Au Mali, les combats se poursuivent ce lundi 14 janvier 2013. Plusieurs pays africains sont désormais sur le point de s’engager aux côtés de la France. Ils étaient dimanche à Bamako pour planifier la reconquête du nord du Mali. Le Nigeria doit prendre le commandement des opérations d’une force qui réunira le Niger, le Burkina Faso, le Sénégal, le Bénin et le Togo. Le Niger va envoyer au moins 500 soldats sur place, comme la confirmé ce lundi le président Mahamadou Issoufou, invité de RFI.
RFI : Le Niger a annoncé officiellement, samedi, l’envoi d’un bataillon de 500 soldats au Mali. Savez-vous quand ces hommes seront déployés ?
Mahamadou Issoufou : Je ne pense pas que ce soit nécessaire de donner cette précision, mais je peux vous confirmer qu’effectivement, le Niger va assumer ses responsabilités, va honorer les engagements qu’il a pris dans le cadre de la Cédéao [Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest, ndlr]. Vous savez que le territoire et le peuple malien sont victimes d’une agression, menée par une coalition de terroristes et de narcotrafiquants, qui s’affublent d’un manteau religieux, mais qui n’ont rien de musulman. Donc, le Niger assumera ses responsabilités pour libérer le nord du Mali et débarrasser le Sahel de ces criminels.
Pas d’indication sur la date du déploiement de ces hommes. Mais c’est dans un espace de temps court, dans les jours qui viennent ?
Ce n’est pas nécessaire d’entrer dans ces détails. Le plus important, c’est de retenir que le Niger participera à la Mission internationale de soutien au Mali.
Est-ce qu’il y a une date pour la tenue de la session de l’Assemblée nationale qui doit autoriser le déploiement de ces hommes au Mali ?
L’Assemblée nationale va se réunir en session extraordinaire mercredi prochain. J’ai signé le décret de convocation de l’Assemblée à la fin de la semaine dernière. Donc, nous savons la procédure qui est engagée et je pense que le Niger va assumer, comme j’ai dit, ses responsabilités.
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L’idée, c’est que les soldats nigériens, dont vous avez ordonné le déploiement, se portent vers Bamako, ou bien qu’ils coupent la retraite des islamistes par le Nord ?
Je pense que ce n’est pas nécessaire d’entrer dans ce détail opérationnel. Comme je l’ai dit, le plus important c’est de retenir que le Niger participera à la mission.
Cette mission, vous la qualifieriez comment ? C’est une force africaine, une force franco-africaine, une force internationale ?
C’est une force africaine d’abord, que nous allons déployer avec le soutien de la France. Je voudrais d’ailleurs, au passage, saluer le courage du président français Hollande dont nous avons apprécié la réaction rapide, face à la progression des jihadistes vers le sud du Mali. Cette position de la France est d’autant plus courageuse, que la France a des otages dans le Sahel.
Vous avez aussi ordonné le déploiement de soldats le long de la frontière avec le Mali. Est-ce que ça veut dire que vous craignez que les islamistes ne se replient vers le Niger ?
Vous savez que nous avons toujours considéré le problème malien comme une question de sécurité intérieure pour le Niger. Donc, nous avons fait toutes les hypothèses et nous avons décidé de prendre les dispositions en conséquence.
Donc, cette hypothèse d’un repli des islamistes vers le Niger n’est pas exclue ?
Nous n’excluons aucune hypothèse. Et vous savez, comme on dit, gouverner c’est prévoir. Donc, nous essayons d’anticiper au maximum.
Vous avez dit que la situation au Mali, finalement, était aussi un problème intérieur du Niger. Cela veut dire qu’il y a des représailles à craindre, si jamais les soldats nigériens intervenaient, comme vous en avez donné l’ordre, sur le territoire malien ?
