L’interview vérité du président du collectif des centres de formation de type DUAL du Mali

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Rencontré dans son bureau de sa société « Ebénisterie Kalifa Traoré » à Ségou dont il est le directeur tout comme il est le fondateur du centre « Batoma Samaké de Ségou et celui dénommé le « Djenné » où il est originaire (nous y reviendrons prochainement), le président du Collectif des centres de formation de type DUAL, M. Kalifa Traoré détaille les problèmes aux quels ils sont confrontés, l’importance des formations de type DUAL au Mali, un véritable outil direct de lutte contre le chômage des jeunes tout comme un vrai espoir pour les retraités par anticipation. Mais il a insisté sur la fermeture très prochaine de centres et non les moindres, qui sont lourdement endettés si l’état ne fait rien. Lisez l’entretien de Bokari Dicko, envoyé spécial à Ségou.

« Endettés jusqu’au coup, des centres veulent mettre la clé sous le paillasson… », a déploré Kalifa Traoré.

Comment se présente de nos jours la situation des centres dont vous êtes le président du Collectif crée cette année d’une part et les formations de type DUAL dont le FAFPA finance, d’autre part ?

  1. Kalifa Traoré ; Les centres de formations au Mali sont de nos jours dans une situation difficile. En clair, cela fait deux, voir trois années que nous attendons nos arriérés qui demeurent impayés. Et s’il y a paiement, il se fait au compte goutte, c’est-à-dire par émiettement. Par exemple pour un montant de quarante millions de nos francs, il est payé par émiettement. Ce qui crée plus de problème pour nous que de solutions puisque nous avons d’énormes charges à honorer (salaires des professeurs, matériels pour les cours, impôts, taxes…).

Endettés, inquiets, des centres au rouge, veulent mettre la clé sous le paillasson…

C’est un constat général pour nous qui sommes inquiets. Et d’ailleurs, certains sont sur le point de fermer leurs centres par faute d’honorer leurs engagements puisque lourdement endettés. Moi comme beaucoup d’autres attendent des dizaines de millions du FAFPA pour pouvoir démarrer nos formations. Mieux, certains parmi nous, faisaient à crédit leurs formations depuis deux ans, voir trois années à leur propre charge. Aujourd’hui, nous sommes bloqués ne sachant pas où donner de la tête puisque le FAFPA même, d’après ce que nous avons compris et appris, est confronté à d’énormes problèmes financiers qui seraient dus à des retards de paiement de ce que l’état lui doit.

Menace sur la qualité des formations

La conséquence directe de notre situation fait qu’il ne peut y avoir de formation de type DUAL de qualité avec un constat amer de manque criard d’équipements, d’infrastructures, de professeurs que nous n’arrivons pas à payer convenablement puisque endetté au près de commerçants et autres. Aussi, sans tenir compte que le matériel est gâté pour la plupart dans nos centres et ne peuvent être renouvelé par faute de moyens financiers, sans compter que nous n’arrivons plus à honorer nos engagements pour payer les impôts et taxes. Pire, certains centres n’arrivent plus à garder leur administration tellement notre crise financière est aigue à cause d’arriérés impayés qui s’accumulent d’année en année. Nous sommes bloqués.

C’est ce qui explique la mise sur pied de votre Collectif ?

Défendre nos intérêts

  1. Kalifa Traoré : Bien sûr ! (ça se voit que vous êtes bien informé ! Rires). Effectivement, le premier mars dernier, les directeurs des centres de formation professionnelle de type DUAL à travers tout le Mali, s’étaient donnés rendez-vous ici à Ségou. L’objectif visé était de mettre en place une coordination nationale qui va désormais défendre nos intérêts. C’est une manière organisée pour trouver des solutions aux problèmes aux quels nous sommes confrontés car, sommes conscients de l’importance et surtout la place des formations DUAL dans la création d’emplois garantis dans notre pays.

Situation dégradante de nos centres

De nos jours, la situation des centres de formation professionnelle est dégradante et sommes conscients qu’elle soit rapidement redressée pour le bien de notre pays. C’est un souci majeur et notre préoccupation première. Nous savons qu’au FAFPA qui est notre interlocuteur et avec qui nous avons signé des conventions, la direction générale est consciente de la situation.

Paiement de nos arriérés

Avez-vu contacté le FAFPA pour vos doléances ?

