pays, uniquement militaire, c’est ce que nous apprend l’histoire et notre expérience africaine. La solution est forcément politique : elle passe par un retour à l’ordre constitutionnel et la mise en place d’un pouvoir légitime aux yeux de tous les Maliens et de leurs interlocuteurs.
AFRIK : Quelles sont alors les priorités ?
Soumaïla Berthé : Les priorités profondes sont économiques et sociales : il faut relancer le Mali dans une dynamique de création d’emplois, appuyée d’abord sur la restauration des services publics dans toutes les Régions, et le rétablissement de l’accès aux nécessités vitales, et cela va de l’eau potable à l’éducation. Lorsque la population n’a plus accès à l’eau potable et à une alimentation suffisante, et lorsque la jeunesse n’est plus éduquée, le pays se prépare des lendemains bien sombres. Il faut donc considérer que les priorités à mettre en œuvre sont de remettre en place très vite le redémarrage du développement économique du pays. C’est la seule réponse véritable à la propagande des réseaux de recrutement terroristes qui profitent de la misère qui s’installe et de la fragilité d’une jeunesse sans travail et sans perspective.
AFRIK : Et quelles sont les conditions de la reprise économique ?
Soumaïla Berthé : La première condition, c’est la paix civile, qui permettra la reprise de l’investissement au Mali, à la fois de la part des ressources propres du Mali, qui existent, et de la part de partenaires internationaux, qui ont besoin d’une confiance restaurée dans un gouvernement légitime et pérenne. Il faut revenir aux fondamentaux : le cadre institutionnel stable et légitime, c’est la première condition de la paix civile, qui permet une action politique, économique et sociale efficace, durable et profitable à tous.
Source : Khaled Elraz, AFRIK