Ce que je voudrais dire, c’est que si nous n’arrivons pas à régler le problème au Mali, le même problème se posera au Niger, tôt ou tard. Le même problème se posera au Burkina, en Côte d’Ivoire, au Sénégal, en Guinée… Dans tous les pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est pour cela que cette agression, portée contre le peuple malien, est une menace sérieuse, pour tous les pays de l’Afrique de l’Ouest et au-delà d’ailleurs ! C’est une menace pour le monde entier ! C’est pour cela que le président français est intervenu, pas seulement pour protéger et libérer le peuple malien, mais aussi pour protéger le peuple français et l’Europe.
Pour vous, le type d’opération que mène la France actuellement dans le nord du Mali, relèverait de ce que l’on appelle aux Etats-Unis « la sécurité intérieure » ?
Les conséquences de ce qui se passe là-bas ne sont pas anodines, par rapport à la situation intérieure française. Et je pense que la France se protège aussi, d’une certaine manière, en intervenant là-bas, parce que les mercenaires – le président les appelle « les narcotrafiquants » – qui opèrent dans ces zones-là, sont des gens dont certains ont des attaches en France, et qui peuvent se replier à tout moment en France et opérer dans les cités françaises.
Votre pays est aussi dans une situation particulière, puisque le Niger abrite des soldats maliens ; 500 placés sous le commandement du colonel Alhaji Ag Gamou. Des soldats qui s’étaient repliés l’année dernière, face à l’avancée des islamistes. Finalement, quel va être le rôle de ces soldats ? Est-ce qu’ils vont participer à l’opération dont vous avez donné l’ordre ?
Effectivement, le Niger abritait ces soldats maliens. On a dû, bien sûr, les désarmer à leur arrivée sur le territoire nigérien. Maintenant que cette opération est déclenchée, je pense qu’on a besoin de toutes les forces pour pouvoir vaincre nos ennemis. Donc, ce n’est pas impossible que ces soldats du colonel Gamou soient utilisés dans le cadre de l’opération.
Quelle est la limite de cette opération : une libération rapide de Gao, de Tombouctou, comme le réclament les populations, ou bien la sécurisation totale du nord du Mali, qui là, pourrait prendre beaucoup plus de temps ?
Il faut libérer et sécuriser le nord du Mali, il faut créer les conditions assez rapidement, d’organisation d’élections libres et transparentes au Mali, et il faut débarrasser le Sahel des terroristes et des narcotrafiquants. Parce que l’objectif n’est pas seulement de libérer le nord du Mali. L’objectif c’est de débarrasser toute la sous-région des narcotrafiquants et des terroristes.
Et cela, ça va prendre beaucoup de temps et c’est le sens de l’intervention du Niger, qui va se faire, donc, sur le long terme ?
C’est le sens de l’intervention du Niger, qui va se faire le temps qu’il faut, pour pouvoir atteindre cet objectif.
« Le temps qu’il faut », c’est aussi la formule qu’employait François Hollande. Si l’on aborde la situation des otages français – huit sont toujours détenus au Sahel – est-ce que les familles ont raison de s’inquiéter, pour leur vie, aujourd’hui plus qu’hier, avant l’intervention française ?
L’intervention française est nécessaire. Je pense que se comporter autrement, vis-à-vis des terroristes, ce serait les encourager à continuer à prendre en otage des Français. Et je sais qu’effectivement, il n’y a pas d’opération de ce type sans risque, mais d’un autre côté, je pense qu’on n’a pas d’autre choix que d’intervenir.
Et-ce que vous avez la certitude aujourd’hui, que ces otages sont toujours au Mali ou dans un pays voisin ?
Je ne peux rien vous dire de précis par rapport à cela, mais j’imagine qu’ils sont toujours au Mali.
Vous pensez qu’ils ne sont pas, en tout cas, sur le territoire du Niger ?
Non, je ne pense pas qu’ils soient sur le territoire du Niger.
Merci monsieur le président! Votre pays a déjà assumé sa responsabilité le reste c’est du bonus. Si la CEDEAO avait deux d’Etats comme vous, engagés à fond dans ce dossier on en serait pas là aujourd’hui.
Vive la coopération MALI-NIGER pour le bonheur des deux communautés!
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