L’honorable Assarid Ag Imbarcaouane à cœur ouvert : Il faut que la Suisse sache que nous sommes un Etat souverain

Depuis le 17 janvier 2012 le Mali est confronté à une série de crises de toutes sortes à savoir,  sécuritaire, économique, sociale, culturelle, religieuse et institutionnelle. La persistance de ces crises a abouti aux  regrettables événements du 22 mars2012 qui a leur tour ont occasionné la prise des trois importantes régions du nord par les groupes terroristes et les apatrides du MNLA, qui ont choisi la voie des armes pour une indépendance illusoire de l’AZAWAD.

De lourds soupçons pèsent sur la Suisse pour semble t-il avoir octroyé un financement aux indépendantistes du MNLA pour la rencontre de Ouagadougou. Nous avons rencontré l’honorable Assarid Ag Imbarcaouane député élu de Gao et 2ème vice président de l’Assemblée nationale du Mali. Le charismatique parlementaire, avec le franc parlé que tout le monde lui reconnaît, est l’un des rares députés à siéger de façon permanente à l’Assemblée nationale, ce qui lui a valu le respect, l’estimation et l’admiration de tous ses collègues.
Il n’est un secret pour personne  qu’il a toujours réagi énergiquement contre les velléités   indépendantistes des frères égarés du MNLA qui voulaient à tout prix le soutien du parlement européen pour la création de l’Azawad.
L’honorable a bien voulu nous accorder en exclusive une interview.
La Nouvelle Patrie : Bonjour Monsieur le président.
Assarid Ag Imbarcaouane : Bonjour !
Une folle rumeur circule dans les rues de Bamako, selon laquelle la Suisse est entrain de financer le MNLA?
C’est vrai la suisse finance le MNLA. C’est à travers la cellule de division sécurité humaine du programme de politique de paix en Afrique de l’Ouest de la Suisse au Mali dirigée par Carole Mottet que le MNLA a acquis d’importants financements pour ses activités. C’est la Suisse qui finance la rébellion au nord.
Avez-vous des preuves, honorable ?
Evidemment, tout récemment les indépendantistes ont organisé dans la capitale burkinabé une rencontre, et cette  rencontre a été possible grâce à un financement de la Suisse.
Allez-vous vous contentez seulement de dénoncer l’attitude de la Suisse ?  
Non, il faut que le gouvernement malien interpelle la diplomate suisse pour des explications. Nous sommes vraiment déçus de l’attitude de la Suisse. Ce qu’ils ont fait n’est pas du tout amical ; maintenant c’est au ministère des Affaires étrangères de montrer nos limites, soit on est coopérant soit on ne l’est pas. Vous savez la Suisse ne veut pas nous pardonner pour la mort de Berbera. Mais combien de nos parents sont morts dans cette histoire et Berbera ne valait pas mieux que ces gens ? Vraiment nous voulons que la Suisse harmonise sa position car la partition de notre territoire est non négociable.
Est-ce que vous soupçonnez le Burkina d’être mêlé à cette histoire ?
Pas du tout, au contraire le Burkina n’a rien à voir avec cette histoire.
Après avoir eu la certitude que la Suisse soutient la rébellion que comptez-vous faire maintenant ?
Comme je l’ai si bien dit, la balle est à présent dans le camp du gouvernement à travers le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale. Si elle est honnête elle doit s’expliquer parce que je suis sûr qu’elle est consciente qu’elle est entrain de semer le trouble dans notre pays depuis belle lurette. La Suisse ne nous donne pas  l’impression d’un modèle de coopération.
Si jamais les plus hautes autorités ne réagissent pas ?
Nous les députés allons réagir en interpellant la Suisse à travers la diplomate devant l’Assemblée, parce que nous sommes un Etat souverain, nous n’allons pas rester les bras croisés pendant que la Suisse reste une menace pour notre intégrité.
Honorable, quelle est votre point de vue sur l’instauration de la charia ?
On ne peut pas montrer les fondements de l’Islam à un pays dont 90% de la population est islamisé, nous sommes un pays laïc, donc personne ne viendra nous imposer quoi que soit.
Votre point de vue sur la négociation entre les plus hautes autorités et les Salafistes ?
Il faut qu’ils arrêtent avec les négociations en solo, toutes les négociations doivent obligatoirement passer par le gouvernement et le médiateur.
Un commentaire par rapport à la formation du gouvernement d’union nationale ?
Je ne suis ni content ni mécontent, je me réserve de tout commentaire avant de les voir à l’œuvre. Il faut qu’ils sachent que la priorité des priorités est la reconquête du nord.

Interview réalisée
Par Traoré Mah

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