La situation d’insécurité qui régnait dans les régions nord du Mali a obligé des milliers de compatriotes à fuir pour se réfugier dans les pays voisins ou dans d’autres régions de notre pays. Face à la situation, certaines ONG et autres organismes humanitaires sont à pied d’œuvre pour apporter aide et assistance à nos compatriotes en détresse.
C’est le cas de la Croix Rouge malienne dont le président, M. Abdrahamane Cissé a accepté de nous édifier sur les actions menées par son organisme sur le terrain.
“La Croix Rouge malienne est une société d’utilité publique, auxiliaire de pouvoirs publics. Le CICR et les autres partenaires viennent aider la société nationale. A Côté de ce vaste mouvement constitué par la Croix Rouge et le Croissant Rouge, il ya évidemment d’autres sociétés qui posent d’autres actions humanitaires mais qui travaillent pour leur compte. Dans leur cas, leurs actions ne sont en réalité pas coordonnées par la Croix Rouge malienne.
Vous savez, en la matière, chaque structure a ses principes et sa redevabilité vis-à-vis des donateurs. La Croix Rouge malienne a comme partenaires, l’Etat malien, le Comité International de la Croix Rouge et les partenaires qui sont dans le même mouvement que Le CICR, le Croissant Rouge. A côte, il ya aussi les ONG humanitaires du système des Nations Unies et d’autres types d’humanitaires dont les actions ne sont pas du tout coordonnées par la Croix Rouge malienne.
Aujourd’hui, concernant les acteurs humanitaires du système des Nations Unies, c’est le Bureau de la Coordination des actions Humanitaires (OCHA) qui coordonne toutes les activités humanitaires.
C’est vrai que, actuellement il ya une accalmie dans les régions du nord mais, cette accalmie est comme du lait sur du feu et qu’il faut surveiller.
Nos concitoyens sont assez éprouvés et les activités qui étaient d’urgence sont remplacées par des activités d’assistance et de relèvement. Cela, parce que l’action humanitaire repose d’abord sur l’urgence, ensuite on assiste les gens et après il faut aussi les amener à se relever, pour à la fin, trouver des alternatives plus fortes.
Pour parler des activités de la Croix Rouge malienne et de ses partenaires, il faut signaler que nous sommes une société qui a une scission géographique beaucoup plus importante que les autres et nous avons la chance de pouvoir nous rendre dans beaucoup de localités, eu égard à nos principes d’impartialité et de neutralité. C’est ce qui fait que nous sommes présents dans toutes les régions aujourd’hui. Et, depuis le départ, nous étions présents et nos activités avaient été un peu émoussées par le fait des conflits entre les belligérants mais aujourd’hui, de mieux en mieux, nous arrivons à atteindre la majeure partie du pays.
Fort de cela, nous avons fait des interventions en vivres (beaucoup de tonnages ont été déjà distribués) et beaucoup de céréales seront distribuées dans les régions (essentiellement de Tombouctou, de Gao, de Kidal et une partie de la région de Mopti). Et cela, nous le faisons avec nos partenaires. Celles-ci sont l’Etat et le CICR, en partenariat aussi avec des sociétés nationales d’autres pays qui sont actuellement au nombre de six et trois autres sont annoncées pour ce mois. C’est avec ces partenaires que nous arrivons à couvrir le maximum de besoins.
Il faut noter que nous sommes essentiellement utiles en matière de sécurité, de rétablissement de liens familiaux, de santé communautaire etc.
Dans les camps de réfugiés… nous sommes présents d’une certaine façon
Pour parler de notre présence dans les camps de réfugiés où vivent des maliens, je dirais que nous y sommes d’une certaine façon parce que tous les pays dans lesquels vivent nos réfugiés sont des pays qui ont des sociétés nationales de la Croix Rouge et qui sont membres du mouvement. Par rapport à cela, nous avons une entraide qui permet de mener des actions sur le territoire national car aucune société ne peut passer sur le territoire étranger sans une autorisation.
Maintenant, concernant les réfugiés, il ya toute une structure du système des Nations Unies qui les gère. Il s’agit du Haut Commissariat aux Réfugiés et nous sommes là pour faciliter et accompagner ceux qui veulent retourner. Ainsi, c’est quand ils sont sur le territoire national que nous nous occupons d’eux pour les besoins primaires d’urgence. Maintenant qu’ils sont réfugiés dans d’autres pays, ils relèvent d’une autre structure : le HCR.
Les besoins ne sont pas totalement couverts
Présentement, les besoins ne sont pas totalement couverts. Il ya moins de la moitié des besoins qui sont couverts. Des appels ont été lancés et des promesses ont été faites mais, jusque-là, nous sommes dans la logique des attentes, tout en intervenant avec les moyens dans nous disposons. Dans les mois à venir, même si tous les besoins ne sont pas couverts, il y aura un maximum de besoins qui seront couverts.
A la Croix Rouge malienne, nous avons des principes qui sont respectés et évalués par les partenaires extérieurs et c’est ça un avantage. Le deuxième avantage est qu’aujourd’hui nous ne pouvons pas faire autrement parce que nos plus grands amis qui sont les volontaires sont avec nous et c’est avec ceux-ci que nous travaillons directement. Le volume de l’aide est connue dès le départ et les projets sont faits par rapport à des situations bien connues et pour des localités bien connues. Avec la participation de tout le monde, les règles du jeu sont là : « on exécute et on rend compte à qui de droit, c’est-à-dire à nos partenaires à qui par le principe de la redevabilité, on a des comptes à rendre.
Nous sommes une structure constante, et nous serons aux côtés de nos populations jusqu’au bout. On ne peut pas faire autrement sinon, on n’a pas de raison d’exister. Parce que l’humanitaire est une promesse et chaque Etat digne de ce nom doit tenir ses engagements ».
Propos recueillis par
Boubacar Sankaré