Les pourparlers d’Alger, la crise du nord, le meeting du samedi au stade omnisports Modibo Kéïta

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Ahmed Mohamed Ag Hamani
Ahmed Mohamed Ag Hamani

« Tous unis pour sauver le Mali d’un naufrage» dixit Ahmed Mohamed Ag Hamani
Dans une interview accordée à Mali-Demain, Ahmed Mohamed Ag Hamani, non moins ancien Premier Ministre du Mali, fait une analyse très critique de la situation politico-socio-sécuritaire du Mali, en balayant de passage les négociations d’Alger .Lisez plutôt.

MaliDemain : Quelle lecture faites-vous de la situation socio-sécuritaire du Mali et des pourparlers d’Alger en cours? 
Ahmed Mohamed Ag Hamani
: Devant les dérapages que nous avons senti, la mauvaise lecture des réalités de cette insécurité complexe, et parce qu’il y’a pas que la rébellion ; il y’a aussi les tentatives de récupération du territoire malien par les intégristes, et les narcotrafiquants, aujourd’hui le nord est le terrain favorable pour tous les mouvements, qui souvent, s’épaulent, se concertent, pour aboutir à leurs desseins. Et en réalité, malgré les tentatives de les booster, ces groupes restent toujours éparpillés sur le territoire ; et jusqu’à présent, la situation n’est pas sous contrôle.

Amon avis, le gouvernement aura beaucoup de difficultés

Ceci étant, nous sommes en négociation avec le MNLA, et certains autres groupes rebelles ; et c’est un des véritables problèmes pour les négociations à Alger. La prolifération de ces mouvements armés, fait que nous, nous trouvions en face de plusieurs interoculaires, et chacun a son agenda, et essaye de tirer le maximum de ces pourparlers. A mon avis, primo le gouvernement aura beaucoup de difficultés ; secundo, l’Administration n’est pas présente dans toutes les régions du nord, donc les populations, ne se sentent pas suffisamment encadrée, et la sécurité non plus, n’est pas assurée dans ces zones, et cela peut s’avérer très dangereux, comme nous le constatons.
Reconstituer vite l’Etat
Alors, il faudrait aller vite, pour reconstituer l’Etat dans toutes ses différentes composantes : sécuritaire, administrative, judiciaire; c’est après seulement qu’on peut embrasser le développement qui constitue la pièce maitresse de tout cela. Pour ce faire, il faut que l’on aboutisse à une paix durable, qui passera nécessairement par le désarmement de toutes les milices indifférentes et ensuite, que l’on passe aux actions de réconciliation, de consolidation de la paix. A ce niveau, je crois que la décentralisation est la voie que nous considérons la plus utile, la plus appropriée, pour toucher et encadrer la population .Donc il est urgent que l’on aboutisse à des accords.
Mali-Demain : Que pensez-vous de l’application de la résolution 2100 ?
Ahmed Mohamed Ag Hamani :
Ce n’est pas l’application de la résolution 2100 qui est à déplorer, mais son contenu. Cette résolution qui dit dès son  départ que : « les narcotrafiquants, les djihadistes, les islamistes, sont des terroristes, mais que le MNLA, qui a tord ou a raison, est considéré comme un mouvement interne malien , chose qui n’est pas exacte ; il devrait obligatoirement négocier avec le gouvernement  pour aboutir à une résolution , or en réalité, le MNLA, a été le premier à provoquer la guerre, a agressé, a déclaré son gouvernement, a divisé. Est  ce qu’il existe quelque chose de plus terrible que cela ? Il est vrai, que les islamistes voulaient transformer le Mal en un Emirat islamiste intégriste, mais ils n’y ont pas réussi, mais je crains, qu’avec le MNLA de cette manière, que nous n’aboutissions pas aussi, à une autre forme de colonisation, ou de scission du Mali ; fort heureusement, j’ai espoir qu’avec la bénédiction de Dieu, et l’appui de nos partenaires, que cela n’arrivera jamais.
Mali-Demain : Quel est l’appel que vous avez a lancer, et la solution que vous préconisez ?
Il faut éviter l’amalgame
Ahmed Mohamed Ag Hamani
: La parole et le dernier  mot reviennent au peuple malien. Je lance un appel à la sérénité face à toute situation, car si le peuple n’est pas serein, il n’arrivera pas à prendre les voies les plus appropriées pour la résolution de la crise. Il vaut également éviter l’amalgame, éviter la stigmatisation d’une ethnie par rapport à une autre, éviter de singulariser le nord par rapport au sud, éviter de créer des problèmes là où il n  y en a pas. Vigilance, parce que les ennemis sont tapis partout, et ils cherchent à exercer la méthode du « diviser pour mieux régner ».
Mali-Demain : Un dernier Mot ?
L’implication du peuple