  1. Kalifa Traoré : En tant que président du collectif, j’ai écris au FAFPA, au département dirigé à l’époque par Baby et même adressée une correspondance aux élus de la Nation qui nous ont écoutés. A l’époque, j’avoue que nous étions confus puisqu’il n y a pas eu de « feed back » pour nos courriers. Avec la nomination d’un nouveau ministre qui est membre du Conseil d’Administration du FAFPA, nous voulons que nos arriérés soient payés intégralement afin que la qualité des formations soit accentuée et que les cours reprennent convenablement. En tant que professionnels en la matière, nous croyons à la formation de type DUAL qui emploie au bas mot 90% de création d’emploi ; c’est-à-dire avec ces formations, l’apprenant ne peut pas chômer après la formation. Le principe est que nous recevons des apprenants qui nous ont été remis par des patrons, c’est-à-dire des directeurs de sociétés, des particuliers.

Les formations de type DUAL, une solution concrète à l’emploi jeune

En clair, avec la formation de type DUAL, l’emploi est garanti grâce à nos formations qualifiantes qualitatives. Le gouvernement gagnerait beaucoup en pérennisant ces formations de type DUAL, une solution concrète et directe à l’emploi des jeunes. C’est la raison pour la quelle, certains directeurs de société qui nous envoient ces apprenants y croient beaucoup à nos formations qui sont de qualité et qui garantissent au sortir, un emploi sûr, puisqu’ils embauchent directement.

Les formations de type DUAL, une grande opportunité

Vous savez, les formations de type DUAL demeurent une grande opportunité rarissime pour ces directeurs de sociétés qui bénéficient de notre existence et de notre expertise. Nous voudrons aussi le respect de la périodicité des formations  qui débutent de janvier et se terminent en juin afin de permettre aux apprenants d’aller aux villages pour les travaux champêtres en période d’hivernage.

Comment se déroule le partenariat avec le FAFPA ?

Difficile, mais il y a de l’espoir…

  1. Kalifa Traoré : Difficile mais il y a de l’espoir. C’est une convention qui nous lie au FAFPA. Mais il se trouve qu’elle est signée après les formations. Nous voulons que cela se fasse avant le démarrage des formations. Dans cette convention, 35% du montant est payé à la signature. Donc à l’avance avant le démarrage des formations. Nous voulons que le paiement soit fait à hauteur de 50% comme avance, 35% avant le dépôt du premier rapport et 25% à la fin de la formation. Cela va nous éviter des problèmes et la qualité des formations sera élevée et garantie. Nous voulons que le FAFPA trouve les moyens nécessaires pour que nous puissions démarrer les formations. Elle doit communiquer davantage avec nous et nous écouter, tenir compte de nos doléances et suggestions.

Nous ne savons plus où donner de la tête !!!

Mais, de nos jours, nous ne savons plus ce qu’il faut faire avec la façon dont nous sommes payés, c’est-à-dire au compte goutte. Il faut que le nouveau ministre  en synergie avec le FAFPA prennent rapidement notre dossier en compte. Nous déplorons le manque de supports pour les apprenants et pour les professeurs. Certains parmi nous prenaient en charge ces supports. De nos jours, cela n’est pas possible à cause du manque d’argent. En vérité, ces difficultés gênent la moralité des formations de type DUAL qui se trouve handicapée.

Avec Ben Kattra, il y a de l’espoir

Comment voyez-vous l’avenir avec le nouveau Ministre ?

  1. Kalifa Traoré : Nous sommes enchantés avec l’arrivée de M. Maouloud Ben Kattra au département de l’Emploi et de la Formation que nous connaissons bien et qui connais le secteur puisque siégeant au Conseil d’Administration du FAFPA jusqu’à sa nomination. Nous avons de l’espoir avec Ben Kattra. C’est pour cela que nous avons lancé un appel à tous nos adhérents pour l’aider puisque sachant qu’il pourra appuyer le FAFPA à sortir de cette situation d’arriérés impayés aux centres.

Le duo Ben Katra/Albachar pourra apporter un plus…

Nous osons espérer qu’en synergie avec le DG du FAFPA, le Ministre pourra mettre cette structure assez importante en matière de création d‘emploi, dans de bonnes conditions de bien jouer son rôle de création d’emplois. Vous savez, avec son brillant parcours  syndical que nous avons suivi avec beaucoup d’attention, le duo Ben Kattra/Albachar pourra apporter leur touche, donc un plus afin de relever le défi de création d‘emploi du Président de la république. En tout cas, avec la formation de type DUAL,  nous croyons à  un avenir meilleur pour nos apprenants et les permet de développer nos entreprises.

Nous croyons aux capacités du nouveau ministre

Vous voyez, aujourd’hui, je ne travaille plus mais donne des idées. En tout cas, nous croyons aux capacités de notre nouveau ministre à nous sortir de cette situation. Ensemble, nous obtiendrons de beaux résultats. C’est pour cela, nous croyons au département pour que nos arriérés soient payés, aussi nous aider à redresser le système de formation de type DUAL au Mali. Nous serons heureux de rencontrer le ministre pour lui exprimer tout ce que nous pensons de lui.

