Si la nomination du gouvernement marque une nouvelle étape dans le processus de transition au Mali, du côté de la CEDEAO, rien ne bouge. Les sanctions économiques pèsent toujours sur Bamako qui s’impatiente. La junte au pouvoir estime avoir rempli sa part du contrat, pourtant, l’embargo pourrait durer encore un peu.
Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS) : “C’est la conférence des chefs d’état qui a entériné les sanctions au Mali et pour lever ces sanctions, il faut un consensus des chefs d’Etat, à défaut d’avoir une conférence pour prendre la décision. Il s’agirait d’avoir des échanges bilatéraux, des allers-retours entre la Commission et les différents Etats et pour rappel, ce sont 15 pays qui forment aujourd’hui la CEDEAO, donc nous pouvons supposer que ce processus prend beaucoup plus de temps. Sinon, en dehors de ce processus de consultation, la Commission et les différents acteurs de la CEDEAO sont presque unanimes sur le fait que la publication de la Charte et surtout la réduction des prérogatives du vice-président qui ne pourra plus remplacer le président de transition, sont des avancées qui permettent aujourd’hui de lever les sanctions. Mais on peut se douter que les différents allers-retours, à défaut d’une conférence des Chefs d’Etat, prennent beaucoup plus de temps“.
La transition doit s’organiser sur 18 mois. Ne pas précipiter les choses doit être la garantie de ne pas répéter les mêmes erreurs que dans le passé.
Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS) : “Le Mali est aujourd’hui dans un contexte particulier. Le départ précipité du président Keïta est intervenu dans un contexte d’insécurité, de tensions sociales et politiques, il y a donc énormément de choses à faire. Il y a aussi la nécessité de tirer les leçons de 2012, où justement, on avait précipité la transition pour aller rapidement vers l’installation d’autorités légitimes et on a vu, huit ans plus tard, un coup d’état. Donc l’enjeu aujourd’hui au Mali est de faire en sorte que les élections soient les plus crédibles et les plus transparentes possibles, mais aussi que les réformes indispensables pour améliorer l’environnement politico-institutionnel du pays puissent être menées pendant cette période de transition. L’autre chose est qu’il y a aujourd’hui au Mali une société civile de plus en plus audible – vous avez vu le mouvement de contestation du M5-RFP – qui fait que je ne suis pas convaincue qu’actuellement, un acteur aussi puissant soit-il puisse faire ce qu’il veut dans le pays“.
Le colonel Assimi Goïta, vice-président de transition reste cependant aujourd’hui un acteur, si ce n’est puissant, au moins incontournable.
Baba Dakono, Secrétaire exécutif de l’Observatoire citoyen sur la gouvernance et la sécurité (OCGS) : “On voit depuis l’investiture du président et du vice-président que ce dernier est omniprésent et c’est ce qui peut-être inquiète un peu la CEDEAO, mais on ne peut pas dissiper ces inquiétudes. Les CNSP a joué un rôle important dans le départ du président et il va être difficile d’effacer tout de suite cet acteur là. Mais il est aussi dur pour ce groupe de militaires, avec à sa tête le colonel Goïta, de pouvoir jouer un rôle après les élections qui mettront un terme à cette transition“.
Source: https://fr.africanews.com/