Mahamadou Diarra, ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat sur la libération des servitudes : « Toutes les conditions sont réunies, il reste l’accompagnement des populations »

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C’est un ministre confiant et conscient du bien-fondé de l’opération de libération des lits et servitudes des cours d’eau de Bamako qui nous a reçu hier dans son bureau pour parler des tenants et aboutissants de cette mesure du gouvernement Mara. Mahamadou Diarra, au cours d’un entretien à bâtons rompus a évoqué tous les aspects de ladite opération.

Mohamed DIARRA
Ministre du Logement, M. Mohamed DIARRA

Le Tjikan : A l’issue du Conseil des Ministres du 22 Avril dernier, le Gouvernement  a pris des mesures relatives à la libération des lits et servitudes des cours d’eau non flottables. Qu’est ce qui a motivé cette décision ?

Mahamadou Diarra : Ce paquet de décisions pris par le gouvernement est motivé par le souci et la volonté de sécuriser et de préserver la vie et les biens de nombreux Maliens. Dans le district de Bamako mais également par tout ailleurs en République du Mali. Comme vous le savez, au cours de l’hivernage dernier, précisément  en Août 2013 Bamako et d’autres villes du Mali ont connu une grande inondation. Laquelle a emporté de nombreux individus, dont des femmes, des enfants. Mais aussi entrainé la perte des biens, meubles et immeubles.

Cette décision du gouvernement, vise donc, à rendre plus sûre la vie dans nos villes, de manière à mettre les populations à l’abri du drame que nous avons connu au cours de l’hivernage passé.

Il s’agit aussi de travailler à créer ou récréer un cadre de vie décent par la normalisation des occupations. Regardez tout autour des familles, des secteurs, des quartiers qui jouxtent ces cours d’eau, c’est l’insalubrité. Des causes, facteurs des maladies, mais aussi des immondices qui entravent l’espace de jeu pour les enfants. Voilà les deux principaux motifs qui ont conduit le gouvernement à prendre cette décision.

 

 

Depuis la prise de cette décision, où en sommes-nous ? Sachant que le plan chronologique d’exécution de cette mesure était annoncé pour deux (02) mois.

M.D : Effectivement, il est prévu pour un début, une campagne de sensibilisation, d’information à l’endroit des populations de façon générale, mais aussi de manière spécifique à l’endroit des personnes concernées par la libération. Qu’est ce qui a pu être fait depuis le 22 Avril ?

D’abord la campagne de communication. Elle a été entamée juste une semaine après la décision du gouvernement. C’est à ce titre que lors du journal télévisé du lundi qui a suivi, nous avons été à l’ORTM pour expliquer les tenants et aboutissants de la mesure. Depuis cette date, un ensemble d’activités de sensibilisation et de communication s’opère au quotidien. Il y’a eu une rencontre avec les populations des communes concernées (CI et C IV). Au cours desquelles rencontres, nous avions explicité le sens de l’orientation des décisions prises par le gouvernement, en termes de stratification de l’opération, en termes de modalités de mise en œuvre de l’opération. Desquelles modalités touchent au moment où la libération va commencer à l’intéressement des populations. Notamment, ceux qui devraient être indemnisés, ceux qui devraient recevoir réparation des préjudices subis. Et le concours que l’Etat envisage de porter à l’endroit des autres. Cela a permis aux populations, leurs représentants d’être dument informés de l’ensemble de la situation, donc des motifs mais aussi des modalités de mise en œuvre pratique. Nous nous apercevons, surtout après la rencontre du mercredi en Commune I que la majorité des populations se montre très heureuse de soutenir cette activité. Mais il faut le dire franchement, s’interrogent aussi sur la volonté de l’Etat d’aller jusqu’au bout de cette logique. Donc, ces populations invitent fortement les autorités que nous sommes, à matérialiser ce paquet de décisions. Cela est une forte interpellation. Nous pouvons assurer  que le portage que nous devons faire, qui est un portage politique sera fait.

