Les verités de Moussa Alassane Diallo, president de l’Apbef : « Le développement économique durable et inclusif du Mali, se fera avec les PME ou ne se fera pas ».

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Moussa Alassane Diallo
Moussa Alassane Diallo

Le Pouce : Qu’est-ce qui sous tend le choix du thème de cette 5 ème  édition à savoir : « le financement des Moyennes et Petites Entreprise : Défis et Opportunités. »

Moussa Alassane Diallo : « Vous avez suivi avec nous les différentes éditions. En 2012, nous avons traité des dégâts causés aux banques, suite au coup d’Etat militaire du 22 mars 2012 et de l’occupation des tiers du territoire nationale.

En 2013, nous avons parlé de l’impact de la crise de 2012 sur l’économie. Et en 2014, nous avons parlé de la relance économique, « quels rôle et place des banques ? »

Dans le prolongement de ces différents thèmes, en 2015, nous avons retenu, « le financement des petites et moyennes entreprises : défis et opportunités ».

Le choix de ce thème est extrêmement important. Vous n’êtes pas sans savoir que l’économie malienne est essentiellement dominée par des PME, PMI et même des PMEA. Ce secteur est le cœur de l’économie du Mali. Paradoxalement, ce secteur est dominé à 80% par le secteur informel. La problématique aujourd’hui, du financement du secteur des petites et moyennes entreprises est posée depuis des longues dates. Il faut dire avec franchise et honnêteté que le modèle économique mis en place par le système bancaire à savoir : l’analyse du risque bancaire sur la base des états financiers, le bilan, le compte d’exploitation, le plan de trésorerie, les prévisions de trésorerie, n’est pas adapté aux risques liés au financement des PME, PMI et PMEA. Nous avons dit qu’il faut que le système bancaire malien, sorte de ce modèle économique, réfléchisse, conçoive de nouveaux modèles économiques compatibles avec la réalité des PME au Mali ».

Le Pouce : Quelle est cette réalité monsieur le président ?

Moussa Alassane Diallo : « Ces petites et moyennes entreprises n’ont pas de comptabilité. Si elles n’ont pas de comptabilité, elles n’ont pas de bilan et d’états financiers. Il faut que nous sortions de notre modèle économique, conçut que nous avons appris dans les écoles de formations en gestion, comptabilité et finance, pour voir avec quel modèle économique bâti par nous mêmes, nous pouvons accompagner et financer le secteur des PMI. C’est pourquoi, nous avons voulu réfléchir sur trois aspects. Pour le premier aspect, il faut que le banquier change de mode de comportement ; sortir du bureau pour aller trouver les promoteurs de ces PME, dans les domaines du commerce, de l’artisanat, du tourisme, des services de l’agriculture, de l’industrie. Il faut quitter les bureaux et aller voir les promoteurs dans leurs exploitations qui sont leur lieu de travail. Cette démarche est de nature à mieux connaitre les clients, à mieux les apprécier, à mieux apprécier leurs outils de travail, leur personnel et la qualité de leur production.

Le deuxième aspect porte sur la non tenue de la comptabilité et le manque d’états financiers. Nous disons, qu’il faut que nous puissions amener ces promoteurs à ouvrir un compte et à domicilier les recettes. Cette domiciliation des recettes constituent l’ouverture du compte qui est la carte d’identité pour le promoteur de la PME. La domiciliation des recettes est un instrument de fidélisation et de relation durables entre la banque et le client. Cela veut dire que toutes les ventes de l’artisan, du commerçant, de l’industriel, de l’agriculteur soient versées au jour le jour, par semaine, par mois au niveau de la banque. Cette domiciliation des recettes nous permet d’apprécier annuellement quel est le chiffre d’affaires approximatif qu’il réalise. Sur la base de ce chiffre d’affaire prévisionnel, on peut faire des calculs pour évaluer à la fois l’autoconsommation, la capacité d’endettement et la capacité de remboursement. La maitrise des recettes est un instrument de base à l’appréciation du risque des petites et moyennes entreprises.

