Léon Niangaly, auteur d «irréductibles compagnons » : “Dans la vie, il faut faire des compromis”

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Avocat général près la Cour suprême du Mali à la retraite, Léon Niangaly est un écrivain qui compte plusieurs ouvrages à son actif dont “Chant pour chant”, “Les Divinations du renard”, “Les Chroniques des années blanches” ou encore “Les Contes du Toguna”, livre qui a été validé en 2017 par l’Etat comme document pédagogique. Son dernier ouvrage intitulé “Irréductibles compagnons” vient de paraitre chez Prostyle Editions. Cet ouvrage est un conte pour enfants et même pour les personnes âgées qui, à travers ses personnages irréductibles, nous livre beaucoup de leçons de morale. Nous avons échangé avec l’auteur. Il nous parle aussi de ses projets d’écriture.

Aujourd’hui-Mali : Pouvez-vous nous présenter votre ouvrage “Irréductibles compagnons” ?

Léon Niangaly : L’ouvrage “Irréductibles compagnons” est un conte pour enfants tiré du patrimoine culturel notamment de la littérature orale du milieu dogon. Il fait partie du répertoire des contes et légendes du terroir de cette communauté. Comme presque dans chaque communauté, nous avions des contes célèbres du terroir racontés par des conteurs professionnels pendant la nuit autour du feu. “Irréductibles compagnons” fait partie de ceux-ci.

Il raconte l’histoire de deux hommes dont la renommée avait franchi les frontières de leur terroir. L’un, appelé Otelpin, qui signifie dans la langue du pays dogon celui qui n’a jamais donné. Depuis sa naissance, Otelpin n’avait pu faire du bien à personne. Jamais, il n’avait fait le moindre cadeau à quelqu’un d’autre. Il ne donnait ni à boire, ni à manger aux étrangers. Jamais il n’avait donné quoi que ce soit à qui que ce soit.

L’autre, Dagatelpin, qui veut dire d’après la langue du terroir, celui qui n’a jamais cédé. Lui, il profitait toujours des autres quoi qu’ils fassent. Il vivait aux crochets des autres. Il n’était pas prêt à laisser une quelconque faveur à qui que ce soit. Ce conte raconte la rencontre de ces deux hommes, il est plein de leçons. J’ai jugé nécessaire d’en faire un ouvrage.

 Pourquoi le choix de ce titre ?

J’ai effectivement eu quelques difficultés à choisir un titre pour ce livre. Le conte original, c’est-à-dire la version dogon était déjà titrée par les deux principaux personnages ; à savoir : Otelpin et Dagatelpin. Mais j’ai décidé de changer le titre parce que celui-ci avait une résonnance dogon. Pour le choix de ce titre, je me suis référé sur les caractéristiques des deux personnages qui composent l’intrigue du conte.  Ce qui m’a amené à ce titre.

Ce conte s’inspire-t-il d’une histoire réelle ?

Je ne saurais le dire, mais le conte est extrait des contes et légendes du terroir dogon. Cependant, il faut préciser qu’il y a une version bamanankan de ce conte. Or celui que j’ai transcrit est en langue dogon. Donc il sera difficile de dire si ce conte s’inspire d’une histoire réelle. Cependant, ce qui est réel, c’est son caractère didactique, car plein de leçons de morale.

Quel est le message que vous voulez faire passer par cet ouvrage ?

Dans tout conte du terroir, il y a un message, des leçons de morale qui nous amènent à bien nous comporter  dans la vie. Ce conte nous enseigne qu’il ne faut jamais être extrémiste dans ce qu’on fait car, dit-on, l’excès de toute chose est nuisible. Il faut savoir composer avec les gens, il faut savoir faire des compromis même quand c’est difficile.

Dans ce conte, Otelpin, qui reçoit son hôte Dagatelpin, refuse de lui donner à boire et à manger, car il n’a jamais donné quoi que ce que ce soit à qui que ce soit. Il refuse même d’abriter son hôte. La tradition voudrait qu’on accorde le minimum de considération à un étranger qui vient chez nous. En voulant tout faire pour que son hôte ne mange pas sa nourriture, il va jusqu’à simuler sa mort. Ce qui a failli virer au drame.

Le message de ce conte c’est qu’on doit savoir faire des compromis dans la vie. Il faut faire des concessions, il faudrait qu’on puisse dire qu’on a au moins été utile, ne serait-ce qu’une fois dans la vie. Le conte nous enseigne aussi l’humilité.

La plupart de vos œuvres sont des contes. Pourquoi ce penchant pour ce genre ?

Je crois que mon penchant pour les contes prend racine dans mon enfance. Dans mon jeune âge au pays Dogon où j’ai grandi, j’aimais beaucoup les contes et j’ai évolué avec cet amour. Aussi, j’aimais beaucoup des auteurs qui s’intéressent au conte du terroir comme Birago Diop et Mamby Sidibé. Fort de tout cela, je me suis dit pourquoi je ne peux pas faire comme eux en publiant moi aussi des ouvrages de contes qui seront instructifs dans notre société.

 Avez-vous d’autres projets d’écriture ?

Oui ! J’ai même déjà un recueil de poèmes en phase d’édition avec la même maison d’édition. Je suis également sur une grande enquête sur les coutumes et traditions au pays Dogon que j’espère pouvoir publier bientôt. Si Dieu me prête longue vie, je compte m’essayer aussi au roman.

         Réalisée par Youssouf Koné

 

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