Dans une interview exclusive qu’il a bien voulu nous accorder, le directeur de l’Office central des stupéfiants (Ocs), le magistrat lieutenant-colonel Adama Tounkara, présente sa structure, ses missions, les défis liés à la lutte contre la drogue dans notre pays et invite à une coordination dans la sous-région entre les différents acteurs intervenant dans la lutte contre ce fléau.
Aujourd’hui Mali : Depuis quand êtes-vous directeur de l’Ocs ?
Adama Tounkara : Cela fait exactement une année que je suis à la tête de l’Office central des stupéfiants.
Peut-on avoir une idée sur votre carrière ?
Précédemment, j’étais le chef du service d’investigations judiciaires de la Gendarmerie nationale. Avant ma nomination à ce poste, j’étais en mission au compte des Nations Unies, en RDC et au Tchad, après avoir servi comme vérificateur au Bureau du vérificateur général.
Quelles sont les missions assignées à l’Ocs ?
L’Office central des stupéfiants a essentiellement trois missions. La première est d’assurer la coordination de la lutte contre la drogue au niveau opérationnel sur l’ensemble du territoire national. La seconde, est une mission de prévention et de sensibilisation et la troisième, la répression. Cela veut dire que nous sommes investis des pouvoirs de police judiciaire qui nous permettent de mener nous-mêmes des enquêtes.
Est-ce que, de nos jours, votre service dispose de ressources humaines, financières et techniques afin de bien mener cette lutte complexe ?
Nous pensons que nous sommes en train de monter progressivement, parce que récemment, il y a une relecture du tableau des effectifs. Ce qui doit amener à renforcer les ressources humaines. Par ailleurs, l’Etat et les partenaires se déploient à renforcer nos moyens techniques pour que nous puissions relever le défi de la lutte.
Vous en êtes à combien actuellement en terme d’effectif ?
Nous sommes présents dans toutes les régions du Mali et le district de Bamako, excepté la région de Kidal. Il est prévu de créer très bientôt des antennes dans les nouvelles régions administratives récemment créées. Mais nous attendons que les conditions soient réunies sur le terrain.
Selon vous, qu’est-ce qu’il faut à votre service afin de mener à souhait ses missions ?
Aujourd’hui, quand nous faisons une analyse du trafic de drogue au plan mondial, nous constatons que les trafiquants, de façon générale, modifient leurs modes opératoires et utilisent de plus en plus les nouvelles technologies. C’est pourquoi, Il nous semble aussi important d’acquérir les équipements adaptés pour les mettre en échec à ce niveau.
Peut-on savoir la quantité de drogue saisie ces 12 derniers mois et quel est le produit le plus représentatif dans ces saisies ?
Ces 12 derniers mois, nous avons saisi environ 4 tonnes de cannabis, beaucoup de produits psychotropes qui avoisinent la tonne. Nous sommes à environ 2 kilos de cocaïne. Ça, ce sont les produits saisis. Cependant, nous sommes convaincus qu’il y a une circulation régulière de ces produits prohibés sur le territoire national.
Au plan financier, à combien peut-on évaluer ces produits saisis ?
Nous avons fait un petit calcul par rapport au marché local. Ce qui nous amène à dire que la valeur marchande des produits saisis est plus d’un milliard de Fcfa. Le gramme de la cocaïne est vendu entre 30.000 et 40.000 Fcfa et la brique de cannabis qui correspond à 1kg 500 ou 2 kilogrammes est vendue entre 35.000 Fcfa et 45.000 Fca selon la courbe de l’offre et de la demande sur le marché. Amusez-vous à faire un petit calcul pour vous rendre compte de tout l’argent sale généré par cette activité.
Quels sont les pays de provenance de ces produits prohibés ?
Le cannabis nous vient généralement du Ghana et la cocaïne de l’Amérique Latine, principalement du Brésil. Quant aux produits psychotropes, ceux-ci passent par la Guinée avant d’atteindre le marché malien.
Le pays est vaste et les frontières sont poreuses. Est-ce que cela ne rend pas difficile votre tâche ?