Ahmed Mohamed Ag Hamani : C’est tout cela que nous vivons à différents niveau ; on le vit au niveau du Mali, mais aussi au niveau de chacune de nos localités, où le risque de dérapage est énorme. Il faut aussi que le peuple s’implique dans la solution au problème, en indiquant au gouvernement ses ambitions.
Propos recueillis par  Boubacar HAIDARA.

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4 COMMENTAIRES

  1. Merci de cette digne et opulente intervention. Il n'y a pas de problème sans solution et la solution du problème du nord ne s'offre pas dans un plateau d'argent. Toutes les pistes sont aujourd'hui brouillées par ceux-là même qui sont à la table de négociation ce qui ne rend pas facile la recherche de solution idoine et durable. Certes il ne faut pas stigmatiser ou créer un amalgame car tous les touaregs ne sont pas des séparatistes, ni des djihadistes ou des rebelles. Mais l'histoire a démontré que la singularisation du nord a été de longue date cultivée et entretenue par les pouvoirs successifs à l’occurrence ceux de la démocratie.A la recherche de l'électorat certains ont commis des bévues irréparables. Il s'agit surtout de ces chefs d'état qui ont dégarni les frontières de toutes forces de sécurité et qui a couvé de l'insécurité récurrente et de l'instabilité politique. Le populations touarègues et arabes sont d'une grande diversité culturelle comme celles du sud du Mali.
    Par ailleurs d'autres conflits continuent à fleurir au nord, il s'agit des rapports entre l'autorité de l'état et le pouvoir traditionnel et entre ce dernier et les administrés qui sont les plus démunis et qui de plus en plus sont instruits (ex: seuls les enfants de l'Amenoka sont députés, maires et chefs de fractions à Kidal, Menaka et certainement dans le milieu arabe…) Cet état de fait est différent dans la région de Tombouctou ouest où il y a une alternance même si morne. D'autres types de frustration plus graves existent sur le littoral du fleuve Niger (ex: gestion des terres, éligibilité au postes électorales, esprit de supériorité etc). Dans le Séno et le Macina c'est aussi exaltant.
    Par ailleurs il est vrai que la haine ethnique n'est pas accentuée au Mali comme dans les autres pays de la sous région mais sachons qu'il est entretenue par endroit par certains groupes ethniques.
    Les populations qui composent notre pays ne se connaissent pas culturellement ce qui par conséquent crée la distance entre les peuples malgré le niveau progressif du brassage .M. Ahmed excusez moi de vous citer comme un exemple d'homme politique, homme de culture tissé d'une trame intellectuelle mais je vous informe qu'au sud aussi le tissu social est brisé qui se traduit par le manque de civisme, l'irresponsabilité, le manque de solidarité, j'en passe.., . Plus de noble, plus d'honnête gens il n'y a que le son de l'argent mal acquit qui retentit. Dans l'armée il n'y a que le père et le fils, pareil dans les services de l'état. L'intervention de la France ou des partenaires n'est pas une panacée qui ne visent que leur intérêt.
    Les djihadistes prônent la sharia dans les régions du nord ce qui sous entendant qu'ils renient la constitution or il saurait y avoir une loi pour partie du peuple et une autre pour l'autre. Quant au MNLA je n'en dirais pas mieux c'est simplement une hostilité au pouvoir de Bamako qu'il estime être un pouvoir "de noir". Sans compter que la population a été habitué à la facilité (distribution de sous de l'état, donation gratuite de vivre, rançon pour les otages, l'argent du trafic illicite, encouragement de feu Khadafi etc). Cet espace est devenu une terre promise pour les narcos trafiquants de la drogue qui disposent de tous les moyens matériels et financiers pour s'implanter davantage et y resteront au prix de leur sang.
    M. Ahmed Ag Hamani merci d'avoir livrer des idées critiques pour l'information du peuple. La guerre ouverte que le peuple vit a un coût, a un prix fort du sacrifice. Notre pays ne peut pas aller en guerre car il n'y a aucune ressources humaines, matérielles et financières sans compter le manque de stratégie et plan de guerre. Nampala en est un bon exemple.
    "En m'adressant aux dirigeants maliens qu'ils soient peulhs, bambaras, sénoufos ou sonrhaï sachez que les populations des régions de Sikasso, Ségou ou Kayes sont certainement plus misérables et mal nourris que son confrère de Gao, Tombouctou et Kidal" . C'est aussi là une autre forme de singularisation positive des populations du nord..
    Je pleure ces milliers d'innocents qui croupissent dans les camps de pénitence que de réfugiés. Je pleure ces frères et sœurs qui vivent perpétuellement vivent sous la panique des djihadistes, de l'armée, des groupes rebelles, des bandits armés. Je pleure ceux qui ont tout perdu dans l'instabilité du pays et qui meurent de faim et soif. Dieu je vous implore et votre réponse ne doit plus durée je le souhaite.
    Je plains ces imams, ces marabouts qui chantent auprès des pétrodollars comme quoi les maliens sont des mécréants qu'il faille les islamiser. Ce sont ces sous qui font pousser des mosquées et des madersas. Et ce sont ses gens du golf arabiques qui soutiennent ces islamistes pour verser le "SANG MALIEN" .Que dites vous du pèlerinage de Kankou Moussa
    Que Dieu sauve notre pays. Que la paix revienne dans le cœur des maliens (noirs ou blancs, présumé nordistes ou sudistes, riches et pauvres). Cultivons l'amour, le pardon ce n'est qu'en ce moment que Dieu souverain nous aidera. Le Mali ne sera que ce que nous voudrons qu'il soit

