L’Express de Bamako : Bonjour M. Kamara ! Beaucoup de séminaire ? Un atelier de plus, pour être au chevet de l’agriculture africaine ? Le monde rural, un grand malade ? Risque de famine ? De sécheresse ? Pénurie de pluies ? Qu’avez – vous à nous dire pour rassurer nos lecteurs ?
M. Samba Kamara (Représentant résident de la BAD) : Oui, bonjour Moustapha. Je ne dirai pas un séminaire de plus ou de moins, mais un séminaire qui vient à point nommé. Il est relatif à la gestion financière, et la gestion financière, comme on le sait, commande l’ensemble de projets agricoles, qui sont de l’ordre des investissements d’échelle et de recherche de croissance et de productivité. Et si l’on part de la question de quoi a besoin l’agriculture en Afrique, on voit que c’est de l’homme et d’un projet viable et créateur d’emplois. Pourquoi, parce l’homme, qui est la ressource humaine, est au début et à la fin de tout projet. C’est la simple raison de cet atelier de renforcement des capacités en gestion financière, du personnel des projets agricoles d’Afrique de l’Ouest francophone.
Pour retracer l’exécution, la performance et l’amélioration financière des projets agricoles, on a besoin incontestablement de ressources humaines et de ressources financières. Et la gestion financière permet de voir si elles ont été, ces ressources financières, bien gérées, utilisées à bon escient. On peut alors parler de projet bien exécuté.
Donc les projets agricoles sont la solution à tous les maux que vous venez de citer. Sans oublier que dans la plupart des pays invités à cet atelier sous régional sur l’amélioration de la performance financière des projets agricoles financés par la Bad, aujourd’hui, l’agriculture y est le moteur de leur production et de leur croissance. Qu’est-ce qu’il faut, à y voir de près ? Il leur faut juste des terres, le Mali en a, et que ces terres soient fertiles, pour çà il faut de l’eau, et le Mali en a, et il faut des hommes qui réussissent à apporter des projets viables, à fort rendement et qui peuvent soutenir une croissance forte, tout en créant des emplois, et aider ainsi à lutter contre le chômage
L’Express de Bamako : vous parlez d’amélioration de la performance financière des projets agricoles. Comment l’agro-industrie en Afrique pourra se développer sans des ressources humaines de qualité, affectées à ce secteur ? Que prévoit la Division Agriculture de votre institution financière à cet effet ?
M. Samba Kamara : l’atelier que je viens de clôturer était consacré justement à cela : comment renforcer les capacités, améliorer les compétences qui existent déjà, maîtriser la gestion financière et l’établissement des états financiers des projets agricoles ? Cet atelier et son rapport de synthèse réponde globalement à cette question de façon générale
L’Express de Bamako : Est-ce la seule façon de garantir un développement durable en Afrique grâce aux produits de la terre que de renforcer les capacités ?
M. Samba Kamara : Non ! Mais tout tourne autour des hommes. Beaucoup ne maîtrisent pas les mécanismes et tous les rouages de la gestion financière pour pouvoir exécuter un projet agricole de bout en bout. D’où l’importance des investissements croissants. D’abord dans les hommes, car tout part des hommes et tout revient aux hommes comme je l’ai dit. En investissant dans les ressources humaines, on règle un certain nombre de questions qui ont un rapport évident avec le sous-développement du secteur. Donc les ressources renforcées sont importantes.
L’Express de Bamako : on parle du Mali comme un pays émergent qui peut continuer ou redevenir le grenier de l’Afrique de l’Ouest. Est-ce votre opinion réellement également ?
M. Samba Kamara : oui, bien sûr ! Le Mali, de par les ressources que la nature lui a gratifiées, a des terres disponibles. Le Mali est l’un des rares pays, avec une surface labourable vaste, 2ème ou 3ème en Afrique, après le Botswana. Le Mali a énormément de cours d’eau qui ceinturent tout le territoire et le Mali a des hommes à former pour maîtriser tous les paramètres et les mécanismes de la gestion financière. Oui, avec tous ces ingrédients réunis, le Mali peut redevenir le grenier de l’Afrique de l’Ouest.
L’Express de Bamako : Sur le plan des états financiers, à combien estimez-vous leur coût total en qualité de gestion, de préparation, d’audit, de contrôle, de suivi et de recommandation de la planification, hors coût total consacré au monde agricole lui-même au Mali par exemple ? Et combien de pays sont concernés par les nouvelles perspectives en vue d’améliorer le dispositif de gestion financière des projets agricoles ? Avec quel outil jugé performant ?
