Monsieur Diarra, on dit souvent que les Maliens ne lisent pas assez, selon vous, ce phénomène est dû à quoi ?
O.D : Il faudrait peut-être relativiser. Est-ce qu’on leur pousse vers la lecture ? Parce que la lecture, comme je l’ai dit tout à l’heure, (faites la comparaison entre l’image et l’écriture qu’on déchiffre, qu’on décode). Ça demande un effort. Une fois que tu dépasses cet effort, tu trouves ton plaisir dans la lecture. Est-ce qu’on a fait cet effort envers les jeunes ? Il faut que papa et maman les y encourage, le maître les y poussent et que les bibliothèques les accueillent !
Si chacun disait à son enfant, à de temps en temps : « Vas prendre un livre ! » Tous les enfants du Mali finiront par prendre goût à la lecture, cette voix de la liberté par excellence.
A l’école aussi, il faut qu’on stimule le goût de la lecture chez les enfants. Nous, nous avons eu ce goût de la lecture à l’école et l’avons cultivé à la maison. Est-ce que les enseignants d’aujourd’hui le font, donnent les cours comme autrefois ? En aimant eux-mêmes, se délectant devant leurs élèves des textes qu’ils aiment ? Ca aussi, ça pousse les enfants à aller vers la lecture.
Certains parleront de l’impact « négatif » de l’oralité. Pourquoi les grands comme Amadou Hampâté Ba, ils étaient aussi bien versés dans les traditions orales que dans les traditions écrites. Pourquoi, ils ont tenu tête à des occidentaux ? Ce n’est pas seulement avec l’oralité mais ils ont beaucoup lu et ces lectures leur ont permis de confronter, de comparer, de discuter et de gagner.
Existe-t-il un Club des écrivains au Mali ?
O.D : Non, à ma connaissance, il n’en existe pas. Il y a l’Union des écrivains du Mali depuis que j’étais à l’Ecole Normale Supérieure. J’ai également entendu parler de l’Union des Jeunes Ecrivains mais à ma connaissance, ils font peu d’activités. Mon souhait serait que les auteurs dépassent les petites dissensions. Vraiment, qu’ils essayent de créer un cercle de rencontre. C’est comme ça qu’ils vont attirer les gens. Cela participe du développement. Ce serait la quote-part, leur participation au développement de notre pays.
Quel appel avez-vous à lancer ?
O.D : L’appel que je lance, c’est d’inviter les Maliens, surtout les jeunes à la lecture, à la recherche. Plus les gens se cultiveront dans ce pays, moins nous aurons de problèmes. La lecture est très importante dans le développement de la personnalité. Si les Maliens parviennent à comprendre cela, ils auront marqué un grand pas vers un avenir radieux. Merci.
Entretien réalisé par Mamadou Macalou