Forcément ! Même les pays avec de petites superficies ont du mal à pouvoir suffisamment protéger leurs frontières a fortiori le Mali qui partage ces frontières avec 7 pays. Ce qui fait qu’il y a plusieurs points de passage de ces drogues. La seule chose qui facilite notre tâche, c’est que quels que soient les points de passage, il y a une convergence vers les grandes agglomérations. C’est à nous d’adapter notre stratégie en fonction du mode opératoire et des moyens que nous avons.
Le Nord du Mali est considéré comme une zone de transit de la drogue dans notre pays. Avec l’insécurité dans le Septentrion, quel est votre marge de manouvre dans cette zone ?
Nous n’avons pas une très grande marge de manœuvre dans les régions nord du Mali. Comme vous venez de souligner, il y a un problème de sécurité. Et nous, nous sommes un jeune service. Nous avons un personnel assez réduit dans ces zones qui nous permettent de faire beaucoup plus le travail de renseignement que de répression.
Sur le renseignement, au-delà du Mali, y-a-t-il une mutualisation entre les pays de la sous-région ?
Nous y travaillons. En novembre et décembre derniers, j’ai eu à faire une tournée dans la sous-région. Je suis allé au Nigeria, au Ghana, Sénégal, au Burkina-Faso, au Niger. Nous envisageons cette année d’organiser une rencontre au Mali avec des services spécialisés des pays limitrophes pour mettre en place une stratégie commune. Parce qu’on a beau parler du Mali comme une zone de transit, cela implique que ces produits proviennent d’autres pays. C’est pourquoi avec ces pays nous allons programmer, lors de cette rencontre de Bamako, un certain nombre d’activités avec nos voisins pour avoir une coopération plus assidue. Il faut rappeler que toutes ces activités rentrent dans le cadre de la mutualisation de nos actions.
Pour 2017, quelles sont vos ambitions, voire vos priorités ?
Nous avons fait de grosses saisies de cannabis en 2016, nous sommes en train de voir également quelles sont les voies de passage de la cocaïne, même si nous pensons que ce produit n’est pas essentiellement consommé au Mali. Nous voulons cette année mettre l’accent sur la circulation de la cocaïne au Mali.
Y a-t-il, au Mali, une zone de forte production ou de consommation de stupéfiants ?
Jusqu’ici nous n’avons pas identifié une zone importante de production de drogue au Mali. Nous savons qu’il y a quelques plants de cannabis dissimulés ça et là. Mais nous ne pensons pas qu’il existe une véritable exploitation de cannabis au Mali. Depuis quelques mois nous sommes en train de mener des recherches pour voir s’il n’y a pas également de laboratoire clandestin pour la transformation de certains produits au Mali. Jusqu’ici nous n’avons rien trouvé.
Si on vous demande d’évaluer les actions accomplies depuis que vous êtes directeurs de l’Ocs que diriez-vous ?
Je souhaiterais ne pas m’apprécier moi-même. Je sais que je suis ici pour faire du résultat. Je fais des efforts. Les meilleurs juges sont ceux pour qui, nous, nous travaillons.
Ne pensez-vous pas quand-même qu’il y a plus d’effort par rapport au passé ?
En me référant aux statistiques, je dirai que nous avons fait beaucoup plus de saisies, mais je pense que nous pouvons encore mieux faire.
Qu’attendez-vous des populations et des autorités dans la lutte contre la drogue ?
Pour les populations, je l’ai toujours dit, nous avons besoin de leur soutien. Même si nous étions 200 sur l’ensemble du territoire national, nous ne pouvons pas voir tout ce qui se passe. Nous avons besoin des populations pour nous servir de relais et souvent même nous alerter par rapport à ces activités illicites qui se passent dans leur environnement.
Quant aux autorités, nous avons besoin de leur soutien financier et technique parce que la lutte contre la drogue, c’est une lutte de longue haleine. Cela fait des années que ce trafic existe. Il y a des pays qui ont de gros moyens, mais qui ne sont parvenus à endiguer ce phénomène-là. A cet effet, il faut que nos concitoyens comprennent que c’est une lutte qui se mène au quotidien.
Selon vous, quel est le principal défi dans la lutte contre la drogue au Mali?
