Le Blonba, c’est vraiment devenu l’un des grands pôles culturels d’Afrique. La preuve, les artistes de nationalités et spécialités différentes, habitués des plus grandes scènes du monde, viennent s’y produire. C’est le cas du très célèbre humoriste, Phil Darwin qui nous a accordé un entretien après son spectacle.
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rnBamako Hebdo : Qu’est ce que vous pouvez retenir de votre passage à Bamako ?
rnPhil Darwin : J’ai adoré. J’ai été très bien accueilli. Depuis l’aéroport, j’ai vu des balises lumineuses qui jalonnent le chemin. Je pensais que c’était pour moi, mais on m’a dit que c’est pour le cinquantenaire.
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rnCe n’est pas grave (rire). J’ai beaucoup apprécié l’accueil à Bamako. Je suis vraiment le bienvenu, je me sens presque Malien. Puisque maintenant je connais trois mots de bamanan, je vais alors demander la nationalité malienne.
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rnOn vient de voir votre spectacle, vous parlez d’immigration et d’intégration. Qu’est-ce qui vous a poussé à le faire ?
rn Je pense que quand on est sur une tribune comme ça, il faut faire passer des messages. Il ne faut pas simplement faire rire pour rire. Il faut essayer de faire bouger les choses.
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rnVotre jeu de scène est particulier. Peut-on dire que c’est africain ?
rn Je suis Africain avant tout. Moi, j’ai un parcours différent de celui de la plupart des comédiens de Jamel Comédie Club. Ils sont nés en France, ont grandi en France. Moi, c’est tout autre. Je suis né au Congo. Je suis arrivé en France à l’âge de 4 ans.
rn J’y suis resté quelques années avant de suivre mon père en Algérie. Ensuite, nous sommes répartis au Congo. Voilà, j’ai beaucoup bougé. C’est pourquoi, ce que j’exprime sur scène est un peu différent, peut être plus africain que ce que font d’autres, parce que ce n’est pas le même parcours.
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rnComment avez-vous trouvé le public de Blonba ?
rn Chaud, chaud et très chaud ! Dès le début, ça m’a beaucoup fait plaisir. C’est un public venu pour rigoler, pour me dire qu’il est là, qu’il est venu me voir. En voyant ce public rire à gorge déployée, ça fait vraiment plaisir quand on est sur scène.
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rnQuel jugement faites-vous des trois jeunes comédiens de Blonba ?
rn J’ai eu le même problème qu’eux au début. Mais ça doit se régler au sommet de l’Etat, au niveau du ministère de la Culture. Le ministère de la Culture doit ouvrir plus d’opportunités aux jeunes. Au Congo on a le même problème, car la culture, là-bas, c’est la musique, l’écriture. Ce n’est pas la comédie, parce qu’on n’a pas de référent, parce que moi je ne sais pas danser et chanter. Je fais de la comédie, mais je ne vais pas taire ce talent parce que la culture c’est la musique. C’est pourquoi, j’ai forcé les portes, j’ai forcé mon destin, j’y ai cru pour pouvoir être un comédien de référence. Voilà un peu, pour que les jeunes comédiens puissent dire voilà que Phil Darwin est devenu comédien, moi aussi je ne vais pas chanter, je vais devenir comédien. Il le faut partout. Pour que la culture soit riche, les jeunes que j’ai vus sont à encourager, à soutenir. Ils sont l’avenir et c’est un avenir sûr.
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rnEt la salle Blonba ?
rn Une très belle salle, parce qu’on a des clichés par rapport aux salles en Afrique. Quand on dit qu’on va jouer en Afrique, au Mali, on demande si tu vas jouer avec la bougie ? Blonba est un bel exemple d’investissement culturel en Afrique. Un exemple à soutenir parce qu’il est rare en Afrique d’avoir une salle comme telle.
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rnVous connaissez bien le Maghreb, on le voit à travers le spectacle ?
rn Oui j’ai eu la chance de beaucoup voyager, notamment d’être au Maghreb, parce que mon père était en poste là- bas. J’ai découvert le Maghreb et je n’ai jamais autant rigolé de ma vie. Ce que j’ai appris étant là-bas, j’ai simplement voulu le partager avec mon public, en me basant sur leur vie au quotidien, leurs coutumes, habitudes, façons de parler et de réagir.
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rnEst-ce que ce qui se passe dans ces pays est surprenant pour vous ?
rn Tôt au tard ça devait arriver. Il y a eu une étincelle qui a allumé le feu et c’est parti. On ne peut rien contre le peuple. On peut emprisonner une personne, deux ou 300 personnes, mais après on ne peut pas construire des prisons pour emprisonner 10 millions de Tunisiens ou 80 millions d’Egyptiens. Lorsque le peuple dit non, c’est non !
On peut dire alors jamais deux sans trois ?
rn Oui ! Je pense que ça va continuer. Ce sont des gens qui se regardent et ont presque la même mentalité. Les révolutions vont se poursuivre. La Tunisie et l’Egypte ont démontré que c’est le peuple qui est le plus fort et que si le peuple veut être libre, il peut obtenir sa liberté.
rnKassim TRAORE
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