M. Samba Kamara : c’est insignifiant. C’est d’ailleurs déjà un élément de la gestion financière. Tout s’explique de façon objective. Le principal facteur c’est d’avoir le souci de la bonne gouvernance des projets. Cela suppose des états financiers fiables et une utilisation rationnelle des ressources. Tous les pays qui participent à cet atelier en sont à la même enseigne et ils ont besoin de la Bad au Tchad, en Guinée Bissau, à Sao Tomé, au Bénin et dans tous les pays de l’Afrique de l’ouest francophone sont concernés par cet atelier qui a lieu à Accra, pour les pays anglophones, et à Bamako, pour les pays francophones du programme d’amélioration de leur performance financière en matière de gestion de projets agricoles et l’outil du contrôle- audit.
L’Express de Bamako : pouvez-vous rassurer nos lecteurs sur l’optimisation des investissements par rapport à l’utilisation judicieuse des ressources consacrées par votre Banque à nos Etats ? Je veux parler de la santé financière de notre économie par rapport au rendement agricole.
M. Samba Kamara : c’est l’une des raisons de ce séminaire atelier : le renforcement des capacités pour pouvoir veiller à l’utilisation des ressources. Il doit aider à élaborer des états financiers fiables et qui sont les éléments de la gestion financière, pour rendre compte du contrôle d’audit interne et externe, base objective de tout décaissement.
Quant à l’économie du malienne, elle est en très bonne santé. Le Mali est même l’un des pays qui arrive à signer avec le FMI, qui s’endette et paye ses dettes et qui fait face à tous ses engagements nationaux et internationaux. Le Mali se targue d’une croissance économique de 5% annuelle, tandis que dans le reste de l’espace Uemoa, le taux de croissance tourne autour de 4,6%. Vraiment le Mali n’a rien à se reprocher sur ce plan. L’économie malienne est aux avant-postes.
L’Express de Bamako : Merci M. Kamara !
M. Samba Kamara : Merci à vous et bonne continuation pour votre organe de presse.
Réalisée par Moustaph LEYE
GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT (BAD)
Améliorer la performance financière des Projets Agricoles d’Afrique Ouest Francophone
Afin de combler le déficit de performance en gestion financière dans les projets, la division OSAM 2 de la BAD, dans le cadre de sa mission de portefeuille, a organisé à l’hôtel Radisson du 15 au 17 février 2012, un atelier de renforcement des capacités en gestion financière du personnel des projets Agricoles d’Afrique de l’Ouest francophone.
La cérémonie d’ouverture était présidée par le Secrétaire Général du Ministère de l’Economie et des Finances, M. Abdoulaye Touré. En présence de M. Samba Kamara, chargé des opérations de la Banque Africaine de Développement et des plusieurs cadres de la BAD et de l’autorité malienne.
Les objectifs de cet atelier sont d’évaluer le niveau de performance des projets par rapport aux attentes de la banque d’une part, et d’autre part, de tracer, sur la base des résultats attendus, des nouvelles perspectives, en vue d’améliorer le dispositif de gestion des projets. Et de passer en revue les faiblesses identifiées dans la préparation des états financières, la planification des audits financiers et le suivi des recommandations des auditeurs ; de mettre en place des outils de gestion dont le contenu, la cohérence et la démarche de mise en œuvre seront adoptés de manière participative.
Selon M. Samba Kamara chargé des opérations de la Banque Africaine de Développement, et l’avis de plusieurs cadres de la BAD, il y a lieu de rassurer les Autorités Maliennes sur la certitude de savoir que «la Banque Africaine de Développement continuera d’être aux côtés du Mali et de tous ses membres, pour apporter sa contribution dans l’édifice que vous êtes en train de bâtir. C’est la raison de votre présence à Bamako pour aborder un thème d’importance capitale».
Quant au Secrétaire Général du Ministère de l’Economie et des Finances, M. Abdoulaye Touré, il indiquera que « cette initiative est la preuve manifeste de la volonté de la BAD de gagner le pari de la réduction de la pauvreté dans le monde rural en misant sur la qualité des ressources humaines dans la stratégies de mise en œuvres des projets».
Durant trois jours d’échange, cet atelier permettra aux participants de faire l’examen des éléments à prendre en compte, pour sélectionner dans les délais, des auditeurs externes acceptables, dont :
– l’analyse détaillée du processus du recrutement des auditeurs externes ; la planification et la réalisation des travaux d’audit, y compris la transmission des rapports à la banque ;
– la définition des dispositions favorables à une mise en œuvre efficace du contrôle interne, dans le cadre de la préparation rapide des états financiers de qualité ;
– la revue des rapports d’audit et le suivi des recommandations des auditeurs ;
– la présentation des outils de revue interne de la Banque pour une contribution efficace des projets dans le processus d’appréciation des rapports d’audit ;
– l’évaluation de la qualité de la gestion comptable et financière des projets, sur la base des faiblesses du contrôle interne, issues des rapports d’audits financiers des exercices 2009 et 2010, y compris les actions à entreprendre pour son renforcement ;
– et, enfin, l’utilisation par les projets, du plan de passation de marchés comme outil de préparation des prévisions de décaissements réalistes.
Les travaux ont pris fin le 17 février 2012.
Alpha C. SOW