Le principal défi que nous avons, c’est d’identifier les principaux acteurs au Mali. Car nous voulons avoir une carte du trafic et un fichier des trafiquants se trouvant au Mali. Pour agir, il faut avoir la bonne information et la bonne information il faut aller la chercher. Je profite encore pour dire que la lutte contre la drogue nécessite d’énormes moyens dans la mesure où les trafiquants font ce trafic pour générer des ressources et nous savons qu’ils ont des ressources très importantes. Le principal défi pour le Mali, c’est de donner suffisamment de ressources aux forces de sécurité pour faire face à cette difficile mission.
Un autre défi, c’est de revisiter le cadre juridique, en mettant en place une structure qui serait chargée de la confiscation et de la gestion des biens et des avoirs des trafiquants. Si aujourd’hui il y a un cadre juridique qui permet à l’Etat de saisir les biens de ces trafiquants, cela permettra dans un premier temps de les priver des ressources qui les permettent de financer ces activités. Ces biens saisis permettront aussi de financer les structures comme la nôtre et la justice. Et d’ailleurs c’est comme çà que ça se passe aux Etats-Unis, en France. Ces pays saisissent les avoirs des narcotrafiquants pour financer les services de répression. C’est fort de ces expériences réussies que des propositions ont été faites lors d’un atelier national à l’hôtel Salam sur la mutualisation des efforts de lutte contre la drogue dans notre pays.
Avez-vous une idée sur l’argent que génère ce trafic dans notre pays ?
Nous ne pouvons qu’extrapoler. Comme je l’ai dit, aujourd’hui nous devons faire un travail de fond. A savoir identifier et mesurer l’impact financier du trafic illicite de drogue. D’autres services doivent y concourir pour que nous puissions avoir des statistiques fiables par rapport à la consommation, au nombre de consommateurs et les investissements issus de cette activité. Tout ceci demande un travail de terrain. C’est pourquoi je rappelle qu’il serait important que les services se mettent ensemble pour mener efficacement cette lutte.
Quand on regarde par rapport à ce que nous avons saisi au cours des 12 derniers mois, plus d’un milliard qui n’est que la partie immergée de l’iceberg. Aujourd’hui, nous pouvons penser que c’est cinq fois, voire plus, l’argent sale qui circule au Mali. On nous parle de quelques réalisations en ville. Quand on vous dit qu’un seul individu a bâti une maison de plus de 500 millions Fcfa dans un pays comme le nôtre, on doit forcement s’interroger.
Un dernier message ?
La lutte contre la drogue est très complexe. C’est un phénomène qui peut remettre en cause le fondement même d’un Etat. Chacun doit jouer sa partition. Nous avons besoin du soutien des populations, qu’elle nous accompagne dans ce combat afin que nous soyons plus efficaces.
Réalisé par Kassoum THERA
LA SOLUTION EST SIMPLE!!!!! IL FAUT INVITER FRAIN BABA , LE SCIENFITIQUE ET RASBATH TO SMOKE ALL THE SHIT!!! RIRE!!!!
Au Mali on cache tout on dissimule tout.Il ne veut pas nous dire le nombre d’agents que sa structure emploi et il sollicite en même temps le soutien de la population.2 kg de cocaïne saisi en 12 mois:C’EST DE LA COMÉDIE .LA TRANSPARENCE AU MALI EST UNE DENRÉE INTERDITE.A ma connaissance dans tous les pays normaux on confisque tous les biens des narcotrafiquants arrêtes. Le Mali fait exception.UN PAYS VRAIMENT BIZARRE.La guerre au nord du Mali tourne principalement autour de la cocaïne.TARISSEZ LES SOURCES D’APPROVISIONNEMENT DE LA COCAÏNE ET VOUS VERREZ SI LA RÉBELLION PRENDRA FIN OUI OU NON.
il est colonel ou magistrat?
TU EXPOSES TON IGNORANCE ICI!!! ON PEUT ETRE LES DEUX!!! LES OFFICIERS SE SPECIALISENT DANS DIFFERENTS DOMAINES!!!
désolé si ta une réponse à ma question répond, c’est plus simple que de parler de mon ignorance. je ne suis ni militaire un magistrat.
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