 

 

En plus de cela, il y’a des sous commissions qui travaillent sous l’égide d’une commission centrale, sur des volets précis.  Il y’a un volet sensibilisation, mené par une sous-commission qui porte le message directement à l’endroit des personnes concernées par les libérations, il s’agit de celles qui en tout ou partie installées sur les servitudes. Cette sous-commission se charge de dire aux populations comment les choses vont se passer et à quelle date. Il y’a une autre sous-commission qui travaille à faire l’inventaire et l’évaluation de la valeur des terres  objets de l’occupation, selon qu’il s’agit de titre foncier ou pas. La même sous-commission travaille aussi à déterminer la valeur des réalisations effectuées sur les occupations (maisons, jardinages…) Ce travail est  très important, car il va permettre de déterminer le montant de ce qu’il faudrait engager  en faveur des personnes concernées par la libération, soit à titre d’indemnités lorsqu’il s’agit de titre foncier, soit à titre de réparation, de remboursement des frais engagés dans l’obtention de titre précaire (permis d’occuper, concessions urbaines d’habitation, lettre d’attribution…). En ce qui concernent les réalisations, cela va permettre également lorsque cela est admis par la loi, de savoir exactement ce qui doit revenir  aux personnes dont les bâtiments ont été démolis, selon qu’il y’a autorisation ou pas autorisation de construire. Donc le travail de cette sous-commission est aussi important, que nous suivons quotidiennement. Qui n’est pas loin d’être achevé.

 

 

La troisième sous-commission travaille à l’identification précise des propriétaires, nommément concernant aussi bien leur identité que la nature de leur titre (provisoire ou autres). Une sous-commission présidée par le ministère des Affaires foncières et des domaines publics qui a toutes les données à leur niveau pour s’assurer de l’exactitude et de la véracité des documents produits. Elle est à pied d’œuvre, son travail va s’achever d’ici  cette semaine ou en milieu de la semaine prochaine. A cette date, voilà, quelques indications que je peux vous donner sur l’évolution de la mise en œuvre  du paquet de directives inscrites de la communication écrite du gouvernement. J’en oublie certainement.

 

 

Monsieur le ministre, de façon estimative, est ce qu’on peut savoir le coût de cette opération ?

MD : Dans un budget initial sur lequel, nous avons souhaité apporter  des affinements, nous étions dans une portion de plus de cinq (5) milliards. Mais sur la base du rapport de l’Inspection du Ministère de l’Administration Territoriale, conforté par un rapport de la Direction Nationale de l’Urbanisme et de l’Habitat, vérifications faites, nous sommes aperçus qu’il y’a des éléments  qui n’étaient pas suffisamment définis, précis. Nous avons souhaité que la communication n’intègre pas ce montant-là, et qu’on travaille à évaluer exactement les montants qui doivent aller à l’allocation de dommages et intérêts, d’indemnisations et de secours. Egalement, en termes d’aménagement et en termes de coûts de récurages et de surcreusements. D’autant plus qu’après nous sommes imputables. Quand nous disions que le coût est de  5Milliards, après que cela soit 7Milliards, est ce que nous avions été sérieux ? Nous allons cogiter l’image d’une administration qui n’est pas l’image de celle que l’on souhaite aujourd’hui. En même temps que cette image-là va entrainer des doutes sur notre capacité et notre volonté ferme à faire le travail. Ce qui peut être un facteur de régression de l’engagement des populations à soutenir l’opération.

 

Voilà ce qui explique que nous avons souhaité un budget fondé sur des éléments précis. Surtout quand on connait les réticences des Finances à donner de l’argent à ceux qui ne rapportent pas économiquement. Mais, notre opération est un facteur de réduction de la pauvreté, un facteur de création d’emplois, un facteur de sécurisation des populations. Imaginez que lors de l’hivernage prochain que nous perdons une centaine de personnes. Cela n’a pas un prix, la préservation des vies humaines. Economiquement on ne l’évalue pas, mais ça peut être le cas. Quand des bras valides meurent, ce sont des ressources humaines importantes que l’Etat perd, il n’y a pas de développement sans ressources humaines conséquentes.

 

Un volet de cette mesure porte sur l’aménagement des servitudes de ces cours d’eau. Cela sera-t-il possible avec l’arrivée de l’hivernage qui s’annonce pour bientôt ?