L’année scolaire sera-t-elle sauvée ?

Elle peut être sauvée si…

  1. Kalifa Traoré : Cela est possible si le FAFPA collabore efficacement car nous ne sommes pas des politiques. Mieux, trouver rapidement de l’argent pour payer nos arriérés, ce qui atténuera considérablement nos souffrances. C’est la raison pour laquelle nous avons crée le Collectif puisqu’arrivé à un moment, le dialogue était difficile avec le FAFPA qui était secoué par des problèmes internes (crise syndicale) et financiers importants (budget annuel payé au compte-goutte par le trésor selon nos informations) qui ont bloqué notre machine.

Avec le nouveau locataire, l’espoir renaît dans notre secteur

Mais après, récemment qu’ayant appris beaucoup de choses sur le FAFPA (des difficultés de boucler les budgets annuels adoptés par le Conseil d’Administration) et l’arrivée d’un fin connaisseur au département, l’espoir renait. A l’époque malgré nos correspondances adressées au FAFPA, les élus de la Nation nous ont répondu et même reçu dans l’hémicycle pour nous écouter. Le FAFPA est une direction que nous connaissons en tant que pionniers pour avoir participé à l’élaboration à la tarification et catégorisation. En un mot, certains d’entre nous, existons avant la création du FAFPA en 1997. L’année scolaire peut être sauvée si chacun y met du sien.

Mon expérience syndicale m’a permis d’éviter le sit-in

Un moment, le climat était très tendu avec la direction du FAFPA. Et vous projetiez même un Sit-in devant son siège si vos arriérés n’étaient pas payés. Que est-il passé?

Kalifa Traoré : Je l’ai arrêté grâce à mon expérience syndicale puisque ce sit-in était contreproductif pour nous promoteurs de centres. J’ai en réalité minimisé ce sit-in pour que mes camarades me comprennent afin que nous trouvions une solution honorable pour tous. Ils m’ont compris et ont sursois à cette idée de sit-in qui allait compliquer davantage notre situation. Aussi, mon expérience syndicale tout comme celle en matière de formation de type DUAL pour avoir été le premier à l’initier au Mali, m’ont permis de convaincre mes camarades. Je l’ai remercie pour cette marque de confiance et de considération.

Nous attendons que le FAFPA nous aide à nous libérer de nos dettes…

Avez-vous un appel à lancer ?

La formation professionnelle, un déclic de l’emploi jeune

Kalifa Traoré : J’insiste sur le fait que la formation professionnelle est un déclic de l’emploi jeune alphabétisé et non alphabétisés, retraités par anticipation, tous ceux qui ont perdu espoir d’avoir du travail, pourront trouver leur compte. Je souhaite que nos structures puissent être dotés d’outils financiers, des ressources humaines pour que nos formations puissent avoir des lendemains meilleurs. Chez nous, ce sont les actions concrètes qui comptent ; chez nous, l’accent est mis sur la qualité de l’enseignement et de la pratique qui est de 80% contre 20% de théorie. Je demande à tous les centres qui m’ont fait confiance, de garder leur sang froid, c’est-à-dire garder le cap afin que nous puissions avoir de l’espoir avec M. Maouloud Ben Kattra. Nous gardons l’espoir que nous avons des lendemains meilleurs qui arriveront. Et nous attendons enfin le FAFPA à nous aider pour nous libérer de nos dettes.

Propos recueillis par Bokari Dicko, envoyé spécial à Ségou

Bref aperçu sur Kalifa Traoré

Président de la coordination régionale des artisans de la région de Ségou, vice président de la fédération Nationale des artisans du Mali, président du Collectif des centres de formations de type DUAL du Mali, syndicaliste avéré, ébéniste de formation, ce qui lui a valu de se trouver au cœur des artisans, non moins directeur de la société « Ebénisterie Kalifa Traoré « EKF », directeur du centre de formation « le Djenné » qui grâce à la coopération danoise et au PACEPEP, des apprenants ont le choix entre des métiers, M. Kalifa Traoré, est un modèle en matière de formation de type DUAL, tout comme dans la création d’emploi, direct. De nos jours, il est devenu un vrai rassembleur, un fédérateur du milieu artisanal. Dans ce nouveau centre de formation qui porte le nom de sa ville natale « Djenné », des dizaines de femmes venues de tous les horizons, apprennent des métiers d’avenir, tout comme des jeunes et même des retraités. Au bas mot, c’est un centre qui peut former annuellement plus de deux cents personnes (200). C’est fort de son expérience et son savoir-faire en matière de formation que cet homme humble a été désigné le premier mars 2017, par ses camarades venus de tout le Mali, président du Collectif qu’il dirige calmement mais surement.

B.D

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