J’ai conclu en disant deux vent économique durable et inclusif du Mali, se fera avec les PME ou ne se fera pas. Je suis formel sur cette question. Deuxièmement, apporter une réponse à la problématique du financement des PME, PMI, PMEA dans les domaines du commerce, de l’artisanat, de l’industrie, du tourisme, des services, de l’agriculture n’est pas une urgence mais une exigence. Il Faut que les banques trouvent les moyens d’assurer le financement cohérant et durable de ce secteur, si on veut soutenir l’économie malienne dans sa croissance et son développement ».

Le Pouce : Après cinq journées, pouvons-nous savoir si vos attentes ont été comblées du côté des participants ?

Moussa Alassane Diallo : « Mes attentes sont très comblées. En instituant ces journées de concertations entre les banques et la presse, on avait un certain nombre d’objectifs que je peux dire aujourd’hui, sont totalement atteints. Le premier objectif, c’était qu’à partir des critiques que nous avons faites sur l’exercice de notre  profession, le système bancaire était très fermé aux populations du Mali et des autres catégories socioprofessionnelles. Or la banque est une affaire du public, du client. L’ouverture des banques aux autres catégories socioprofessionnelles, était l’une des missions que nous nous sommes assignées au sein du bureau de l’APBEF. Pour assurer cette ouverture des banques aux populations et autres catégories socioprofessionnelle, nous avons estimé que la collaboration avec la presse, pouvait être un canal porteur pour diffuser, vulgariser les messages que nous pouvons être amené à prendre. Nous avons donc institué ces journées de concertations pour partager avec la presse, nos préoccupations et nos attentes. Sur ce point, le résultat est très bon.

Deuxièmement, sachez que nous sommes des commerçants. La différence avec les autres commerçants, c’est que notre marchandise à vendre s’appelle, argent. Nous avons besoin d’assurer la vulgarisation, la diffusion des produits et des services bancaires au grand public. A ce niveau, nous avons  dit, que la presse peut être un instrument à la portée des banques pour assurer la diffusion et la vulgarisation de ces produits financiers et bancaires. Le dernier objectif qu’on s’était assigné , c’est que la presse pouvait jouer un rôle d’information, de sensibilisation et d’éducation financière des clients des banques. De gros efforts ont été faits et nous en sommes largement satisfaits ».

Le Pouce : Avez-vous un message particulier à l’endroit de la clientèle, de la presse, de vos collègues et des autorités ?

Moussa Alassane Diallo : « A l’endroit des acteurs cités, j’ai un message de cohésion, d’entente. Aujourd’hui, le Mali est à un tournant dans son développement économique et social. Le Mali a besoin d’assurer une cohésion d’ensemble, d’harmonie autour d’un certain nombre d’objectifs économiques que le pays peut être amené à réaliser dans la concorde et la cordialité. Les banques ont une partition à jouer quoi qu’il arrive et quel que soit le prix à payer, au sein de l’APBEF, au service du financement de l’économie du Mali, au service de la relance économique, et du développement économique durable de notre Mali.

Nous avons cette responsabilité historique, de part les missions à nous confiées que d’apporter des réponses financières à l’ensemble des préoccupations qui se posent à notre pays. C’est un devoir. Et ce devoir nous allons l’assumer. C’est aussi une responsabilité que nous assumerons. J’engage l’ensemble des banques et des établissements financiers du Mali à se mobiliser pour soutenir l’ensemble des réformes à la fois économique et financière mais aussi, les actions de financement de l’Etat, des projets structurants que l’Etat peut être amené à initier.  Nous sommes décidés à soutenir ces projets pour assurer la croissance économique durable du Mali pour la lutte contre la pauvreté et pour la création d’emplois pour notre jeunesse une préoccupation majeure à laquelle, nous sommes appelés à apporter une réponse ».

 

Entretien réalisé à Ségou par Tiémoko Traoré

 

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1 commentaire

  1. Que ns vaut cette campagne outranciere de la part des institutions financieres ? la reponse est que le monde des affaires est desabusés et ne comprenne pas que d’un parteneriat gagnant-gagnant les Bqs affichent un benefice a 10 chiffres malgré leurs lourdes charges alors que les commercants tirent le díable par la queue a defaut d’etre au contentieux . Mr les banquiers ns aimerons connaitre le nbr de commercants et d’entrepreneurs qui st au vert apres 10 ans de collaboration avec vs ?

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