M.D : L’idéal aurait été de commencer l’intervention avant. L’idéal est parfois et généralement inaccessible. Certes nous n’avons pas la période idéale, mais j’estime que nous sommes encore dans la période cible. Où les travaux de récurage, les travaux de surcreusement peuvent être faits. Les faire suffisamment et les faire sérieusement est possible. Même pour les réussir, il faut un certain nombre de conditions. Des conditions de la part du gouvernement sont globalement réunies. Il s’agit, entre autres de la mobilisation des ressources financières et humaines. Mais aussi, le portage politique pour faire le travail. Il reste maintenant l’accompagnement et l’engagement des populations. Venir récurer, venir sur creuser, nécessite qu’on accepte de dégager l’espace. Alors, un des facteurs retardant serait que les populations concernées ne comprennent pas l’importance de libérer  l’occupation pour permettre le récurage et le sur creusage des collecteurs, cela peut être un facteur retardant. Nous avons décidé d’adopter une approche de participation responsable. D’où l’importance de communiquer sur un mois avant de procéder à la libération. La priorité étant aujourd’hui le récurage et le surcreusement, avant la libération, au fur à mesure de cette phase, il serait regrettable que des individus, parfois mal intentionnés ou ceux sans une grande conscience de la portée de leur propre intérêt continuent de déverser le lot de déchets dans les cours déjà récurés. C’est pourquoi avec une synergie de participation, j’ai la ferme conviction que le pari sera gagné.

 

 

Déjà que tout est en place pour faire en sorte que d’ici la fin du mois, sinon la première quinzaine du mois de juin, que nous puissions terminer le récurage sinon le surcreusement des quatre cours d’eau : Le Tinkolé, le Woyowayanko, le Molobalini et le Bankoni  (qui a été ajouté).

Pour être plus précis, le Génie militaire va intervenir sur le ‘’Bankoni’’ et le ‘’Tinkolé’’ et la structure technique du ministère de l’Equipement va intervenir sur le ‘’Woyowayanko’’ et le ‘’Sourountouba’’. Et la bonne nouvelle est que le ministère de l’Equipement, à travers sa structure technique a déjà commencé sur le ‘’Sourountouba’’ depuis mercredi.

 

Comme mécanisme de suivi des travaux, des équipes techniques de la direction de l’Urbanisme circulent de façon quotidienne sur les endroits, et cela depuis un mois et demi. Maintenant, il revient au ministère de l’Assainissement d’exécuter sa part d’engagement. Car, les niveaux de responsabilité sont partagés entre le ministère de l’Equipement, les collectivités territoriales et le ministère de l’Assainissement. Nous, nous allons récurer les principaux cours d’eaux, mais les canalisations et les collecteurs qui longent les artères et desservent ces cours d’eau relèvent d’une autre part de responsabilité. Mais à ce stade, vu que cela est lié à des questions d’urbanisation ou de normes de constructions, le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat a le ‘’lead’’ sur la question concernant l’aménagement.

 

Pouvez-vous revenir sur certains bienfaits de cette mesure ?

En termes de bienfaits, à mon avis, la plus importante, c’est que cette opération conduit à réduire fortement les risques d’inondation et leurs conséquences. Donc, le premier bienfait c’est la mise à l’abri de la population des inondations.

Autre bienfait, c’est la sécurisation et l’assurance d’un plus grand confort de nos cadres de vie.

De manière spécifique on peut ajouter un troisième élément aux bienfaits de cette opération. A savoir, la protection des couches vulnérables, les femmes et les enfants. Ils seront épargnés de la peur pendant l’hivernage et protégés dans leurs activités quotidiennes.

Enfin, je pense que cela nous donne une meilleure maîtrise de la gestion de nos villes. Qui sont gérées normalement sur la base d’un schéma directeur avec ses plans de développements sectoriels. Ces schémas directeurs sont approuvés en conseil des ministres après un travail fou de plusieurs années. Les occupations illicites se font à l’encontre, sur la base de manquement des schémas directeurs. Donc, réussir à libérer ces occupations illicites, nous confère  la maîtrise de la gestion de nos villes. Ce qui est une véritable clé de l’urbanisation réussie.