  2. Il va sans dire que le PM Mohamed Ahmed Ag Amani connait bien la situation mais c’est bien la solution que lui et l’equipe IBK proposent, qui sont toujours loin de celles preconise’es par certains grands decideurs! Ce n’est pas une question du MNLA car ce mouvement ne represente rien au nord! Nous avons vu comment il a ete’ balaye’ pendant les 9 mois d’occupation du nord par les djihadistes! IL S’AGIT PLUTOT D’ACCOMPAGNER LA COMMUNAUTE’ INTERNATIONALE DANS SA STRATEGIE DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME INTERNATIONAL. Si nous jouons correctement les cartes que nous avons, la communaute’ internationale fera confiance au Mali et lui redonnera le role qu’elle confie au MNLA en ce moment!
    C’EST UNE QUESTION DE STRATEGIE!!!!
    LES MARCHES COMME CELLE DE DEMAIN NE SERVENT A’ RIEN A’ PART JOUER SUR LES SENTIMENTS DE NOTRE PEUPLE DE MANIERE NEGATIVE!!!
    EXPLIQUONS PLUTOT POURQUOI NOTRE FASO DOIT OPTER POUR L’AUTONOMIE DE GESTION POUR CHACUNE DES 3 REGIONS DU NORD ET/OU POUR CHAQUE REGION MALIENNE!

  3. bjr. La situation du Nord demande l’effort et l’engagement de tout le peuple sinon IBK et son équipe n’ont pas la même vision du problème et pour certain c’est l’ultime occasion à ne pas rater pour s’enrichir et sont très nombreux à y penser ainsi plus des 2/3.
    IBK ne peut pas résoudre cette Crise du Nord car il ne joue pas Franc jeu. j’ai voté 100/100 RPM mais hélas, je sens l’odeur de la trahison du côté RPM.
    ” Seul le peuple est SOUVERAIN” à la prise de la Bastille ce slogan fut lancée pour la 1 ère fois au peuple opprimé.

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