Interview réalisée par Moustapha Diawara

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14 COMMENTAIRES

  1. Dans tous les cas ,l’Etat doit agir ,il ne peut pas rester sans rien faire face à de tels désastres.
    Maintenant ,il faudra bien réfléchir sur la manière d’agir.
    La précipitation n’est jamais bonne conseillère.
    Il faudra procéder par paliers et par étapes.
    Il s’agit des êtres humains ,des familles dont beaucoup sont dans la précarité.Eviter à tout prix que ces familles ne se retrouvent dans la rue.Avant toute chose ,reloger d’abord toutes les familles concernées.
    Ensuite commencer les travaux après avoir dégagé les espaces.
    bien surveiller ,bien contrôler les travaux afin d’éviter les surfacturations.

  2. Le programme est bon , mais il y aura sans doute défaut de mesures d’accompagnements pour dédommager ,n’essayer pas de nous faire croire au père Noël ,c’est le Mali . Laisser ces populations tranquilles et aménager les marigots.

  3. Vous êtes au pouvoir aujourd’hui grâce aux pauvres gens qui vous ont élu , maintenant vous voulez les déguerpir . Vous oubliez une chose (le peuple n’a pas de frein quand il décide de marcher sur….).

  4. Commencer vite l’opération j’ai hâte d’assister au scandale du siècle 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆

  5. Ce programme con de Mara quand il était ministre de l’urb et …sans réflexion autour . Déguerpir plus de huit cent familles! Quel kilo? Et dire que la population à approuvée . Quelle population ???

  6. Monsieur le ministre les 5 ou 7 millillards que vous allez investir pour dédommagement ,injecter les dans les canalisations et collecteurs ,ensuite bien aménagé les marigots. Au lieu de créer des problèmes supplémentaires. L’urgent c’est le nord.

  7. Ça c’est le remède et même pas le bon. Il aurait été souhaitable de:
    1. Arrêter toutes les constructions en cours dans les cours des marigots et leurs servitudes,
    2.Pour l’exemple sanctionner tous les responsables de l’administration ayant permis d’arriver a cette situation par l’octroi de titre d’attribution, permis de construire, complicité des Equipes de contrôle, refus d’obtempérer.
    Par la suite faire attention aux spécialistes des dommages et intérêts qui peuvent se procurer indûment tout documents administratifs moyennant espèces sonnantes.

  8. Ces 800 familles preferent mourir que d’etre expulsées. Les maliens les soutiennent car IBK a trop déçu les pauvres. Il est le président des riches et des voleurs de biens publics.

  9. Il faut recaser d’abord ,ensuite vous démolissez! Si non ça serait un petit 26 mars 1991 😆 😆 😆 :mrgreen: 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 😆 Moussa ag je sais pas qui conseille ces gens la

  10. quand est-ce nos politiciens se préoccupent des bras valides au Mali ??? Sachez que les yeux des maliens ont été ouverts

  11. En France chaque année il y’a inondation . Monsieur le ministre vous partez sur un terrain glissant!!! 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 😈 🙄 🙄 😈 🙄 😈 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 🙄 😈

  12. Fait un tour dans la sous région , si c’est possible de détruire plus de 800 habitations sans que cette population ne soit recaser au préalable ? Vous risquez gros monsieur 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯 😯

  13. Il faudra commencer par démolir tout le centre ville en commençant par la mairie du district , le 1 arrondissement ,carrefour des jeunes ,direction du PMU jusqu’au grand marche . Le centre ville aussi fut inonde l’année passe . Monsieur le ministre on vous a donné la queue de l’hyène , réfléchissez bien avant d’agir . Pourquoi vos prédécesseurs n’ont pas pu faire ! Ah oui parceque vous êtes plus homme et plus brave qu’eux . Un conseil retenez que 95 % de la population bamakoises soufrent , ils ont du mal à joindre les deux bouts ,n’en rajouter pas. À bon entendeur salut.

  14. Même au Japon il y’a inondation ,dans un pays pauvre comme le Mali ou les gens peinent à manger les trois repas , vous voulez allez casser leurs maisons? Il faut d’abord construire des maisons ensuite vous déménager les gens . WALAY ceux qui ont fait croire à ibk que c’est la solution …..

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